Finances publiques : la dette a de nouveau un coût et le réveil va être brutal

Anesthésiés depuis des années par des taux d’intérêt négatifs, nous allons redécouvrir que la dette a un coût et des limites. Et que l’argent ne tombe pas du ciel.

Depuis deux ans, c’est la question à laquelle aucun responsable politique n’accepte réellement de répondre, mais qui les taraude tous, au fond : après les plans d’urgence, après les centaines de milliards d’euros déversés pour amortir les chocs de la pandémie hier, de la guerre en Ukraine aujourd’hui, que se passera-t-il lorsque l’argent cessera de tomber du ciel ? Lorsque, dans nos pays occidentaux trop longtemps anesthésiés par des taux d’intérêt négatifs, nous finirons par redécouvrir que la dette a un coût et des limites ?

Dans le cas français, l’interrogation est tout sauf rhétorique : voilà quarante ans, ou presque, que nous sommes dans l’illusion de l’argent magique, en vivant au-dessus de nos moyens et en creusant consciencieusement nos déficits. Et puisque les montants en jeu, stratosphériques, empêchent souvent de se représenter la menace qui se profile, en voici une traduction concrète : en dépit des discours récurrents sur la nécessité de diminuer le train de vie de l’Etat, de renouer avec une trajectoire financière “durable”, notre dette publique s’est alourdie de 1660 milliards d’euros au cours des trois derniers quinquennats, soit près de 100 000 euros par travailleur actif…

On peut, comme Jean-Luc Mélenchon et son orchestre, continuer à jouer sur le pont du Titanic. On peut aussi se dire, en voyant les taux d’intérêt européens repartir à la hausse, que la fête est bien finie et que nous n’avons plus beaucoup de temps pour éviter la catastrophe.

Voilà un peu plus d’un an, dans les colonnes de L’Express, l’ancien président de la Banque centrale suisse, Philipp Hildebrand, avait prédit l’inévitable retour à une politique monétaire plus orthodoxe. “Ce sera un rendez-vous historique, essentiel, qui nécessitera un vrai courage politique”, prévenait-il, en formulant cette mise en garde : les Etats qui auront utilisé les monceaux d’argent injectés à mauvais escient et n’auront pas profité de cette parenthèse inédite pour engager les transformations structurelles qui s’imposent “vont au-devant de grosses difficultés et seront inévitablement rattrapés par la soutenabilité de leur dette”. Ce moment crucial, presque existentiel pour notre pays, c’est maintenant.

Lire l’article sur le site de L’Express

https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/finances-publiques-la-dette-a-de-nouveau-un-cout-et-le-reveil-va-etre-brutal_2175187.html

100 Killed in Tribal Clashes in Sudan’s Darfur in Past Week

Darfur has been witnessing a civil war since 2003 during the rule of former President Omar al-Bashir, who was ousted from power in April 2019.

On Monday, the United Nations announced that about 100 people were killed in tribal clashes over the past week in Sudan’s West Darfur Province.

The fighting grew out of a land dispute between Arab and African tribes in the town of Kulbus in West Darfur, the UN Refugee Agency said, adding that local Arab militias attacked multiple villages in the area, forcing thousands to flee.

“I’m appalled, again, by the violence in Kulbus, West Darfur, with so many deaths,” tweeted Volker Perthes, head of the United Nations Integrated Transitional Assistance Mission in Sudan (UNITAMS).

“The cycle of violence in Darfur is unacceptable and highlights root causes that must be addressed,” he added and called on community leaders, authorities, and armed groups to de-escalate and ensure the protection of civilians.

Sudan’s Darfur region has been witnessing a civil war since 2003 during the rule of former President Omar al-Bashir, who was ousted from power in April 2019.

The previous transitional government in Sudan sought to end the armed conflict in the Darfur region through an agreement reached on Oct. 3, 2020, but some armed groups have not yet signed it.

For years, efforts failed to end the tribal conflicts, which have become a nagging concern for the local population and the authorities of the troubled region. Many factors, including disturbances, tribes’ access to weapons, and lack of effective governance in many parts of the Darfur region, have contributed to the growing violence in the region.

Read the article on the website TeleSUR

https://www.telesurenglish.net/news/100-Killed-in-Tribal-Clashes-in-Sudans-Darfur-in-Past-Week-20220613-0015.html

Raising capital in a tough global environment

The global financial system finds itself in a very different situation from a few years ago when interest rates were at multi-year lows and stock prices were at all-time high highs, said Bertrand Badré, CEO of BlueOrange Capital.

Speaking at the Ministerial high-level policy dialogue at the ECA’s Conference of African Ministers of Finance, Planning & Economic Development in Dakar, he said, “In 2015 we all believed that financing the SDGs would be relatively straightforward in the era of multilateralism and globalisation, but things have not happened like we thought they would happen.”

In the context of Covid-19, Russia’s war on Ukraine and creeping isolationist policies across the world, investors are looking at “nearshoring” – investing closer to home rather than looking at risker regions like Africa.

This could have profound impacts on Africa, a continent that requires billions of dollars each year to finance its development objectives.

To counter negative market conditions, Africa must “step up and participate” aggressively in the global financial system to attract finance.

One way to do this, Badré said, is for Africa to position itself as a key destination for environment, social and governance (ESG) funds.

Investors are still keen to finance the space, allocating significant portions of their portfolios to development-led investments.

Mohamed Maait, Egypt’s Minister of Finance, said that he would not go to the international markets in the current environment, fearing that any issues will most likely be undersubscribed.

This is in stark contrast to 2020 when Maait went to the market to raise $3bn but returned with $5bn due to high levels of investor interest.

“At the time, I was even being offered as much as $24bn at a very reasonable cost so I decided to increase our demands,” he said.

Maait says that African countries “must diversify” capital-raising strategies if they want to invest in critical sectors, pay off steadily ballooning debt and deal with rising commodity prices.

The minister suggested green bonds and loans from commercial banks as ways to do this.

Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, Madagascar’s finance minister, echoed the Egyptian minister’s sentiments, saying that “alternative and innovative sources of funding must be found”.

One key area is to encourage the diaspora to send funds back to Madagascar, she said.

The country will also look at increasing the tax base and raising funds through green and blue bonds to tackle the lack of fiscal space and dearth of opportunities to plug gaps on the international market.

Serge Ekué, President of the West African Development Bank, said that the IMF’s special drawing rights (SDRs) have not been deployed to their full potential in Africa.

Africa has received a fraction of the SDRs, despite being one of the poorest regions in the world, reinforcing the need for the continent’s finance ministers to push Bretton Woods institutions for increased funding at more favourable terms.

Read the article on the website of African Business

https://african.business/2022/06/economy/raising-capital-in-a-tough-global-environment/

Michel Foucher : « La France ne peut plus être une puissance médiatrice, nous devons choisir notre camp »

Michel Foucher, diplomate, géographe et ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangèresMichel Foucher, diplomate, géographe et ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères RFI

La demande officielle d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan était, pour Moscou, la ligne rouge à ne pas franchir. Comment cette démarche est finalement vécue du côté Russe ? Décryptage de Michel Foucher, géographe, ancien diplomate en Lettonie et spécialiste des frontières géopolitiques. Auteur de « Ukraine-Russie. La carte mentale du duel », collection Tracts chez Gallimard, mai 2022. Invité de la mi-journée de RFI, il répond aux questions de Jean-Baptiste Marot. Il estime que la France ne peut plus être une puissance médiatrice et doit choisir son camp.

 

Ecouter son intervention sur le site de RFI.

Olivier Blanchard: « Il faudra augmenter les impôts ou diminuer certaines dépenses »

13/06/2022 L’AGEFI 

L’ex-chef économiste du FMI était à Paris le 10 juin à l’Amundi World Investment Forum. Inflation, ‘policy mix’: il décrypte les enjeux du moment pour L’Agefi.

Olivier Blanchard, ex-chef économiste du FMI

Olivier Blanchard, ex-chef économiste du FMI. (PIIE)

Quelle est votre vue sur le caractère structurel de l’inflation ?

Comme prévu, le stimulus budgétaire a provoqué une surchauffe de l’économie américaine mais le mécanisme de formation de l’inflation a été différent de ce que je pensais. Ce sont les prix des biens qui ont démarré le processus, et non les salaires, les entreprises s’étant retrouvées à court de moyens en raison des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, une situation exacerbée par la forte demande de biens au détriment des services. Les Etats-Unis ont ensuite transmis ces tensions inflationnistes au reste du monde, dont l’Europe, indirectement au travers des prix des matières premières, tensions désormais accentuées par la crise en Ukraine. Je n’ai pas de doute sur la capacité de la Fed et de la BCE à faire ce qu’il faut pour ramener l’inflation à un niveau plus bas. L’inflation ne sera pas un phénomène permanent. Le timing peut bien sûr être plus ou moins long, mais l’inflation sera réduite d’ici un ou deux ans à des niveaux beaucoup plus bas. Une partie de la baisse sera liée aux effets de base car certains prix vont diminuer, mais l’inflation ne baissera pas d’elle-même aux niveaux des cibles des banques centrales, à 2%. Ces dernières pourraient alors décider de s’arrêter dès que l’inflation descendra à 3% ou 4%. Mais jusqu’à ce niveau, elles feront ce qu’il faut.

Pensez-vous toujours que le bon niveau d’inflation est 4% ?

Non, car à 4%, l’inflation devient un sujet d’inquiétude dans l’esprit des gens. A 3%, on parle moins de l’inflation. Ce niveau me paraît plus raisonnable.

Les Etats-Unis et la zone euro ne sont pas aussi avancés dans le cycle. Cela crée-t-il une différence de politique monétaire ?

Il y a en effet une différence importante. L’économie américaine est réellement en surchauffe car la boucle salaires-prix est bien enclenchée et les taux d’intérêt réels sont assez négatifs. Ce n’est pas une situation où l’économie va ralentir d’elle-même. A moins qu’il y ait un choc du type d’une récession majeure en Chine, qui entraînerait une forte baisse du prix des matières premières. Ce qui serait un cadeau aux Etats-Unis et à l’Europe. Par ailleurs, l’effet de la consolidation budgétaire, très forte, est largement annulé par le montant abondant d’épargne accumulé pendant la crise sanitaire. Les annonces de la Fed ont déjà déclenché un ajustement à la baisse sur les marchés actions. Mais l’on sait qu’il faut du temps entre le moment où l’on resserre les conditions financières et la traduction de ces décisions dans l’économie réelle. Il peut y avoir une période instable pendant laquelle la Fed augmente ses taux et l’économie reste en surchauffe.

L’économie américaine peut-elle échapper à la récession si la Fed doit ramener l’inflation vers sa cible ?

La Fed va essayer de faire atterrir l’économie en douceur. Mais ce n’est pas évident. Il faut arriver à diminuer le taux de croissance, qui doit rester positif, sous le potentiel, avec des instruments qui fonctionnent avec peu de précision. La probabilité de récession est non négligeable même si la stratégie de la Fed est de l’éviter. Il se peut toutefois, si l’inflation ne diminue pas assez, que la banque centrale américaine n’ait pas d’autre choix que de la provoquer.

Que pensez-vous du chemin pris par la BCE ?

En Europe, la situation est différente. Il n’y pas de surchauffe, ni de tensions salariales, pour le moment. Il y a une chance pour que la demande diminue, en raison de la baisse des revenus réels, sans que la BCE ait besoin d’augmenter fortement les taux. La BCE fait donc ce qu’il faut, jusqu’à maintenant.

Y a-t-il un risque de fragmentation de la zone euro ?

C’est le principal souci aujourd’hui de la BCE. Si les investisseurs décident que l’Italie est au bord du gouffre et réclament par exemple des spreads de 400 points de base [pb], le pays serait dans une situation intenable. Or la seule institution pouvant agir pour l’empêcher est la BCE. Je ne pense pas que l’Italie a aujourd’hui un problème de soutenabilité de sa dette. Toutefois, en cas de dérapage des spreads, il sera compliqué pour la BCE, politiquement et du point de vue de son mandat, d’intervenir avec suffisamment de moyens. Nous risquons d’avoir devant nous des mois compliqués, avec des discussions tendues au sein du Conseil.

Dans ce contexte, comment les enjeux climatiques et de sécurité en Europe pourront-ils être financés ?

Outre la question du changement climatique et la hausse à venir des dépenses militaires dans le contexte géopolitique dégradé que nous connaissons en Europe, les gouvernements vont devoir faire face à un autre enjeu majeur, qui est celui de la réduction des inégalités. Ce nouveau monde, avec des Etats plus présents, risque d’entraîner 2 à 3 points de PIB de dépenses publiques supplémentaires chaque année. Il n’est pas tenable de les financer complètement par les déficits et la dette de façon pérenne. Il faudra donc nécessairement augmenter les impôts ou diminuer d’autres dépenses. C’est loin d’être évident.

Quelle serait la meilleure règle budgétaire pour l’Union européenne ?l

Il n’y a pas de règle simple pour un problème d’une telle complexité. La dynamique de la dette dépend de tout une série de facteurs, difficiles à mettre dans une règle, surtout une règle simple. J’ai proposé la mise en place d’un cadre d’analyse de soutenabilité des dettes dans lequel on regarderait la dynamique de la dette sous incertitude afin d’en définir les dangers, comme le font les agences de notation. Mais les dirigeants européens veulent des règles explicites. Il me semble que l’on se dirige vers un maintien de la règle des 3% de déficit public et 60% de dette publique pour satisfaire les  faucons, comme symbole, mais en supprimant les règles sur la rapidité des ajustements. Pour satisfaire les colombes, on mettrait en place des plans de financement du type Next Gen EU comme cela a été fait pour le Covid mais cette fois pour la transition énergétique, ou l’Ukraine, ou la prochaine crise…

Lire l’interview sur le site de l’Agefi.

 

Josep Borrell : « Il faut continuer de parler avec la Russie »

Soutenir la défense de l’Ukraine ou l’aider à gagner la guerre : le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, évoque les risques de division au sein de l’UE. L’artisan de la définition et de la mise en œuvre des sanctions contre Moscou évalue leur impact sur Vladimir Poutine.

Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. (Reuters)

Tandis que la guerre continue de faire rage dans le Donbass , la diplomatie européenne accélère les préparatifs du dernier Conseil sous présidence française des 23 et 24 juin. Dès ce mercredi, les ministres de la défense de l’Otan se réuniront à Bruxelles et d’ici le week-end prochain, la Commission européenne devrait rendre son avis sur la candidature ukrainienne d’adhésion à l’UE. L’Espagnol Josep Borrell, également vice-président de la Commission européenne, fait le point sur ces rendez-vous clefs avec le JDD.

Entre le discours très offensif des Baltes et de la Pologne et celui plus mesuré de la France, de l’Allemagne ou de l’Italie, y a-t-il selon vous un risque de voir les Européens se diviser sur les objectifs militaires de l’Ukraine ?
Le risque existe toujours. Mais, depuis le début de la guerre, je n’ai jamais vu l’Union européenne aussi unie pour aider l’Ukraine. Il peut y avoir des sensibilités différentes entre les Baltes, par exemple, qui sont aux premières loges de ce conflit, qui vivent depuis longtemps avec la menace russe et s’en inquiètent, et l’Espagne ou le Portugal. Mais c’est dans l’unité que nous venons d’adopter tous ensemble un sixième train de sanctions contre la Russie en décidant de réduire de 90 % nos importations de pétrole russe .

Faut-il juste aider l’Ukraine à se défendre ou, comme le souhaitent ouvertement la Pologne ou même les États-Unis, l’aider à gagner la guerre ?
Je ne fais pas de théologie. Notre aide militaire doit arriver au plus vite aux forces ukrainiennes, car elles ne font pas la guerre avec des billets de banque mais avec des canons qui lui permettent de résister à l’agression russe. Une fois qu’on a dit cela, toutes les guerres finissent par un cessez-le-feu et une négociation et il est nécessaire que l’Ukraine puisse aborder cette phase en position de force afin que la Russie ne puisse plus occuper le territoire qu’elle a gagné et occupé depuis le 24 février.

Autrement dit, l’objectif des Européens est d’aider l’Ukraine à reprendre les territoires qu’elle a perdus depuis le début de la guerre ?
Oui, cela me paraît raisonnable.

Lire l’interview entière dans le JDD.

Summit of the Americas, a Failure Before It Started: US Experts

The Los Angeles meeting “looks to be a debacle,” with the United States having no trade proposal, no immigration policy, and no infrastructure package.

The Summit of the Americas “was a failure before it started” and “nothing will come out of it of any substance,” said Daniel Kovalik, an American lawyer who teaches international human rights at the University of Pittsburgh School of Law.

The Summit is taking place in the absence of several Latin American leaders, including Mexican President Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO), who boycotted the affair after its ideologically-driven host refused to invite Cuba, Nicaragua and Venezuela to the gathering.

By unilaterally excluding Cuba, Nicaragua and Venezuela, the United States is trying to punish them because they “try to have their own foreign policy,” seek to “go their own way economically” and want to use “their own resources for their own people’s needs instead of allowing them to just be exploited by U.S. companies,” said Kovalik.

“The United States is still trying to dominate those countries and isolate them. The U.S. talks about freedom and independence, yet it doesn’t honor those things for other people. The U.S. has never accepted other countries’ independence and still doesn’t,” he continued.

“For Mexico, not to come is huge, obviously — Mexico borders the United States; it’s a huge trading partner with the United States; it’s a very important country in the hemisphere,” he said. “For Mexico, to have an empty seat at the summit just says volumes.”

On Monday, AMLO said that “there cannot be a Summit of the Americas if all countries of the Americas cannot attend” and slammed what he called “the old interventionist policies” that lack respect for other countries and their peoples.

Kovalik said the United States “doesn’t treat any country as an equal, not even its allies,” referring to America’s pressure on Europe to ban oil from Russia — Europe’s main energy supplier — in the wake of the Russia-Ukraine conflict.

“Look at what they’re doing to Europe right now. Forcing them to give up Russian gas and oil is going to destroy their economies. And I’d say the U.S. doesn’t care, but it’s even worse than that. I think that was actually one of the intended goals of the sanctions,” he noted.

Richard Haass, president of the U.S. think tank Council on Foreign Relations, tweeted that he thinks the conference “looks to be a debacle,” with the United States having “no trade proposal, no immigration policy, & no infrastructure package.” The summit illustrates the hegemonic power’s shrinking impact on the Western Hemisphere.

“The truth is the U.S. influence has been declining for a long time. The only way it’s maintained its influence is by sheer brute force. That’s true now pretty much throughout the world,” the expert expounded. “All it has is brute force, and that’s not working because you can’t control everyone all at once. I think the U.S. will continue to find its influence waning in Latin America.”

“The irony is the U.S. is isolating itself. That’s what it comes down to. The countries in the world are saying: Look, we are sick of this. We are sick of you telling us who we can talk to, who we can be friends with, and what kind of economy we can have. I don’t think the U.S. has learned its lesson yet,” said Kovalik.

Read the article on the website of TeleSUR

https://www.telesurenglish.net/news/Summit-of-the-Americas-a-Failure-Before-It-Started-US-Experts-20220610-0007.html

France Signs Artemis Accords as French Space Agency Marks Milestone

WASHINGTON (NASA PR) — France is the latest country to sign the Artemis Accords, affirming its commitment to sustainable space exploration that follows a common set of principles promoting beneficial use of space for all of humanity.

Philippe Baptiste, president of the Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) – the French space agency – signed the document during an event hosted by the Ambassador of France to the United States, Philippe Étienne. The signing took place prior to a CNES 60th anniversary celebration.

“We are so pleased to welcome France as the newest member of the Artemis Accords family,” said NASA Administrator Bill Nelson. “France is one of the United States’ oldest allies and our partnership in space exploration dates back more than half a century. That partnership is strengthened by France’s commitment to ensuring the peaceful and responsible exploration of outer space for generations to come.”

France is the 20th country to sign the Artemis Accords and the fifth European Union country to do so. The Artemis Accords establish a common vision through a practical set of principles to guide space exploration cooperation among nations participating in NASA’s 21st century lunar exploration plans.

“The fact that France is joining the Artemis Accords marks a new step forward for our partnership in space with the United States, which is already of prime importance for both nations, notably in Mars exploration and Earth-observation programmes,” said Baptiste. “For our scientific community and industry, this new framework will enable us to meet new challenges and continue to be a leading world space power.”

NASA, in coordination with the U.S. Department of State, announced the establishment of the Artemis Accords in 2020. The Artemis Accords reinforce and provide for important operational implementation of key obligations in the 1967 Outer Space Treaty. They also reinforce the commitment by the United States and signatory nations to the Registration Convention, the Rescue and Return Agreement, as well as best practices and norms of responsible behavior that NASA and its partners have supported, including the public release of scientific data.

Additional countries will sign the Artemis Accords in the months and years ahead, as the United States continues to work with international partners to establish a safe, peaceful, and prosperous future in space. Working with both new and existing partners will add new energy and capabilities to ensure the entire world can benefit from our journey of exploration and discovery.

Read more on the website of Parabolic Arc

France Signs Artemis Accords as French Space Agency Marks Milestone

UAE vows to deliver on ‘promises and pledges’ to tackle climate change

Emirati delegation sets out plans at global talks to drive sustainability for decades to come

The UAE vowed to “convert pledges and promises” into greater sustainability and economic growth during a global conference aimed at addressing the pressing challenges of climate change.

An Emirati delegation is participating in the meeting and set out the case for progressive action to protect the planet at the Bonn Climate Change Conference in Germany.

The 10-day summit, which is being held under the UN Framework Convention on Climate Change, will help to shape the agenda for environmental strategy before the 27th Conference of the Parties — known as Cop27 — in Egypt in November.

Climate change is the defining challenge of our era, and it is progressing exponentially. We need solidarity to move faster to flatten the climate curve and avert worst-case scenarios
Mariam Al Mheiri, Minister of Climate Change and the Environment
The UAE is stepping up efforts to hit its target to reach net zero emissions by 2050 through a wide-ranging green strategy focused on a shift to renewable energy and a focus on new technology, which will help slash carbon emission levels.

The country’s commitment to protecting the environment is in line with its hosting of Cop28 in 2023.

Mariam Al Mheiri, Minister of Climate Change and the Environment, and Dr Sultan Al Jaber, special envoy for climate change and Minister of Industry and Advanced Technology commented on the UAE’s participation in the meeting.

Dr Al Jaber said the UAE’s environmental vision will promote green policies while ensuring the economy continues to thrive.

“The UAE is keen to advance progressive climate action at this important gathering leading up to Cop27,” he said.

“In our approach to the Cop process, we aim to convert pledges and promises into practical outcomes that will deliver sustainable and inclusive economic growth.

“The UAE is driving a net-zero-by-2050 strategic initiative as it is a low-carbon, high-growth economic model that will guide our sustainable development for the next 50 years. Making the right decisions and investments now will create diversified economic growth that fosters future-critical industries, knowledge and jobs.”

Dr Al Jaber said the UAE was working closely with Egypt — before both countries host the next two Cop sessions — to help combat climate change, “close the emissions reduction gap” and make important steps towards goals set out at the 2015 Paris climate accord, which focused on cutting emissions to tackle global warming.

Climate change ‘defining challenge of our era’
Ms Al Mheiri said the UAE was eager to collaborate with the international community to bolster sustainability.

“The UAE is committed to driving inclusive, robust and effective collective climate action worldwide. In our quest to achieve net zero by mid-century, we are adopting a science-based approach to determine the impact of our sustainability measures on the carbon footprint,” she said.

“We are developing the National Strategy for Net Zero 2050 to inform our next steps, and have launched the National Dialogue for Climate Ambition that aims to engage all sectors in our decarbonisation drive.

“At the Bonn Climate Change Conference, we are joining the call to mobilise action and raise ambition to ensure a successful Cop27.

“Climate change is the defining challenge of our era, and it is progressing exponentially. We need solidarity to move faster to flatten the climate curve and avert worst-case scenarios.

“The UAE is keen to share expertise, identify overlapping objectives and explore areas of collaboration with like-minded nations that prioritise a development approach that is good for people and the planet. Together, we can build climate resilience capacities, boost green investments and step up meaningful climate efforts.”

The UAE was the first country in the region to sign and ratify the Paris Agreement in line with its ambitions to slash emissions.

Last week, President Sheikh Mohamed planted a ghaf tree to mark World Environment Day during a tour of a Dubai agricultural research centre dedicated to boosting sustainability and food security across the region and beyond.

Sheikh Mohamed praised staff for their vital contribution to agriculture development, which is set to be a significant sector in the UAE for years to come.

He said the centre embodied the country’s vision to promote sustainable development through innovation and scientific research.

Sheikh Mohamed said the centre helped to find answers to pressing challenges posed by the climate and to protect precious water resources.

Read the article on the website The National
https://www.thenationalnews.com/international/

Philippe Chalmin : “Les prix du blé au niveau mondial ont pris entre 100 et 150 dollars la tonne”

Cette envolée des cours est due notamment à l’impossibilité de transporter les céréales produites sur le sol ukrainien. Même si la France exporte plus de blé qu’elle n’en importe, elle subit aussi les fluctuations des marchés mondiaux.

Des millions de tonnes de blés ukrainiens sont actuellement bloqués en Ukraine, stockés dans les silos. Il est impossible de les exporter en raison de la guerre avec la Russie. Conséquence, les prix continuent d’augmenter. Une situation qui avait déjà débuté en 2021, précise lundi 6 juin sur franceinfo Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’Université Paris Dauphine et spécialiste des matières premières et de l’énergie, “du fait des fortes importations chinoises”.

Mais depuis le début des combats en février dernier, “les prix du blé au niveau mondial ont pris entre 100 et 150 dollars la tonne”, ajoute-t-il. Sur le marché européen par exemple, le blé se vendait entre 200 et 250 euros la tonne avant le début de l’invasion russe, “il s’écoule aujourd’hui à 380 euros la tonne, avec des passages au-dessus des 400 euros”, détaille l’expert.

Plus de maïs que de blé bloqué

Cette hausse impacte principalement les gros pays importateurs, notamment en Afrique. La France, rappelle Phillippe Chalmin, est un pays “exportateur net” concernant le blé – elle exporte plus qu’elle n’importe –  mais son prix est désormais “fixé au niveau mondial”.

Le blé n’est pas le seul à être bloqué en Ukraine, rappelle Philippe Chalmin : “Le gros de la campagne d’exportation avait déjà été réalisé. En réalité, dans les silos ukrainiens se trouve essentiellement du maïs. Il y a grossièrement une vingtaine de millions de tonnes de céréales, 5 à 6 millions de blé et 14 ou 15 de maïs”. En revanche, à cette période de l’année, précise l’expert, “ces silos devraient être beaucoup plus vides afin d’accueillir les prochaines récoltes, notamment le blé en juin-juillet”.

Lire l’article original sur le site de Franceinfo.

Mo Ibrahim : “Africa Needs Better Extreme Weather Warnings, Experts Say”

IFRC Intl. Federation:Twitter

IFRC Intl. Federation:Twitter

Better climate-related research and early warning systems are needed as extreme weather—from cyclones to drought—continues to afflict the African continent, said Sudanese billionaire and philanthropist Mo Ibrahim, who heads up his own foundation.

“We don’t have a voice on global climate discussions as we lack strong research capabilities,” Ibrahim told The Associated Press.

Experts say having a greater volume of reliable data can help countries predict and plan for future extreme weather events, mitigating their impact on human life. But weather stations across the region are sparse and unevenly distributed, leading to “critical” gaps in climate data.

With this and other crucial issues on the table, he added that Africa must help “shape the agenda” at this year’s United Nations climate conference, COP 27, in Sharm el-Sheikh, Egypt.

Earlier this year, a UN report by leading climate scientists said determining climate change risks on the continent currently “relies on evidence from global studies that use data largely from outside of Africa.” The panel said global data, while good at estimating averages across the world, lacks the specifics African nations need to determine how vulnerable they are and how they can best prepare.

Central and north African regions have been singled out by the UN World Meteorological Organization (WMO) as the worst affected by the absence of weather data, which it says leads to significant margins of error in predicting rainfall trends.

This year has seen a severe drought in the Horn and eastern Africa and extreme heat in the northern parts of the continent, while the southern African region has been pummeled by intense cyclones.

The Mo Ibrahim Foundation estimates that some of the countries most vulnerable to extreme weather globally are in Africa, with 20% of the continent’s population at highest risk. A report released by the foundation also estimates that around 10 million people across the continent are already displaced, at least in part because of climate change.

Earlier this year, the UN Secretary-General António Guterres instructed the WMO to ensure that “every person on Earth is protected by early warning systems” within five years. Currently, only 22% of weather stations in Africa meet global reporting requirements for climate observation systems. The UN weather agency is expected to present an action plan to achieve the five-year goal at COP 27.

Evans Mukolwe, a former UN weather scientist, told AP that besides weather station installations and ocean observations, there’s an urgent need to compile available historical data for African countries to inform future predictions. Mukolwe, now a climate and drought monitoring advisor with the Intergovernmental Authority on Development, said Kenya still “holds 20 million analogue weather cards going back to 1896” containing valuable climate information.

“It is in Africa’s and the world’s interest to invest more in climate research and integrate weather information services for effective adaptation and mitigation strategies,” he said.

Ibrahim said that despite a lack of investment in weather services, the continent has already made headway in other areas when it comes to combatting climate change.

“Africa has a great record on climate adaptation,” he said. “We have over 22 countries on the continent where the main sources of energy are renewable, a feat that is unmatched by any other continent, and vast forests that are efficient in carbon capture.”

Read the original article on the EnergyMix website.

« Le moment est venu de devenir sérieux en matière de défense européenne »

Dans une tribune au « Monde », Josep Borrell, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, souligne que les Vingt-Sept doivent dépenser plus pour leur sécurité et le faire ensemble. La volonté politique a fait défaut jusqu’ici.

La guerre de la Russie contre l’Ukraine a obligé l’Union européenne à relever des défis stratégiques connus de longue date. Notre tâche la plus immédiate consiste à mettre fin à la dépendance de l’Europe à l’égard des importations énergétiques russes, et ce processus est désormais en cours, avec en particulier un embargo pétrolier progressif qui concernera 90 % des importations russes à la fin de l’année.

Plus largement, l’Europe doit aussi développer une politique de sécurité et de défense efficace, ainsi que les capacités nécessaires pour la mettre en œuvre. Cette ambition n’est pas nouvelle, mais elle bénéficie d’un nouvel élan. La guerre déclenchée par la Russie montre clairement que nous devons franchir une étape vers une plus grande mise en commun des investissements en matière de défense. C’était la principale conclusion de la discussion sur la défense lors du Conseil européen qui s’est tenu cette semaine.

Tous les problèmes politiques diffèrent les uns des autres. Parfois, un défi semble si nouveau et dépourvu de précédent qu’il ne peut être relevé qu’après avoir procédé à l’évaluation du paysage modifié. Parfois, les solutions sont connues, mais ce sont les ressources pour les mettre en œuvre qui font défaut. Le débat sur la sécurité et la défense européennes relève d’une troisième catégorie : le diagnostic et les solutions sont clairs, mais c’est la volonté politique qui a fait défaut jusqu’ici.

Nous savons depuis des années – voire des décennies – que les gouvernements européens ne consacrent pas assez d’argent à leur défense, et qu’ils le font de manière trop fragmentée. Il en résulte que nous ne disposons pas des capacités militaires nécessaires pour garantir notre propre sécurité ou pour être un partenaire efficace au sein de l’OTAN. Nous devons dépenser davantage, et nous devons le faire ensemble.

Achats nationaux privilégiés

Au fil des années, de nombreux dirigeants politiques, institutions, ministres de la défense, groupes de réflexion et autres acteurs européens ont rendu publics des rapports et des propositions appelant à augmenter et à améliorer nos dépenses de défense. Ces exhortations ont reflété un consensus massif parmi les experts de la question.

 

Lire la tribune dans son intégralité sur le site du Monde.

« L’Occident n’est pas en guerre avec la Russie! »

Le président Emmanuel Macron et son épouse accueillant Vladimir Poutine au Fort de Brégançon le 19 août 2019. Witt Jacques/Witt Jacques/Pool/ABACA

CHRONIQUE – Il est important de rappeler au peuple russe que non, la partie occidentale de l’Europe n’est pas en guerre avec la Russie, et qu’elle ne souhaite pas l’être.

Au centième jour de la guerre déclenchée contre les Ukrainiens par la Russie, on y entend un langage sensiblement différent qu’à son début. Sur les plateaux télévisés, qui rivalisent tous de nationalisme et de soutien à l’armée, les informations sur l’«opération militaire spéciale» cèdent le pas aux envolées contre l’Occident, accusé de vouloir détruire la Russie. Le 24 février 2022, le régime russe, très sûr de lui, proclamait, à la face du monde, son nouveau rôle d’éradicateur du nazisme, lequel se serait réimplanté en Ukraine. Aujourd’hui, dans un mouvement paranoïaque, il se présente comme la victime d’une guerre que l’Occident lui ferait subrepticement.

Par le procédé rhétorique de l’inversion accusatoire, on ne rappelle pas que c’est le Kremlin qui a commencé cette guerre contre l’Ukraine, mais on sous-entend que c’est l’Occident qui est responsable des hostilités, afin d’affaiblir la Russie.

Lire l’article dans son intégralité sur le site du Figaro.

Inflation and overregulation are markers of the end of free societies

Prince Michael of Liechtenstein at 2015 WPC

The innovation and freedom required for prosperity are threatened by unaccountable supranational organizations, expanding state bureaucracies and misguided public policies.

Power of state increases inflation and overregulation
The expansion of government regulatory powers is crowding out the private sector to the detriment of the economy. © GIS

Over the past three years, one of businesses’ main concerns has become securing supply chains for raw materials and semifinished products. But another factor that has grown just as troublesome, or maybe even worse, is the lack of good workers.

Inflation is now the topic on everyone’s mind. Prices are rocketing. People are rightfully concerned. Officials attempt to calm the public by claiming that this situation will be overcome because it is mainly due to the interruption in supply chains caused by Covid-19, and now by the war in Ukraine. U.S. President Joe Biden even went as far as to call it Vladimir Putin’s inflation. The European Central Bank and its president constantly denied a medium- to longer-term problem and were consequently always wrong in their forecasts. These are either cynical lies or proof of incompetence.

On the contrary, this inflation is structural. It is caused by demand exceeding the supply of goods and services. Consumers, including governments, have money in abundance.

Central banks’ irresponsible money printing to cover government overspending and waste has created a situation in which the amount of money circulating throughout the economy disproportionally exceeds the goods and services on offer.

This phenomenon is exacerbated by the growing number of people in nearly all economies engaging in supervisory and administrative jobs – mainly public services – instead of productive private sector positions. The flood of laws, rules and regulations issued on national and supranational levels has become a self-fueling engine, sucking up more and more resources.

Driven by irresponsible deficit policies, the public and administrative sectors are growing. In turn, the bureaucratic complications feed such sectors as tax advisory, compliance, legal services and standardization boards, but also supranational bodies such as the 38-nation Organisation for Economic Co-operation and Development.

We see that next to inflation and supply-chain disruptions, a severe shortage of workers in productive jobs is one of the economy’s biggest problems.

Talent badly needed in business is absorbed into these new professions, made necessary by expanding government. These roles then feed complications that create more layers of unproductive positions in public administration and business advisory.

At the same time, we see that next to inflation and supply-chain disruptions, a severe shortage of workers in productive jobs is one of the economy’s biggest problems.

We are becoming increasingly authoritarian and hiding behind democratically unaccountable supranational organizations. The unstoppable regulatory process gives authorities increasing power and opportunities to make arbitrary decisions. Any perceived threat, from terrorism to Covid-19 to climate change, is welcomed as a pretext to tighten the screws on freedom. It is certainly necessary to fight terrorism, support sustainability and take measures against pandemics, but all of those goals can be achieved without placing disproportionate limits on freedom and constructing convoluted bureaucracies.

Through excessive administration, legislation and regulation, restrictions on freedom, government overspending and irresponsible monetary policies, we are committing suicide as a free and prosperous society. This suicide is assisted by a collusion of governments, supranational organizations, rent-seeking cronies and ideas such as the “great reset” promulgated by the World Economic Forum.

When we will have finally succeeded in killing a prosperous economy, politicians, media and nongovernmental organizations will blame the failure on markets, not the state. The proposed solution will then be more government intervention and “full equality.” Such solutions are already being implemented. When the trend is complete, the bureaucratic dream of 19th- and 20th-century communists will have come true.

In this state-dominated economy, we will have to forget about prosperity and freedom. A bureaucratic nomenklatura will impose an equality of mediocrity. Sustainability will become an illusion as innovation is held back.

The old Soviet model is making a comeback. It is surprising that people have forgotten so quickly and do not realize what is happening. They just need to look to North Korea to see how the model works.

Read the original article on GIS report.

Turkey should use its NATO leverage in a positive way

US Secretary of State Antony Blinken announced on Friday that he was sure Turkey’s objection to Finland and Sweden joining NATO will be solved during this month’s summit. To waive its objection, Turkey will not only ask for concessions from Stockholm and Helsinki, but also from the US regarding another planned incursion into the northeast of Syria. However, Turkey can use its leverage on this issue in a better way.

To start with, NATO is perceived by Russians in general and not only the Putin camp as the enemy of Russia. While during the Cold War the world was divided between NATO and the Warsaw Pact countries, the collapse of the Soviet Union prompted the dissolution of the Warsaw Pact. But NATO kept on expanding. Russian President Vladimir Putin has repeatedly stated that he will not allow NATO at his doorstep, which is why the 2008 candidatures of Ukraine and Georgia rang alarm bells in Russia.

The entire Ukraine war was waged because Moscow could not allow its neighbor to join an enemy camp; at least that was the declared reason for the war. But Russia’s belligerent behavior created a backlash. Sweden and Finland, countries that had opted to remain neutral after the Cold War, now want to join NATO to make sure they are not the target of any possible Russian aggression in the future.

This is where Turkey fits in. President Recep Tayyip Erdogan has been very skillful in benefiting from opportunities whenever they arise. Today, Turkey objects to the entry of these two countries to the alliance due to their alleged support of the PKK and their restrictions on the sale of weapons to Ankara. In addition, Turkey is negotiating a concession from the US regarding an incursion into Syria to push the YPG group away from the Turkish border. However, such an incursion would not really make Turkey safer. Only a comprehensive solution in Syria that involves the return of refugees can provide Ankara with the security it needs. Before its previous incursions, Turkey had clinched a deal either with the Russians or the US. Today, Turkey is seeking a deal with the US, but it should be talking to Russia.

Finland and Sweden’s entry into NATO will only render Putin more nervous and hence more aggressive. It will increase the pressure on him for sure, but not in a way that will push him to make concessions on Ukraine and end the war. On the contrary, he will become more defiant. The entry of these two countries would allow him to reinforce his populist narrative that NATO is trying to destroy Russia.

Here, Turkey can use its objection in a positive way and use its leverage to end the war in Syria. Turkey can instead propose a nonaggression treaty between Russia and Finland and Sweden. Such a treaty could offer guarantees to all parties. While it would offer a face-saving exit for Putin, it would probably not go down so well with the Swedes or the Finns. Russia had agreed, together with the US and the UK, to safeguard Ukraine in exchange for Kyiv giving up its nuclear arsenal in the 1994 Budapest Memorandum on Security Assurances — and they can see how that ultimately worked out.

The Finns have already had an especially bad experience with Moscow. In 1932, Finland and the Soviet Union signed a nonaggression treaty, only for it to be unilaterally revoked by the latter in 1939, when Joseph Stalin ordered an invasion. Hence, any new treaty should have a clause under which, if Russia breaks the terms, then Finland and Sweden’s entry to NATO becomes automatic.

The signature of all NATO countries would be required to make sure that, in the case of Finland or Sweden being attacked, no member country could object to their entry to the alliance and the triggering of the Article 5 principle of collective defense.

Instead of asking the US for a concession regarding an incursion into Syria, Ankara could ask Russia to remove Assad.

Dr. Dania Koleilat Khatib

Meanwhile, instead of asking the US for a concession regarding an incursion into Syria, Turkey could ask Russia to remove Bashar Assad and replace him with a military council representing the different factions in Syria. The council could then conduct the political transition as stated in UN Security Council Resolution 2254.

Assad has not been a very loyal client to Russia. Moscow’s disengagement with Syria since the Ukraine invasion has quickly been filled by the Iranians, with Assad’s blessing. A military council could guarantee Russia’s interests as a minimum. The Kremlin could even effectively have a seat on the council by nominating some of the generals it trusts.

The military council could also provide guarantees to Turkey, as it would have some sort of jurisdiction over the Kurdish faction. Today, the YPG operates on its own, with little supervision from the US, which keeps Ankara on its guard.

This is a golden opportunity to end the war in Syria and reach a detente with Russia, which could pave the way to the end of the war in Ukraine. This would be much better than raising the stakes and prolonging the confrontation, which is in nobody’s interest.

Read the original article on Arab News.

As Ukraine fights, does the EU owe it membership?

It is a question that will hang over a summit meeting of EU leaders starting Monday, and one made more urgent by Ukraine’s demand for fast-track accession talks to join the bloc, which may not be decided before another meeting in late June

BY STEVEN ERLANGER

PUBLISHED: May 31, 2022

As Ukraine fights, does the EU owe it membership?Downtown Skopje, the capital of North Macedonia, on Feb. 27, 2020. North Macedonia and Albania are the farthest along as full-fledged candidates for European Union membership. (Loulou d’Aki/The New York Times)

BRUSSELS — With Ukraine defending European values and security against a blatant Russian invasion, what obligation does the European Union and NATO have toward Ukraine?

The moral answer may be obvious, as European and American governments vow support for Kyiv and are pouring money and arms into Ukraine. But the practical answers are complicated, as ever, and are dividing Europe.

Defying expectations, the EU has provided significant military aid to Ukraine and inflicted enormous sanctions on Russia, acting with speed and authority. But now it is confronting a more difficult problem: how to bind vulnerable countries such as Ukraine, Moldova and Georgia to Europe in a way that helps them and does not create a further security risk down the road.

It is a question that will hang over a summit meeting of EU leaders starting Monday, and one made more urgent by Ukraine’s demand for fast-track accession talks to join the bloc, which may not be decided before another meeting in late June.

Despite pressure to fast-track Ukraine, full membership for it or the other countries on Europe’s periphery in either NATO or the EU is unlikely for many years. But European leaders have already begun discussing ways to slowly integrate them and protect them.

French President Emmanuel Macron and Italian Prime Minister Mario Draghi have in recent weeks both talked of a new confederation with the EU, as opposed to the old notion of a core group and a periphery, or a “two-speed Europe,” which newer members reject as creating a second-class status.

In his speech on “Europe Day,” May 9, to the European Parliament, Macron floated a more formed, if still vague, proposal for a new kind of arrangement.

“The war in Ukraine and the legitimate aspiration of its people, just like that of Moldova and Georgia, to join the European Union encourages us to rethink our geography and the organization of our continent,” he said.

Macron offered a sweeping vision of a new European Political Community — an outer circle of European states, including Ukraine, Georgia, Moldova and Britain — that would be linked to the EU but not be part of it.

Such a wider circle of European states would allow Brussels to bring vulnerable countries along Russia’s border into the European fold more rapidly than full EU membership, which “would in reality take several years, and most likely several decades,” Macron said.

Such a “political community” would, he said, “allow democratic European countries that believe in our core values a new space for political cooperation on security, energy, transport, infrastructure investment and free movement of people, especially our young people.”

The idea of concentric rings or “tiers” of European states, of a “multispeed Europe,” has been suggested several times before, including by then-French President François Mitterrand in 1989. Then, though, the idea included Russia; it went nowhere. Macron has brought it up before. But now, with Russia on the march, it is the time to make it real, he said.

In late February, four days after the Russian invasion, Ukraine formally applied to join the bloc, and in March, EU leaders “acknowledged the European aspirations and the European choice of Ukraine.”

On April 8, in Kyiv, Ukraine’s capital, Ursula von der Leyen, president of the European Commission, told Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy, “Dear Volodymyr, my message today is clear: Ukraine belongs in the European family.” She said, “This is where your path toward the European Union begins.”

But even if European leaders decide to open negotiations with Ukraine, the process will be long, despite support for immediate membership from countries such as Poland and the Baltic states.

On May 22, Clément Beaune, France’s Europe minister, told French radio: “I don’t want to offer Ukrainians any illusions or lies.” He added: “We have to be honest. If you say Ukraine is going to join the EU in six months, or a year or two, you’re lying. It’s probably in 15 or 20 years — it takes a long time.”

Austrian Foreign Minister Alexander Schallenberg said that given the difficulties, Ukraine should be offered “another path” in its relationship with Brussels.

Zelenskyy has sharply rejected any other path than accelerated full membership for Ukraine in the EU. But his demand is unlikely to be met.

A fast-track for Ukraine would probably further alienate the states in the Western Balkans, where the slow and cumbersome enlargement process “has disillusioned many while Russia and China have expanded their influence in the region as a result,” said Julia De Clerck-Sachsse of the German Marshall Fund in Brussels.

Proposals such as Macron’s “can help kick-start a wider discussion” among European leaders about how to better help and protect those who are not yet members, she said. “At the same time, they need to be careful that such ideas are not interpreted as a sort of ‘enlargement light’ that will undermine aspirations to full membership and further alienate” countries already disappointed by the process.

Pierre Vimont, a former French ambassador to Washington and a fellow with Carnegie Europe, thinks it would be best to simply open the EU to all aspirants. But the “real issue,” he said, “is that an EU of 35 members can’t go on in the same way,” requiring serious institutional reform and treaty change to function.

For now, he said, “no one has the answer.” But he cautioned that “we cannot neglect Russia or forget it — we’ve done that for years, and it has not turned out very well.”

“We need to face that question openly,” he said, “and come up with new ideas.”

 

Read the article on the site of Forbes India.

Sarah Al Amiri: “UAE chosen to chair UN’s Committee on Peaceful Uses of Outer Space”

Announcement comes as militarisation of space is increasing

The UAE has been chosen to lead a UN committee working to promote peaceful use of space.

The country will lead the UN Committee on the Peaceful Uses of Outer Space, with Omran Sharaf, the Emirati engineer who led its successful Mars mission, serving as the committee’s director for 2022 and next year.

The committee has been in operation since 1959 and is one of the largest at the UN. It has 100 member states and plays an important role in peaceful uses of space, encouraging international co-operation and recommending laws and policies that support space exploration.

President Sheikh Mohamed said he was proud of Mr Sharaf and congratulated him on being elected.

“The UAE continues to make notable contributions to the space sector and we wish Omran every success in his new role,” he said.

Sheikh Mohammed bin Rashid, Vice President and Ruler of Dubai, also expressed his pride over the UAE’s achievement and said it was an honour to have Mr Sharaf appointed.

“I am proud of the UAE’s victory as chairman of the United Nations Committee on the Peaceful Uses of Outer Space,” he said.

“I am proud of the son of the Emirates, Omran, who has honourably held this high international role.

“The youth of the Emirates have brought us to space, are leading global files and are running international institutions.”

News of the UAE’s election comes as some countries seek to use space for military purposes.

It’s a great honour for the Emirates to take the chair of COPUOS
Sarah Al Amiri, chairwoman of the UAE Space Agency

The use of weaponry and military technology in space has caused concern among experts over the years, as countries such as Russia, India and China perform anti-satellite missile tests. Some nations have launched an increasing number of spy satellites.

Sarah Al Amiri, Minister of State for Public Education and Future Technology and chairwoman of the UAE Space Agency, said: “It’s a great honour for the Emirates to take the chair of Copuos, particularly as we founded our space programme on international partnerships and collaboration and continue to place these partnerships at the core of our space sector development.”

Mr Sharaf previously represented the UAE on the outer space committee and on the International Committee on Global Navigation Satellite Systems.

He said this was a “tremendous chance” to serve the global space sector.

“As both a young nation and a relatively new entrant to the space sector, we have benefited from the amazing work of the pioneers who have gone before us,” he said.

“Alongside that heritage, we have also found scope to innovate and challenge what have become accepted norms and we look forward to bringing a spirit of open dialogue and co-operation but also seeking to define solutions and new ways of looking at some of the emerging challenges and opportunities facing our sector and, indeed, humanity.”

The committee is behind one of the most notable space treaties, the Outer Space Treaty of 1967, which has been signed by more than 105 countries so far, including the UAE.

The treaty outlines peaceful uses of space, including low-Earth orbit, the Moon and other space bodies.

However, experts have been voicing concerns for the past few years about some countries using space for the “wrong reasons”.

During the Global Aerospace Summit in Abu Dhabi last week, Maj Michel Friedling, head of the French Space Command, said space was no longer peaceful and immune from politics and war.

“The Outer Space Treaty of 1967 has allowed for the case of peaceful coexistence. And bridges were made between East and West during these decades,” said Mr Friedling.

“But space is and will remain a key factor of economic strategy and military advantage for those who master space and those who know how to use space services.

“So, tensions on Earth will reflect in space and it’s already the case.”

The militarisation includes using weapons in space, carrying out cyber attacks on satellites, using technology that jams communications and possessing a large fleet of intelligence, surveillance and reconnaissance satellites.

Since Russia’s invasion of Ukraine in late February, a number of cyber attacks have been carried out on satellites operating over the country, often disconnecting its internet and communication services and cutting off the Ukrainian people from the wider world.

Elon Musk made his Starlink satellites available to Ukraine but warned that they could become targets.

Anti-satellite missile, or ASAT, tests use military technology to destroy spacecraft. They are a concern because they create high levels of debris that could endanger astronauts and satellites.

They are also considered a threat because such missile technology could be used in an armed conflict.

In November, Russia carried out an ASAT test in which it destroyed one of its satellites, creating thousands of pieces of space debris.

India ordered an ASAT test in 2019 in an operation called the Mission Shakti, resulting in high levels of space debris.

China destroyed one of its satellites in 2007 and the US followed a year later with a similar operation.

But the US government recently committed to ending ASAT tests and has called for a global agreement to urge other nations to follow its lead.

Read the original article on The National.

Patrick Achi : “Partout où l’Afrique aura besoin de la Côte d’Ivoire, elle sera là”

© ABIDJAN.NET PAR DR
LE PREMIER MINISTRE A CLOS MERCREDI 25 MAI 2022 À PARIS LES JOURNÉES AFRICAINES DE L’UNESCO.

Le Premier ministre a clos mercredi 25 mai 2022 à Paris les journées africaines de l’Unesco. Lorsqu’il prend la parole, Patrick Achi, représentant le Chef de l’Etat à la clôture des journées africaines initiées par l’Unesco, venait d’écouter les interventions des organisateurs de la célébration de l’unité et de l’émergence de l’Afrique. Ces deux termes, ils les ont liés à la Côte d’Ivoire, “modèle d’unité et d’émergence”.

L’unité, les initiateurs la rattachent au rôle joué en 1963 par la Côte d’Ivoire à la naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine, (0ua), ancêtre de l’Union africaine (UA) et au brassage de nations sur son sol. “La Côte d’Ivoire est à elle seule le prototype de l’unité africaine que nous recherchons. Sur son sol vivent en harmonie plusieurs ressortissants issus de différents pays d’Afrique.” L’ambassadeur Souleymane Jules Diop, président du groupe Afrique, délégué permanent du Sénégal auprès de l’Unesco qui a ouvert le bal des discours.

Pour l’émergence, second élément mis en exergue, l’Unesco a salué les avancées du niveau de vie en Côte d’Ivoire et surtout sa résilience.

Patrick Achi prend donc le micro sous des applaudissements pour son pays tant vanté par ceux qu’ils l’ont précédé au pupitre. Le succès de la Côte d’Ivoire ? Le Premier ministre citera deux noms. ” Deux grands hommes à qui la Côte d’Ivoire doit tout : Felix Houphouët Boigny et Alassane Ouattara”.

Le titulaire d’une maîtrise en mathématique et ingénieur démontre l’équation du succès de son pays par deux identiques bien remarquables : le père fondateur et le père de ‘’Une Côte d’Ivoire solidaire’’.

Le niveau de développement actuel de la Côte d’Ivoire, ce sont les politiques des Présidents Félix Houphouet Boigny et Alassane Ouattara. Ces deux grands hommes ont écrit l’histoire de la Cote d’Ivoire.

Le premier l’a porté sur les fonts baptismaux et le second l’a relevé et mis sur le chemin de l’émergence.

Le développement économique de l’Afrique, thème central de la semaine consacrée au continent justifie bien le choix porté sur la Cote d’Ivoire d’Alassane Ouattara.

L’un des sous thèmes traités lors des journées africaines est la résilience. Patrick Achi, représentant le Président Alassane Ouattara, parrain, était à l’aise à la tribune. La Côte d’Ivoire, grâce à son président, est un modèle en matière de résilience.

2011. Elle se met rapidement et efficacement au travail après une grave crise. Ouattara est aux commandes et le maître mot est le développement. Qui sous-entend d’importants investissements et d’efforts consentis pour la sécurité et la paix. Parfait élève d’Houphouët donc.

2015. Le terrorisme prend pied en Afrique de l’ouest.

La cote d’Ivoire subit même une attaque à Bassam le mars 2013. Le pays prend le problème à bras le corps. La menace existe toujours mais la sécurisation mise en place est efficace. Les djihadistes qui ont tenté de prendre pied aux frontières nord en savent quelque chose.

Dernier exemple, le plan de riposte contre le coronavirus du gouvernement l’apparition du virus en 2020.

Aujourd’hui, le pays est en plein processus d’industrialisation tous azimuts et prêt à jouer un rôle de moteur en Afrique. « Partout où l’Afrique aura besoin de la Cote d’Ivoire, elle sera présente. » dira Patrick Achi au siège de l’Unesco.

La directrice générale de l’Unesco Audrey Azouley a remercié la Cote d’Ivoire d’avoir accepté de parrainé cette semaine africaine et aussi de servir d’exemple sur le continent africain. Une Afrique qu’elle exhorte « à trouver sa voie » et qui peut compter sur le soutien de l’organisation qu’elle dirige.

La semaine africaine qui s’est tenue du 23 au 25 mai 2022 a porté sur « l’autosuffisance, la résilience et le développement économique de l’Afrique et a été marquée par plusieurs activités notamment des conférences, des tables- rondes, des expositions d’art, des projections de documentaires.

C’est la Ministre l’Éducation nationale et de l’alphabétisation, Mariatou Koné, qui a procédé au nom du Président de la République, à l’ouverture de la semaine africaine.

A. N avec Sercom

Climat : « Il faut mettre en exergue la spécificité de l’Afrique »

ENTRETIEN. L’Afrique est déjà dans les starting-blocks pour la COP27 prévue en Égypte. Directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim, Nathalie Delapalme explique comment.

L’Afrique est décidée à prendre à bras-le-corps la question du climat et veut clairement se faire entendre. La preuve : à six mois de la COP27, qui se tiendra en Égypte, la Fondation Mo Ibrahim (MIF) a organisé à Londres, et en ligne, un forum sur le climat. Intitulé « En route vers la COP27 : faire valoir l’Afrique dans le débat sur le climat », le Forum, qui a duré du 25 au 27 mai, a exploré les défis et les les opportunités uniques que la crise climatique engendre sur le continent. Les discussions se sont appuyées sur Forum 2022 – Faits et chiffres, document de la Fondation publié avant l’événement. Nathalie Delapalme, directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim, s’est confiée au Point Afrique sur la manière dont le continent entend s’y prendre pour mettre en exergue ses spécificités et les faire prendre en compte.

Le Point Afrique : Comment s’est imposé le sujet du climat et de la COP27 pour la Fondation Mo Ibrahim ? Quels sont les principaux enseignements que vous tirez du document de recherche publié par la Fondation, à savoir Forum Facts & Figures 2022.

Nathalie Delapalme : La Fondation Mo Ibrahim se concentre sur les défis majeurs du continent, dont la crise climatique qui l’impacte durement. Ce forum et les discussions qu’il a engendrées se sont réalisés dans le cadre du débat global sur le climat où l’absence de décisions adéquates démultiplie cet impact négatif avec des risques majeurs induits en termes de développement et d’instabilité. C’est pourquoi il nous est apparu important, six mois avant la COP27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh en Égypte, de mettre en exergue la spécificité de l’Afrique au sein de ce débat global. Trois points essentiels ont été retenus, qui structurent le rapport et les discussions pour ce Forum.

– Le premier concerne la vulnérabilité particulière du continent avec l’apparition d’un cercle vicieux crise climatique, fragilité de développement, qui engendre instabilités et tensions accrues.

– Le deuxième point concerne la protection du climat et l’accès pour tous à l’énergie afin que les décisions prises pour sauver le climat ne mettent pas en péril le développement de millions d’individus.

– Et le troisième point porte sur la richesse du continent en termes de ressources naturelles et minières susceptibles d’en faire un acteur de premier rang dans le développement d’une économie bas carbone sous réserve de certaines conditions. Cela explique pourquoi nous avons choisi ce thème et que nous le traitons maintenant.

Six mois avant la COP27 en Égypte, l’Afrique peut-elle défendre une position commune et ses spécificités pour peser dans le débat mondial sur le changement climatique ?

C’est absolument essentiel. Ce rapport et ce forum, mais aussi les discussions et les travaux qui vont se poursuivre jusqu’à la COP27, ont pour objectif d’étayer le dossier défendu par le continent. C’est aussi la volonté politique exprimée avec force par le président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, président du Sénégal, lors de l’entretien qu’il a eu, pendant le forum, avec Mo Ibrahim, président de la Fondation éponyme.

À la question de savoir quels sont les attentes et les objectifs pour la COP27, Macky Sall a répondu qu’il souhaitait avoir un vrai débat sur la transition énergétique, un débat qui permette d’avoir une transition juste et équitable, et de faire en sorte que l’Afrique puisse utiliser son propre gaz au bénéfice d’abord de sa population. Il a également insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les accords de Paris sur le principe du pollueur-payeur et d’alimenter le Fonds d’adaptation climat afin que les États africains puissent accélérer la mise en œuvre des énergies renouvelables. J’ajoute un point sur la désertification. Ce sujet a été largement abordé lors de la COP15 (contre la désertification) qui vient de se terminer à Abidjan, parce que conjuguer l’impact désastreux après deux ans de Covid, et maintenant celui de la crise ukrainienne, nous amène au bord d’une famine extrêmement grave.

Comment parvenir à faire émerger cette position commune pour l’Afrique, continent de 54 pays et dont les enjeux aussi bien climatiques que de développement peuvent sembler éloignés ?

Côté africain, la volonté de faire émerger une position commune est bien là. Et d’autant plus que la crise du Covid a donné l’opportunité de constater à quel point lorsque les pays africains ont une position politique commune, exprimée par l’Union africaine, cela marchait bien. Dans le fond, la responsabilité et la solution sont en face. Les choses seraient beaucoup plus faciles si le continent africain, via l’Union africaine, disposait d’une représentation spécifique au sein de toutes les grandes institutions de la communauté dite internationale : aux Nations unies, institutions de Bretton Woods, G7 et G20… Cette idée circule beaucoup, et nous l’appuyons totalement. Ce sujet a été longuement évoqué par Macky Sall. Il s’agit d’intégrer l’Union africaine comme membre supplémentaire à part entière du G20 et pas seulement invité, au coup par coup, selon les pays hôtes.

Quels sont les enjeux qui pèsent dans la balance justice climatique et accès à l’énergie. La position sur l’utilisation du gaz naturel par l’Afrique pourrait avoir d’autant plus d’écho que les pays développés, et en particulier l’Europe, cherchent à diversifier leur achat de gaz.

Cela apporte de l’eau au moulin de l’Afrique et de sa volonté de disposer de son propre gaz. La nécessité pour l’UE de diversifier son approvisionnement en gaz et sa volonté de ne plus dépendre du gaz russe redonne de l’intérêt au gaz africain. Or, la décision prise lors de la précédente COP à Glasgow d’arrêter complètement le financement d’énergie fossile a un effet désastreux.

Sur le continent africain, 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Cela représente deux fois la population des États-Unis et 1,3 fois la population européenne. C’est absolument considérable ! En plus de cela, plus de 930 millions de personnes n’ont pas accès à des sources propres de combustibles pour faire la cuisine (électricité ou gaz) avec un impact considérable sur la santé des femmes et des enfants. Il y a vraiment un sujet d’accès à l’énergie qu’il faut traiter, sauf à vouloir sacrifier délibérément le développement immédiat et la santé de plusieurs millions de personnes. Le gaz, de ce point de vue, est indispensable.

On ne peut pas compter uniquement sur les énergies renouvelables pour fournir de l’énergie au continent africain, tout du moins dans l’immédiat. Le potentiel est considérable : solaire, éolien, hydraulique. Déjà, pour 22 pays africains, les énergies renouvelables sont la source majeure d’énergie, plus que le bois, le pétrole et le charbon. Cependant, en l’état actuel, tout en accélérant l’adoption des énergies propres, il faut trouver une solution afin de permettre à l’Afrique de disposer de son potentiel gazier pour résoudre cette question immédiate d’accès à l’énergie.

Le gaz est de loin, de toutes les énergies fossiles, le combustible le moins polluant et 18 pays africains en produisent. Bien sûr, il faut traiter un certain nombre de sujets importants comme la disparition dans les meilleurs délais du gaz venté et torché, répondre aux questions du transport, du stockage et de la distribution au consommateur final, ce qui implique des investissements qui doivent être pris en compte dans ce débat global sur le climat. Aujourd’hui, ce sont 600 millions d’Africains sans accès à l’énergie, mais, lorsque vous regardez les tendances démographiques du continent, ce chiffre ne va faire qu’augmenter.

Dans les pays développés dont la croissance démographique ne progresse pas, il est plus facile de parler de décroissance énergétique, de stabilisation de la consommation énergétique. Sur un continent où la croissance démographique continue d’exploser et où le développement n’est pas encore achevé, l’approche ne peut pas être la même. C’est cela qu’il faut arriver à considérer dans des débats globaux comme celui sur le climat.

C’est tout l’objet de ce rapport et du débat que nous avons actuellement. Il s’agit de mettre en exergue cette spécificité du continent africain et d’arriver avec un dossier à la fois complet et convaincant.

Comment rompre la malédiction des ressources naturelles pour l’Afrique ainsi qu’accélérer le développement durable sur le continent et la transition vers une économie mondiale verte et durable ?

C’est un sujet extrêmement important. Le continent dispose d’une extrême richesse en termes de diversité et de minerais. C’est important à la fois pour le patrimoine de la planète et la mise en place d’une économie à bas carbone. L’Afrique détient la moitié des réserves de cobalt indispensables pour la fabrication de batteries, mais aussi de la bauxite, du graphique, du manganèse, du chrome, du cuivre, du lithium… Tous, sans exception, sont des composants indispensables pour développer les énergies vertes et une économie bas carbone. Les perspectives anticipent une hausse de la demande de ces minéraux de 500 % dans les années à venir.

Dans ce contexte, il faut parvenir à éviter cette malédiction des ressources naturelles qui a frappé notamment les pays africains producteurs de pétrole et de diamant. Trois causes principales ont été mises en avant : une mono-dépendance à l’exploitation et l’exportation au détriment du développement d’autres ressources, le fait que le modèle a conduit à exporter des ressources non transformées, sans création d’emplois et de valeurs locales, et enfin, un manque de transparence absolue, un système de vacance fiscale qui n’a pas alimenté les budgets des États concernés et la corruption. Cette exploitation des ressources s’est faite sans retour positif pour les populations des pays concernés.

N’avez-vous pas des craintes du fait que les pays qui détiennent le plus de ressources minières ont aussi les plus mauvais scores de gouvernance, selon les analyses de la Fondation Mo Ibrahim ?

Oui, c’est un sujet majeur. Il est indispensable de renforcer les cadres de gouvernance, de se pencher sur la question de la transparence des contrats, de renforcer les capacités humaines et l’expertise. L’idée est aussi d’aller au-delà de la seule exportation de ressources brutes et de mettre en place des capacités de transformation locales de manière à fournir des emplois locaux. Et à travers l’expertise, je parle aussi des problématiques de conservation des ressources, pour que ces ressources considérables profitent durablement aux pays africains et aux populations concernées, mais aussi à la planète.

Avez-vous en tête des exemples porteurs d’espoirs ?

Si on prend l’exemple de la biodiversité, le Rwanda et l’Ouganda ont réussi à développer un tourisme vert, notamment autour de la protection des gorilles, ce que le Gabon est aussi en train de mettre en œuvre. Incontestablement, de bonnes pratiques se mettent en place. Beaucoup d’exemples existent déjà en matière de protection de la biodiversité et de l’environnement : Rwanda, Ouganda, Congo-Brazza, Gabon. Le projet phare de la Grande Muraille verte, qui dispose déjà de nombreux appuis, est essentiel. Nous espérons encore une fois que ce Forum, six mois avant la COP27, permettra de mettre en exergue la position très spécifique de l’Afrique dans le débat global sur le climat. De fait, lors de la séance de clôture, Mo Ibrahim a « transmis » les principales conclusions de ce Forum à Yasmine Fouad, ministre en charge de la COP27 pour la République arabe d’Égypte. La route est longue, mais le temps est court.

Lire l’article sur le site Le Point Afrique

https://www.lepoint.fr/afrique/climat-il-faut-mettre-en-exergue-la-specificite-de-l-afrique-30-05-2022-2477586_3826.php

Pour un capitalisme équitable

Face à la montée des crises, réformer le capitalisme apparaît plus que jamais nécessaire. Reste à trouver le monde d’emploi pour une économie durable et responsable. La clef réside dans la lutte contre les inégalités. Par Bertrand Badré et Yann Coatanlem (*)

Depuis 20 ans, la fréquence et l’intensité des crises mondiales augmentent, ce qui est un mauvais présage pour l’avenir de l’économie. Selon la Banque mondiale, du fait de la pandémie de COVID-19, la politique de réduction de la pauvreté n’a jamais été autant menacée depuis un quart de siècle. Les inégalités se creusent à l’intérieur des pays et entre eux, ainsi que dans de nombreux secteurs clés, de l’éducation à la santé.

Etant donné l’ampleur de ces problèmes, une politique de réduction des inégalités ne doit pas se focaliser exclusivement sur les revenus et les patrimoines. La situation exige une approche holistique avec un horizon à long terme. Sinon, les futurs gouvernements auront la tentation de procéder à des améliorations à court terme aux retombées politiques immédiates (comme l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages), plutôt que d’investir dans le bien-être à long terme. Il faut quantifier les compromis nécessaires, de telle sorte que les dirigeants politiques puissent expliquer aux électeurs que sacrifier un peu de bien-être aujourd’hui permettra de vivre bien mieux demain.

Il faut aussi faire attention à la manière de mesurer les inégalités

Est-il juste de demander aux pays en développement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre au même rythme que les pays avancés, alors que la contribution de ces derniers a été beaucoup plus importante que la leur dans le passé ?

Pour les dirigeants politiques, le défi consiste à adopter une stratégie qui soit à la fois internationale et locale, adaptée à un environnement donné. Sinon, les mesures destinées à corriger un type d’inégalités pourraient en générer de nouvelles. Nous pouvons combattre le réchauffement climatique en subventionnant les installations de panneaux solaires, mais il faut alors se préparer aux protestations de ceux qui ont diminué leur empreinte carbone avant l’introduction de ces subventions.

La défense de l’équité dans toutes ses dimensions exige une perspective élargie des inégalités. C’est une conséquence fréquente des dynamiques à somme nulle, de la recherche de rente, des “impôts privés”, du parasitisme, de la corruption, de la discrimination, etc. Les formes les plus saillantes d’inégalité changent au cours du temps, elles évoluent souvent en fonction du contexte juridique. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on considérait le travail comme un droit fondamental, alors que pendant la pandémie, l’accès à Internet à haut débit et à faible coût est devenu une priorité absolue.

La nature toujours changeante de ces questions exige d’élargir le concept de bien-être social, afin que les décisions politiques ne finissent pas par perpétuer les avantages des initiés. Ce concept doit également devenir plus flexible, de manière à faire face à des défis tels que le changement climatique ou la flambée du prix de l’énergie. Il faut aussi développer de nouveaux outils (par exemple le revenu de base universel) pour aider les personnes défavorisées ou marginalisées à surmonter des obstacles structurels de longue date et à prendre des risques calculés en matière de création d’entreprise (ce qui profite en fin de compte à l’ensemble de la société).

Le concept de rendement social doit guider les décisions politiques

En matière d’éducation par exemple, le développement du capital humain dès la petite enfance offre le meilleur retour sur investissement à long terme. Mais la politique sociale ne passe pas nécessairement par les pouvoirs publics. On peut envisager le recours aux marchés lorsqu’ils apportent une valeur ajoutée. Ainsi en matière de retraite, un pilier de capitalisation peut garantir que le plus grand nombre de personnes bénéficie du rendement généralement élevé des marchés, plutôt que d’en rester aux sommes relativement modestes du système par répartition.

La fiscalité est un autre levier essentiel de la lutte contre les inégalités, car elle génère des recettes permettant de financer des politiques sociales inclusives et de réduire les écarts de revenus et de patrimoine. Il ne s’agit pas de traiter la richesse comme un problème en elle-même, mais plutôt de suivre le Principe de différence du philosophe John Rawls, selon lequel les inégalités ne sont justifiées que si elles profitent aux moins bien lotis. L’économiste Philippe Aghion a montré que l’innovation remplit cette condition : si elle accroît le poids des 1% les plus riches, elle tend aussi à accroître la mobilité sociale, et elle n’augmente pas nécessairement les inégalités dans le reste de la population.

Ceci dit, la structure de la fiscalité pourrait être améliorée pour répondre à des objectifs souhaitables tels que la simplicité, l’efficacité, la stabilité, l’équité (en éliminant les échappatoires qui ne profitent qu’aux riches), de meilleures incitations (à travailler ou à protéger l’environnement) et la neutralité (afin qu’un euro gagné en un an ne soit pas davantage taxé qu’un euro gagné en 10 ans).

Enfin, réformer le capitalisme contemporain exige de revoir les règles de la concurrence. En matière de détermination des prix et de diffusion des informations économiques, le marché est bien plus efficace que tout système centralisé, mais les autorités publiques doivent le superviser et le réguler rigoureusement. La réglementation et le contrôle en faveur d’une concurrence équitable sont devenus d’autant plus importants que les technologies digitales et la robotique ont restructuré les marchés et ouvert la voie à ce que Shoshana Zuboff de la Harvard Business School qualifie de “capitalisme de surveillance“.

Cette pathologie se reflète dans la montée en puissance des inégalités dans les résultats des entreprises. En 2016, le Conseil économique de la Maison Blanche a souligné que “le retour sur investissement des entreprises du 90eme centile est plus de 5 fois supérieur à sa valeur médiane. Il y a un quart de siècle ce ratio était proche de 2“. Par ailleurs, ainsi que le montre Aghion, les 1% des plus grands exportateurs comptent maintenant pour 67% de l’ensemble des exportations, tandis que les 1% des entreprises qui déposent des brevets comptent pour 91% de tous les brevets déposés et pour 98% des citations dans les articles scientifiques (un indicateur des brevets les plus importants). Les bénéfices des 10% des plus grandes entreprises ont augmenté de 35% depuis le début des années 2000, et leur rentabilité a fait un bond de 50%. Ces indicateurs n’ont guère bougé pour la plupart des autres entreprises.

Les réformes proposées ci-dessus pourraient rassembler les voix très nombreuses qui exigent l’équité au nom de l’efficacité. Elles assureraient une véritable égalité des chances, tant pour les individus que pour les entreprises. L’alternative consiste à revenir à une société hiérarchisée de manière rigide, avec moins de liberté, sauf pour ceux au sommet de la pyramide.

Il reste à voir si l’enchaînement des crises financières, écologiques et géopolitiques donnera l’impulsion voulue pour ce type de réformes. Ces crises pourraient tout aussi facilement détourner l’attention, ou pire, devenir une excuse pour le fatalisme et l’autosatisfaction.

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Bertrand Badré est fondateur et PDG de la société d’investissement Blue Like an Orange Sustainable Capital et ancien directeur général de la Banque mondiale. Il est l’auteur d’un livre intitulé Can Finance Save the World? [Et si la finance sauvait le monde ?] (Berrett-Koehler, 2018). Yann Coatanlem est économiste, PDG d’une start-up spécialisée dans les technologies financières et président du Club Praxis. Il a écrit un livre intitulé Le Capitalisme contre les inégalités (Presses Universitaires de France, 2022).

(traduit de l’anglais par Patrice Horovitz)

Copyright: Project Syndicate, 2022.
www.project-syndicate.org

Lire l’article sur le site de La Tribune

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pour-un-capitalisme-equitable-913734.html

Guerre russo-ukrainienne : « Penser aux besoins financiers immédiats de l’Ukraine est urgent »

Cinq universitaires européens, Gabriel Felbermayr, Arancha Gonzalez, Moritz Schularick, Shahin Vallée et Guntram Wolff, proposent dans une tribune au « Monde » de lancer un programme international de financement des besoins budgétaires immédiats de l’Ukraine, qui ont explosé.

Publié le 30 mai 2022 à 11h30 – Mis à jour le 30 mai 2022 à 17h28

L’aide à l’Ukraine a jusqu’à présent été dominée par les livraisons d’armes et le soutien militaire. Au cours du dernier mois a émergé un débat sur l’effort financier nécessaire à la reconstruction de l’Ukraine après la guerre. Les appels à un nouveau plan Marshall largement financé par la communauté internationale, mais peut-être aussi par la saisie des avoirs étrangers de la Russie à des fins de réparation, sont devenus monnaie courante.

Pourtant, bien que ce débat soit essentiel pour l’avenir de l’Ukraine lorsque le conflit prendra fin, il ne répond pas au besoin immédiat d’assistance financière à court terme, auquel la communauté internationale n’a apporté que des réponses partielles.

Ces besoins ont explosé. En mars, le Fonds monétaire international (FMI) estimait déjà que les besoins bruts de financement extérieur de l’Ukraine s’élèveraient à quelque 4,8 milliards de dollars en 2022 (environ 4,46 milliards d’euros). Cette prévision a été largement dépassée par les événements. Même si les sorties de capitaux ont été modestes (en grande partie grâce à la gestion active des flux de capitaux par la Banque nationale d’Ukraine, NBU), le déficit budgétaire est beaucoup plus important que prévu.

Des réserves épuisées dans les six mois

Le déficit mensuel en avril était d’environ 2,8 milliards de dollars, et les estimations pour mai s’élèvent à 4 à 5 milliards de dollars par mois. Avec des réserves de change de quelque 30 milliards et compte tenu du déficit de financement extérieur actuel, les avoirs de la NBU pourraient être épuisés dans les six mois.

Le communiqué des ministres des finances du G7, le 20 mai, à l’issue de leur réunion à Petersberg (Allemagne), constitue une étape importante pour corriger cela. Ils se sont engagés à contribuer à faire ce qui est nécessaire pour stabiliser la situation économique et financière ukrainienne. La Commission européenne s’emploie pour sa part à augmenter son assistance macrofinancière jusqu’à 9 milliards d’euros, mais la mobilisation de ces nouveaux prêts nécessite un programme du FMI.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Société financière internationale, le bras armé de la Banque mondiale, pourraient réunir ensemble quelque 3,4 milliards de dollars pour soutenir le secteur privé ukrainien, mais cela nécessiterait un programme et un cadre macroéconomique clairs.

Les Etats-Unis viennent d’adopter un paquet ambitieux d’aide à l’Ukraine pour quelque 40 milliards de dollars, dont 8,8 milliards pour un fonds destiné à aider le gouvernement ukrainien à continuer à fonctionner. En outre, ils engagent 4,4 milliards de dollars de subventions pour l’aide internationale en cas de catastrophe, dans le cadre d’un effort visant à endiguer le choc sur les chaînes de production agricole mondiale résultant de la guerre.

Lire le reste de l’article sur le site du Monde

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/05/30/guerre-russo-ukrainienne-penser-aux-besoins-financiers-immediats-de-l-ukraine-est-urgent_6128185_3232.html

Aminata Touré: “Groups push harder for creation of IACC”

…As 250 eminent individuals, 75 countries append signatures

Henry Uche

As the call for the institutionalisation of International Anti-corruption Court (IACC) is gathering more momentum, Global Civil Society Organizations have expressed optimism for its actualization as more persons and corporates append signatures to this effect.

In its quarterly newsletter, the Integrity Initiatives International (III) – the coordinating campaigner of IACC and its Nigeria Civil Society Partner- HEDA Resource Center has announced a global efforts to strengthen the enforcement of criminal laws to punish and deter corrupt leaders and end impunity for grand corruption.

In his message, the Chair of III, Judge Mark L. Wolf, said Integrity Initiatives International has catalyzed a rapidly progressing campaign to create an International Anti-Corruption Court (IACC) and has been deeply involved with the creation of the Ukraine national anti-corruption court, as well as the selection and training of its judges.

Quoting former U.K. Prime Minister- Gordon Brown, he restated, “Every day Putin continues to hold power, the case for an International Anti-Corruption Court grows.” If the IACC had been established years ago, it is more likely that Putin would now be in prison, rather than criminally killing Ukrainians.

III boss maintained that two recent events gave him even deeper understanding of the urgent importance of III’s mission of strengthening the enforcement of criminal laws against kleptocrats.

III revealed that 40-plus former Countries Presidents and Prime Ministers supported the creation of IACC. “Integrity Initiatives International (III) and Club de Madrid announced that 42 former Presidents and Prime Ministers are now among more than 250 eminent individuals from over 75 countries who have signed the Declaration calling for the creation of an International Anti-Corruption Court (IACC).

He added that the Declaration advocates for a new international court to punish and deter grand corruption – the abuse of public power for private gain by nations’ leaders (kleptocrats) – who thrives in many countries and has devastating consequences for climate change, human rights, human health and international peace and security, as has been made tragically evident by the war in Ukraine and the loss of staggering sums of COVID-19 relief funds to fraud.

“Grand corruption has global dimensions and cannot be combatted by the affected countries alone. This is the main reason why an International Anti-Corruption Court is needed”, said Danilo Türk, President of Slovenia (2007-2012) and President of Club de Madrid.

The campaign to establish the IACC has progressed rapidly since the first 100 world leaders signed the Declaration in June 2021. III is poised to strengthen the enforcement of criminal laws to punish and deter leaders who are corrupt and regularly violate human rights.

“Corruption is a great hindrance to building trusted institutions and a threat to social stability. Fighting corruption requires our strong collective commitments and efforts”, said Prime Minister Aminata Touré, Prime Minister of Senegal (2013-2014) and Member of Club de Madrid.

III also announced in April that a total of 32 Nobel laureates have now endorsed the IACC initiative.

“Integrity Initiatives International joins the legions of vulnerable victims of kleptocrats throughout the world in being deeply grateful to the many former Prime Ministers and Presidents who recognize that an International Anti-Corruption Court is urgently needed and who are energetically striving to make it a reality”, Wolf affirmed.

On his part, the chairman of HEDA, Olanrewaju Suraju reiterated that HEDA would never back out from supporting the birth of IACC, as it would continue to engage like-minds and relevant stakeholders in Nigeria to see IACC realized.

“We organised a conference solely for IACC in Abuja where persons and corporates from the private sector but mostly from the public sector (across MDAs) gave nods. I believe the message has been passed and people can see reasons to support IACC with every resources needed.

“Malfeasances and impunity is becoming unbecoming in Nigeria, even as economic condition festers. But we shall continue the campaign, we will never give up, because corrupt practices have done (in my own words), ‘Irreparable damage’ in every sphere of our national life,” he bemoaned.

Read the article on the Sun website.

Mariam Al Mheiri: “Climate minister inaugurates UAE’s first ‘waste-to-feed’ project”

Black soldier fly larvae are fed leftover food and harvested for animal feed and organic fertiliser

Mariam bint Mohammed Almheiri, Minister of Climate Change and Environment, inaugurated the UAE's first project that will upcycle organic waste into high-quality products. Photo: Waste-to-Feed Project

The UAE‘s first ever project that recycles food waste and turns it into animal feed, organic fertiliser and oil was inaugurated by a top official on Friday.Mariam Al Mheiri, Minister of Climate Change and Environment, signed an agreement to support the pioneering project by Circa Biotech, a company that farms black soldier fly larvae by feeding them leftover food waste.The larvae consume the waste and grow before being turned into high-protein feed for livestock, among other things.

The world is witnessing a rise in capital funding for insect-farming companies
Mariam Al Mheiri, Minister of Climate Change and Environment

“This agreement is part of the UAE’s ongoing drive to enhance food security and sustainability based on innovation, green development and climate change mitigation,” said Ms Al Mheiri after a tour of the company’s headquarters in Masdar City in Abu Dhabi.“The project leverages nature-based solutions to address challenges resulting from the accumulation of organic waste.

“This way, it creates sustainable economic opportunities that strengthen the resilience of our food supply chain while transforming waste from an environmental burden into an economic resource.”Circa Biotech’s project will initially produce 1.5 tonnes of organic fertiliser per month — with the goal of handling 200 tonnes of food waste per day.The company aims to decrease dependence on more expensive fishmeal for livestock feed.“The world is witnessing a rise in capital funding for insect farming companies,” Ms Al Mheiri said.“Circa Biotech’s project follows the principles of circular economy by using organic waste and the nutrients it contains as inputs into the feed production process, thus enhancing food security.”

The animal feed is rich in proteins, fats, minerals and vitamins. The larvae can be harvested every 14 days, due to the short 45-day life cycle and high fertility of the black soldier fly.In addition, this insect does not transmit diseases, nor cause damage or infestations, and is a non-invasive species.

The larvae are reared in an environment with sensors that record real-time temperature, humidity and carbon dioxide levels under special lighting.

All of this together ensures efficient water consumption and has a limited effect on the environment.

“At Circa Biotech, we developed an innovative process to upcycle food waste into protein-rich animal feed using industrial insect farming,” said Haythem Riahi, co-founder and chief executive of Circa Biotech.

“It’s a commercially viable solution to locally produce animal feed with a highly sustainable process. At a full industrial scale, we plan to produce 22,000 tonnes of animal feed per year.”

Circa Biotech has participated in several entrepreneurship competitions across the UAE and its primary goal is improving the management of organic waste in megacities with a focus on saving it from the landfill.

Read the article on The National website.

Kevin Rudd: “How to Avert a Conflict Between China and the US”

In this special episode, Andrew Mueller sits down with the former prime minister of Australia, Kevin Rudd, to discuss the volatile relationship between superpowers China and the United States, the possibility of a catastrophic war between them – and how to avert such a conflict – and what he learned during his lengthy meetings with Xi Jinping.

Listen to the podcast on the Monocle website.

Jean Pisani-Ferry : « Contrairement à une légende tenace, les marchés ne demandent pas l’austérité, mais la clarté »

L’économiste estime, dans sa chronique, à environ 50 milliards d’euros par an les besoins supplémentaires de financement public pour les secteurs de l’éducation, de la santé, de la transition écologique, de la défense…

Publié le 28 mai 2022 à 05h00 – Mis à jour le 28 mai 2022 à 05h00

C’est en vain qu’on chercherait les mots « dette » ou « déficit » dans le programme présidentiel d’Emmanuel Macron. Pendant la campagne, la question des finances publiques n’a pas été posée (sauf, avec le succès que l’on sait, par Valérie Pécresse). Il est temps d’y venir.

Le problème n’est pas l’imminence de la menace. Les récentes prévisions de la Commission européenne estiment une baisse de 5 points du ratio de dette entre 2020 et 2023. Et si les taux ont un peu remonté, ils restent très faibles en termes réels. On doit certes envisager la possibilité d’une vraie récession, et on peut imaginer un retour de l’inquiétude sur les marchés, par exemple en cas de tensions politiques en Italie. Mais, fondamentalement, ce n’est pas cela qui doit nous alarmer.

Le problème n’est pas non plus que le gouvernement mobilise les finances publiques dans la lutte contre l’inflation. Pour hétérodoxes qu’ils soient, tarifs régulés, baisses de TVA et subventions ciblées sont des réponses utiles qui permettent de préserver le pouvoir d’achat et de contenir la montée des anticipations d’inflation. La France a payé plus cher que cela pour restaurer sa compétitivité.

Le problème n’est pas, enfin, le pari sur le plein-emploi. Comme l’a écrit Patrick Artus dans ces colonnes, il est grand temps de cesser de prendre pour une fatalité ce qui, chez nombre de nos voisins, ne l’est plus depuis des lustres. Le sous-emploi de masse est une calamité économique et sociale à laquelle nous nous sommes trop longtemps résignés et dont les effets sont massifs. Imagine-t-on, par exemple, qu’en 2019 la dépense budgétaire pour l’emploi (indemnisation, formation, allégements, incitations) s’est élevée à 144 milliards contre 128 milliards pour l’éducation (de l’école primaire au doctorat) ? En mettant 20 milliards de plus sur l’éducation, de combien améliorerait-on, à terme, la performance sur l’emploi ?

Corriger les travers

La bonne stratégie budgétaire n’est ainsi pas de mettre la cape parce que le temps s’assombrit. Elle est d’investir à bon escient pour corriger nos travers et relever le niveau d’activité. Mais cela ne doit pas empêcher de compter. Et c’est là que le bât blesse.

Dans les vingt prochaines années, la France va devoir dépenser nettement plus pour l’éducation. Plus que les tests PISA, un peu abstraits, les reportages sur la difficulté à recruter des enseignants ou la surprise des enfants ukrainiens face au médiocre niveau mathématique de nos écoles ont souligné l’ampleur de notre retard. Quant à l’université et à la recherche publique, elles sont sinistrées. Combien faudra-t-il ? Certainement plus de 10 milliards par an.

Le Davos d’un monde fragmenté

Le Forum économique mondial se réunissait à Davos pour la première fois depuis plus de deux ans, sans les Russes et les Chinois. La guerre en Ukraine et ses conséquences dévastatrices ont dominé les débats sur fond de craintes de récession. Mais l’optimisme était palpable aussi car de nouveaux flux d’innovation sont en marche.

Par Nicolas BarréJean-Marc Vittori

Publié le 26 mai 2022 à 12:43Mis à jour le 26 mai 2022 à 14:45

C’était un Davos différent. Pour la première fois en un demi-siècle, le Forum économique mondial se tenait en mai (concurrencé par le festival de Cannes, ironisait un Indien) et non en janvier. Deux grandes nations en étaient absentes : la Russie pour cause de guerre, la Chine pour cause d’épidémie. Et il y avait 2.500 participants au lieu de 3.000 , d’où parfois l’impression de flotter dans un costume un peu trop grand.

Ajouté à cela un fort parfum de partition du monde, rappel d’une autre époque. « Lorsque la Russie fait main basse sur le blé ukrainien, cela rappelle la période soviétique », lâche la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Mais si le monde se fragmente, si des menaces se profilent à l’horizon comme celle d’une crise alimentaire , l’ambiance à Davos n’était pas à la déprime car un immense flux d’innovations est dans les tuyaux : vaccins, télétravail, jumeaux numériques, énergies renouvelables. « En 2018, l’armateur Maersk est venu nous demander des navires décarbonés, raconte Jim Snabe, le patron de Siemens. Nous ne savions pas comment faire ça. Mais aujourd’hui, il y en a douze en construction ». Ici, le monde change toujours aussi vite.

La récession demain ?

Chaque année à Davos, un sujet domine les esprits. La « big thing » cette fois-ci, c’est la récession. On joue à se faire peur : le monde va-t-il connaître une récession ? Pratiquement tout le monde répond non… en ajoutant que la question se pose, en tout cas pour l’année prochaine. « 2023 sera compliquée », témoigne le patron d’un grand groupe de biens de consommation.

Il faut dire que le défi n’est pas simple pour les gouvernants : calmer l’inflation qui s’emballe un peu partout sans amputer la croissance. Pendant les quatre jours du Forum de Davos, les représentants des banques centrales ont expliqué comment ils comptaient relever ce défi. Ils ont un plan en deux temps assez simple : tuer l’inflation le plus vite possible en remontant les taux d’intérêt dans les mois qui viennent et s’occuper de la croissance après.

Bien sûr, il y a des nuances. Pour les Européens, la mission de la Banque centrale est d’éviter l’inflation… à tout prix. La croissance n’est pas un objectif. Pour les Américains, les deux sont importants. La croissance l’est même davantage et la récession, insupportable. D’ailleurs, il est recommandé de ne jamais prononcer le mot.

David Rubenstein, 72 ans, le fondateur du grand fonds d’investissement Carlyle, raconte que quand il était conseiller de Jimmy Carter, le chef économiste de la Maison-Blanche, Alfred Kahn, s’était fait incendier par le président démocrate : « Ne prononcez jamais le mot en R, ça déprime les gens et ils finissent par y croire. » C’est pourquoi lorsque Carter lui demanda plus tard comment il voyait les perspectives de l’économie, il lui répondit : « Comme une banane. »

La courbe de la croissance va-t-elle s’infléchir ? « On peut encore l’éviter », estime David Rubenstein. Mais « il y a maintenant trois mots en R : récession, Russie et taux [« rates », NDLR] », ajoute Jane Fraser. Les risques sont là.

L’obsession du « net zéro »

Il faut dé-car-bo-ner. C’est le mot qui est revenu le plus souvent à Davos cette année après l’Ukraine. « Il y a cinq ans, les chefs d’entreprise s’en moquaient, témoigne le patron d’un groupe européen d’équipement. Il y a trois ans, ils ont commencé à basculer. Aujourd’hui, 1.400 entreprises ont défini une stratégie net zéro . »

Les astres se sont alignés : une lente prise de conscience ; la volonté affichée des gouvernements pendant l’épidémie ; la guerre déclenchée par la Russie, qui révèle le péril de la dépendance aux énergies fossiles. La décarbonation est « bonne pour le climat, bonne aussi pour l’indépendance », résume Ursula von der Leyen.

Mais ça ne suffit pas. Il faut aussi beaucoup d’argent – Al Gore, l’ancien vice-président des Etats-Unis, évoque 5.000 milliards de dollars par an. Nombre de techniques émergentes passent mal à grande échelle pour l’instant. « Ce sera possible seulement s’il y a une action publique prévisible, un cadre clair », estime Ignacio Galan, patron de l’énergéticien espagnol Iberdrola. Les permis de construire tardent. Et les résistances sont fortes. « On est parfois passé du NIMBY au BANANA », estime Mads Nipper, le patron du pionnier danois des renouvelables Orsted. Du « Not in my backyard » (« Pas de ça près de chez-moi ») au « Build anything anywhere for anybody », que l’on pourrait traduire par « Ne rien construire, nulle part, pour personne ». Il y a du pain sur la planche.

Le sac à dos des entreprises

Sans confiance, impossible de vacciner à grande échelle. Impossible aussi de profiter pleinement de l’immense potentiel du numérique, alors que les scandales se sont multipliés ces dernières années chez les géants des technologies de l’information.

Le message est ici au fond plutôt rassurant. Car de manière générale, les entreprises rassurent. Le sondage que publie la firme de relations publiques Edelman depuis plus de vingt ans le confirme. 62 % des sondés dans une quinzaine de pays font confiance aux entreprises (53 % en France). Ils attendent même de plus en plus d’elles. Un sur deux estime que les firmes doivent punir les pays qui violent les droits de l’homme et la loi internationale.

Les entreprises ont d’ailleurs quitté en masse la Russie après la déclaration de guerre à l’Ukraine. Elles assument de facto une responsabilité géopolitique. Leur sac à dos ne cesse de s’alourdir, avec des risques pour la légitimité de leur action.

Le vrai problème de la confiance est ailleurs. Elle grandit avec le niveau de revenu. Or c’est le signe d’une société de plus en plus fracturée. A Davos, les images des « gilets jaunes » sont restées dans toutes les têtes. Et les entreprises n’y peuvent pas grand-chose.

Coucou la semaine de quatre jours

A chaque édition, les organisateurs du Forum glissent un débat sur une innovation sociale provocante. Il y a deux ans, c’était le revenu universel. Cette fois-ci, c’est la semaine de quatre jours . Tous les participants – un psychologue, une ministre émiratie, la patronne d’un think tank américain influent, une activiste britannique et le patron du géant de l’intérim Manpower, Jonas Prising – sont à fond pour, même si eux-mêmes admettent travailler six ou sept jours par semaine. L’un rappelle la baisse du temps de travail de Henry Ford il y a plus d’un siècle, l’autre une usine de céréales Kellogg qui avait décidé la semaine de quatre jours dans les années 1930. Davantage de temps pour se reposer, être en famille, faire du sport…

Dans la salle, un chef d’entreprise inconscient ose évoquer le problème de revenus qui pourrait en résulter. L’argument est balayé au nom des gains de productivité engendrés par un travail plus supportable. Un entrepreneur franco-philippin, venu de Manille, évoque les 35 heures en France. Rire dans la salle. Jonas Prising démolit ce dispositif qui n’a permis, selon lui, d’atteindre aucun de ses objectifs. Sa conclusion ? « Un échec cuisant ». Pas si facile, finalement.

Les absents ont toujours tort

L’histoire a fait grand bruit. Depuis la chute de l’Union soviétique, la Fédération de Russie louait chaque année un vaste bâtiment en plein centre de Davos pour y installer sa vitrine, « Russia House » et faire la promotion d’une Russie ouverte au capitalisme. Lorsque la direction du Forum a décidé de ne pas inviter de Russes, le milliardaire ukrainien Victor Pinchuk, un familier du Forum, s’est précipité pour louer l’endroit et le rebaptiser « Russia War Crimes House ». Des milliers de participants ont défilé dans ce bâtiment où étaient exposées des images insoutenables du conflit. Intervenant en vidéo, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a enfoncé le clou : « Il faut aller au-delà de l’embargo. Coupez vos liens avec l’agresseur, vos marques ne doivent pas être associées à des crimes de guerre. » L’intervention a été saluée par une ovation debout.

Très largement absents pour une autre raison, la politique du zéro Covid, « pire décision de Xi Jinping » selon George Soros, les Chinois ont laissé la place aux Indiens, venus en force. Dans la tech, les Infosys, Wipro ou HCL Technologies rivalisent avec les Google, Meta ou Intel. Et les dirigeants de plusieurs grands Etats indiens, Tamil Nadu (67 millions d’habitants), Andhra Pradesh (50 millions), Karnataka (64 millions) – chacun de la taille d’un grand pays européen – étaient tous présents.

« L’Inde connaîtra probablement la plus forte croissance des grandes économies cette année », a estimé Salil Parekh, le patron d’Infosys. Un optimisme qui contraste avec les perspectives chinoises. Pékin annonce officiellement 5,5 % de croissance, le FMI prévoit un point de moins, mais les rares Chinois présents à Davos sont plus circonspects. « Nous serons plutôt proches de notre croissance de 2020 », a lâché l’un d’eux. Soit 2,3 %.

Le coup d’éclat d’Albert Bourla

Le patron de Pfizer, Albert Bourla, n’est pas monté à Davos les mains vides. Il a profité de l’occasion pour frapper un grand coup en annonçant que son groupe allait mettre à la disposition des 45 pays les plus pauvres de la planète tous les médicaments sous licence, actuels et futurs, que son groupe fabrique.

« Nous fournirons tous ces médicaments au coût de leur fabrication, hors frais de recherche. Cela concerne 1,2 milliard de personnes », a-t-il insisté. D’autres grands laboratoires pharmaceutiques pourraient suivre. « J’en suis certain, j’ai parlé à plusieurs dirigeants », ajoute-t-il.

Le patron du labo américain s’est aussi montré optimiste sur les promesses de la technologie de l’ARN messager. « Nous travaillons sur un vaccin unique pour le Covid et la grippe, mais une deuxième vague d’innovations arrive dans le traitement des cancers et une troisième s’annonce dans les maladies génétiques », dit-il. Quant aux risques d’une nouvelle pandémie ? « Il faut s’y préparer sans peur. La science va triompher. Le problème, c’est plutôt de faire en sorte que tout le monde ait accès à l’innovation. Nous en sommes encore très loin. »

Nicolas Barré et Jean-Marc Vittori (Envoyés spéciaux à Davos (Suisse))

Lire l’article sur le site des Echos

https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/le-davos-dun-monde-fragmente-1409563

Is the Syrian front about to witness new disruption?

Turkish President Recep Tayyip Erdogan has threatened a new incursion into the northeast of Syria. He said last Thursday that a decision would be taken on the matter. Turkey today can benefit from the position it acquired due to the Ukraine war to impose its conditions on the different players. On the other hand, Daraa in the southwest borders with Jordan and Israel seems increasingly unstable with the smuggling of arms and drugs.
The incursion has been a goal for Turkey for a while. Last year it had plans for an incursion, however, those hopes were strongly pushed back by the US. Now that Turkey is playing a key role in mediation with Russia and in preventing Russia’s navy from crossing the Bosporus and Dardanelles Strait, the US does not have the luxury to show Turkey a strong stand. Hence, Erdogan can put forward demands that he could not before.
To start with, Erdogan is facing a tough election battle next year. There are two main issues in Turkey regarding Syria: The refugees and the Kurdistan Workers’ Party — the PKK — and its Syrian wing, the People’s Protection Units — the YPG. Erdogan opponents’ main criticism has been the issue of the Syrian refugees. Discontent with the refugees is growing by the day. The Turkish opposition is framing the presence of Syrian refugees as Erdogan’s fault. Turkey, on the other hand,  does not see day and night between the YPG and the PKK, and this perception extends beyond Erdogan; there is general consensus around it.
The YPG empowerment is perceived as a threat for Turkey. Ankara sees that the US is supporting a terrorist organization that has been targeting the Turkish mainland for three decades. Hence the Turkish project of creating the buffer zone through relocating the Syrian refugees who come from all over Syria in the northeast.
However, the project is more of a negotiating card and a publicity stunt than a plausible plan in the pipeline. Internally, this project will diffuse the public anger against refugees and it is a pressure point Turkey can use with the US and the West. Turkey knows that the buffer zone is not viable. To start with, even if Turkey built compounds in the northeast, refugees would not voluntarily leave Turkey and move into them. Also, sending refugees back to other people’s homes is opening a can of worms. It will generate resistance and instability on Turkey’s borders. To add to that, it is a very big task to relocate 1 million people.
Today the US needs Turkey and Russia is too weak to oppose. While everyone was expecting to wake up on Friday to news of a large-scale invasion, this did not happen. It seems Turkey is negotiating for better terms with the Americans. The leverage Turkey has accumulated during the Ukraine crisis is going to be cashed in Syria. Every time Ankara conducted an incursion in Syria, it had before that brokered a deal with the US or Russia.

In the Syrian arena, the main concern is reining in Iran and protecting the borders of Jordan and Israel.

Dr. Dania Koleilat Khatib

Turkey cannot conduct a cross-border operation and threaten the current rapprochement with the US or risk being the target of a new set of sanctions. Chances are Turkey is preparing the ground for a cross-border operation in which it pushes the YPG 30 km away from the Turkish borders. Today, pushing the YPG away from the borders seems to be the prime target of Turkey. Such an operation will create disruption on the Syrian scene.
In addition to the northern front, the southwest is another unstable front.The tactical strikes to keep Iran in line are no longer enough. Israel and Jordan are now on edge. Jordan has tried to strike a deal with Bashar Assad to keep its borders stable.
When King Abdullah met with US President Joe Biden, one main element on the agenda was the rehabilitation of Assad. The logic that Jordan followed was that Assad won and it is better to patch things up with him in order to minimize the damage that could come from his regime.
However, the gesture toward Assad did not make him adopt good behavior with his neighbor. On the contrary, drug and arms smuggling has been on the rise. Jordan recently said that pro-Iran Syrian army units were trying to smuggle drugs worth hundreds of millions of dollars to the Gulf via Jordan.
Jordan and Israel are worried that the void left by Russia in the southwest will be quickly filled by Iran. There is also another concern for the Israelis which are the “smart” weapons coming from Iran to Lebanon via Syria’s borders. This makes the Hezbollah arsenal lethal to Israel, which cannot afford to have any of its critical infrastructure hit.
The US refusal to remove the Islamic Revolutionary Guard Corps from the terrorist list will probably spur Iran to increase its aggressiveness as an act of retaliation. Hence, today, in the Syrian arena the main concern is reining in Iran and protecting the borders of Jordan and Israel, and the US is not in the mood to confront Turkey.
Turkey can use this to get better terms with the US. The Biden administration’s aim was a frozen conflict in Syria. The conflict seemed too complicated to be solved. The US aim was for the Turks to stay where they are in the northwest, to continue supporting the YPG while making sure the Al-Hol camp is under control, and add to that maintaining the security of the borders of Jordan and Israel.
In short, the US policy was keeping the lid on the conflict. However, this policy seems unsustainable as we are heading to a new disruption. The disruption could be another large-scale operation in the northeast or it could be an operation in the southwest. It is difficult to predict how exactly events will play out, but chances are we are heading to new events that will push the US to make some serious decisions on Syria. One thing is for sure: The status quo in Syria is about to be disrupted.

 Dr. Dania Koleilat Khatib is a specialist in US-Arab relations with a focus on lobbying. She is co-founder of the Research Center for Cooperation and Peace Building, a Lebanese NGO focused on Track II.

Read the article o, the website arabnews

https://www.arabnews.com/node/2091491

Jean-Pierre-Cabestan : “Nul ne sait quelle forme prendrait l’engagement américain pour défendre Taïwan”

L’ambiguïté stratégique américaine a été « en partie levée », reconnaît le sinologue, auteur de « Demain la Chine : guerre ou paix ? ». À plusieurs reprises, le président Joe Biden a affirmé que Washington « défendrait » Taïwan en cas d’agression chinoise, ce que ses prédécesseurs n’avaient jamais dit aussi franchement, de peur d’encourager l’indépendance de Taïwan, casus belli pour Pékin. Mais la question de la « défense » de « l’île rebelle » par les États-Unis reste entière, souligne Jean-Pierre Cabestan dans cet entretien accordé à Asialyst. Que pourrait faire Taïwan si les Américains, comme avec l’Ukraine, décidaient de ne pas intervenir directement sur le terrain et de ne pas être « cobelligérants » ?

ENTRETIEN

Jean-Pierre Cabestan est directeur de recherche au CNRS et chercheur associé à Asia Centre (Paris) et au Centre d’étude français sur la Chine contemporaine (Hong Kong). Il est depuis 2007 professeur à l’Université baptiste de Hong Kong et directeur de son département de science politique et d’études internationales. Il a été de 2003 à 2007 directeur de recherche au CNRS, rattaché à l’UMR de droit comparé de l’Université de Paris 1. Il a dirigé de 1998 à 2003 le Centre d’études français sur la Chine contemporaine situé à Hong Kong ainsi que ses publications, Perspectives chinoises et China Perspectives.

Auteur de plusieurs livres sur la Chine, il a publié son dernier ouvrage « Demain la Chine : guerre ou paix » chez Gallimard en septembre 2021.

Le sinologue Jean-Pierre Cabestan. (Source : Les Échos)
Le sinologue Jean-Pierre Cabestan. (Source : Les Échos)

À la lumière des conséquences pour la Russie de la guerre menée en Ukraine depuis le 24 février, le régime de Xi Jinping va-t-il en tirer les enseignements pour Taïwan ?
Oui bien sûr, il en tirera tous les enseignements qui lui semble utiles. Je crois que le gouvernement chinois observe de très près le conflit en Ukraine. Il essaie de voir si l’invasion de l’Ukraine par la Russie présente pour la Chine de nouvelles opportunités concernant Taïwan ou, au contraire, si ce conflit éloigne la perspective d’un règlement, y compris par des moyens militaires, de la question taïwanaise.
Et selon ce que vous savez, cela penche-t-il plutôt d’un côté ou de l’autre ?
Je pense que la guerre en Ukraine conduit Xi Jinping et le gouvernement chinois à réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une aventure militaire contre Taïwan. Maintenant, il existe des arguments qui vont dans les deux sens. Le premier argument en faveur d’une invasion évidemment, c’est l’évolution très préoccupante du rapport des forces entre la Chine et Taïwan. Taïwan a des moyens limités pour contrecarrer où résister à une invasion militaire de la Chine. La Chine peut très bien tenter de passer à l’action et d’annexer Taïwan par des moyens militaires, même si le coût de cette invasion s’avère très élevé. Si c’est le cas, Taïwan devra céder et sera contraint, même avant la fin du conflit, d’accepter une forme de règlement politique qui sera évidemment très favorable à Pékin. Le premier argument, c’est l’évolution du rapport des forces militaires qui est cependant beaucoup plus asymétrique que le rapport des forces militaires entre l’armée russe et l’armée ukrainienne, et donc la plus grande faiblesse de l’esprit de défense des Taïwanais par rapport aux Ukrainiens.
L’équilibre des forces militaires en présence avec les Américains et aussi les Japonais ne penche-t-il pas très en faveur de Taïwan ?
Oui, certes. Néanmoins, la réaction américaine à l’agression russe en Ukraine peut inciter les Taïwanais à conclure qu’en cas d’attaque chinoise, les Américains opteront pour un soutien militaire et financier à Taïwan, incluant d’importantes livraisons d’armements pour défendre leur territoire, mais pas d’engagement militaire direct. De même que dans le cas de l’Ukraine, il n’existe pas d’alliance formelle entre les États-Unis et Taïwan. Il y a bien le Taiwan Relation Act par lequel les États-Unis promettent de fournir à Taïwan des armes défensives et de considérer toute atteinte à la stabilité dans le détroit de Taïwan comme un « grave sujet de préoccupation » pour les États-Unis. Mais cette loi ne contraint pas les États-Unis à s’engager dans un conflit direct avec la Chine en cas d’attaque de Taïwan. C’est ce que l’on appelle l’ambigüité stratégique des États-Unis qui reste la position officielle du gouvernement américain. Évidemment, on peut discuter de la signification de cette ambigüité stratégique alors que Washington s’oriente à l’évidence depuis plusieurs années vers une plus grande clarté stratégique. Cette ambiguïté a été en partie levée par un certain nombre de déclarations faites par le président Joe Biden, par les chefs militaires américains. Ces déclarations accréditent l’idée d’une intervention militaire américaine en cas d’agression non provoquée de Taïwan par la Chine. Mais, quelle forme prendra cet engagement ? Nul ne le sait. Et il n’en demeure pas moins que les États-Unis restent très réticents à lever complètement cette ambiguïté stratégique, qui les protège aussi contre toute déclaration unilatérale d’indépendance de Taïwan.
En conséquence, si les Taïwanais doivent se battre seuls contre l’Armée populaire de libération, seulement soutenus sur le plan logistique par les États-Unis et même par le Japon, ils seraient immanquablement dans une position de très grande vulnérabilité. Un autre argument qui est assez inquiétant est le fait que, comme on le sait, nombreux étaient ceux qui refusaient de croire à une invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Or il a pris cette décision, de manière très verticale, sans que personne ne vienne sur son chemin. Xi Jinping, aujourd’hui a quant à lui accumulé tellement de pouvoirs que l’on peut se demander s’il n’est pas dans la même situation. Gonflé par un nationalisme que l’on sait incandescent et soucieux de régler la question taïwanaise avant la génération suivante, Xi pourrait être aussi tenté de passer à l’acte et ceci dans des délais assez brefs. On constate bien qu’il y a un empressement du côté chinois et que l’avenir de la Chine, sa montée en puissance, sa « renaissance » nationale et internationale sont liés à l’unification complète de la patrie et par conséquent à l’annexion complète de Taïwan.
S’il devait perdre cette guerre, serait-ce la fin du Parti communiste chinois ainsi que de Xi Jinping ?
Je n’en suis pas sûr. Je sais bien que certains pensent qu’une défaite militaire chinoise présenterait un risque pour le Parti communiste et sa survie. Or c’est loin d’être certain. Vu la fébrilité extrême du nationalisme en Chine, je suis d’avis que le Parti communiste parviendra à sortir grandi de l’épreuve quelle que soit son issue et donc même s’il devait y avoir un échec partiel ou complet. Car en cas d’échec, quelle force politique est présente en Chine pour menacer le Parti communiste ? On réalise bien que Poutine a su parfaitement recadrer le conflit qu’il a engagé, et en particulier ses objectifs, après que les choses eurent évoluées de manière différente de ses plans initiaux. Si une guerre éclair contre Taïwan devait mal tourner, Xi Jinping peut très bien rendre publics de nouveaux objectifs et dire qu’il a gagné. Et que de toute façon Taïwan finira par céder d’une manière ou d’une autre, ou a minima, fera des concessions. Je ne pense pas que le Parti communiste et le système politique chinois soient menacés directement par un conflit militaire avec Taïwan qui se solderait par un échec. Il n’y a pas d’alternative au PCC en Chine populaire aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’un échec ne provoquerait pas de divisions au sein du Parti. On peut penser que ces divisions conduiront à l’adoption d’une politique de réunification plus modérée, renouant avec la « stratégie de développement pacifique » des relations à travers le détroit prônée par Hu Jintao, par exemple. Mais je pense que même si parmi les élites, de telles divisions il y a, celle-ci ne sont pas de nature à conduire à un changement de régime.
N’existe-t-il aucun débat dans les sphères dirigeantes à Pékin sur l’opportunité d’une attaque contre Taïwan ?
Je resterai prudent car il existe probablement des responsables du Parti qui sont beaucoup moins chauds, dont les réformistes tels que le Premier ministre Li Keqiang ou le vice-Premier ministre chargé de l’économie Liu He. Même parmi les chefs militaires de l’APL qui seraient les premiers concernés par une telle aventure. Ils doivent être un peu inquiets tout de même de savoir s’ils peuvent atteindre les objectifs militaires que le Parti leur aura assignés, s’ils ont les moyens de les atteindre ou s’il ne vaudrait pas mieux, au contraire, continuer à utiliser ces zones grises entre la guerre et la paix pour créer de plus en plus une zone d’insécurité autour de Taïwan, d’entamer petit à petit le moral des Taïwanais et les obliger à faire des concessions, notamment l’acceptation du principe de la Chine unique dans un premier temps du moins. Une autre question est de savoir si Xi Jinping possède en réalité autant de pouvoir personnel que Poutine. Je n’en suis pas sûr non plus. Evidemment, il a concentré énormément de pouvoir entre ses mains. Néanmoins pour une décision comme celle-ci, une attaque contre Taïwan, il ne peut pas la prendre seul. Comme on le sait, le PCC est constitué d’un ensemble de structures, le Comité permanent du Bureau politique (7 membres), le Bureau politique (25 membres), la Commission militaire centrale (7 membres). Est-ce qu’il peut prendre cette décision seul si une majorité des membres de ces instances sont réservés ? C’est la question que je me pose. Bien sûr, le Comité central (plus de 200 membres) est en dehors du coup. Une telle décision ne concernerait que ces trois instances. Mais je pense que Xi serait obligé d’obtenir leur aval formel.
La perspectives de sanctions économiques occidentales contre la Chine pourrait-elle la dissuader d’agir à Taïwan ?
À mon sens, le verre est à la fois à moitié plein et à moitié vide. Difficile aux pays proches de Taïwan de ne pas en prendre. Or de telles sanctions peuvent malgré tout faire très mal à l’économie chinoise à un moment où celle-ci ralentit, alors qu’il y a des tentatives de découplage qui ne sont pas dans l’intérêt de la Chine.
Que dire de la préparation militaire de Taïwan à une invasion chinoise ?
Non seulement Taïwan est bien armé, mais que les forces taïwanaises sont en train d’améliorer leurs capacités de défense en s’orientant vers une restauration d’un service militaire long, en améliorant la préparation des forces de réserve, en se dotant d’armement beaucoup plus offensifs et aussi en renforçant leur politique et leur stratégie dite du « porc-épic ». Celle-ci consiste à consolider d’une manière générale la protection des installations sensibles et la capacité de dissuasion conventionnelle face à la Chine.
Pékin peut-il passer outre le risque d’un soutien américain en cas d’attaque de Taïwan ?
La Chine ne peut faire abstraction de la forte possibilité d’une intervention des États-Unis, en dépit des risques de nucléarisation du conflit, d’embrasement et de déclenchement d’une troisième guerre mondiale attachés à une telle intervention. Est-ce que la Chine veut vraiment être responsable de tout cela ? Là est la grande différence avec l’Ukraine. L’Ukraine ne fait pas partie du périmètre de sécurité de l’Occident et ne fait pas partie de l’OTAN. En revanche, même si Taïwan n’est pas un allié formel des États-Unis, je vois mal comment les États-Unis peuvent abandonner Taïwan sans fragiliser de manière irréversible leurs alliances dans la zone, notamment avec le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, les Philippines et la Thaïlande. Donc c’est toute la crédibilité des États-Unis en Asie-Pacifique qui est en jeu. Si l’on prend la question différemment, pour Joe Biden est-il envisageable de laisser les Chinois l’emporter sur Taïwan ? Ce serait non seulement la fin de la Pax Americana en Asie-Pacifique mais aussi une défaite majeure du monde démocratique face au bloc autoritaire conduit par la Chine et la Russie. Ce serai là un tournant crucial avec des conséquences autrement plus profondes et durables que l’issue du conflit en Ukraine. À ces arguments, on doit ajouter enfin que l’armée chinoise n’a pas été testée depuis très longtemps. On ne sait pas comment elle se comporterait en mer et dans les airs. Car il y aurait une bataille aérienne et une bataille navale. Celui qui contrôle les airs contrôle les mers.
Comment pour la Chine à la fois garder ses distances avec la Russie sans pour autant basculer dans une soumission à l’Occident ?
On voit bien que les autorités chinoises sont en train de louvoyer. Elles s’aperçoivent qu’à être trop alliés de Moscou, elles risquent de payer le prix fort. Donc on les a vu publier une interview du ministre ukrainien des Affaires étrangères. La Chine essaient de se montrer compréhensive à l’égard de l’Ukraine et a surtout très peur pour ses entreprises. Le gouvernement chinois fait donc tout pour que ses entreprises, publiques comme privées, ne tombent pas sous le coup des sanctions américaines. Car ces entreprises pourraient très bien devenir des victimes collatérales des sanctions. La Chine se gardent donc bien de dépasser les lignes rouges imposées par Washington. Cela ne veut pas dire qu’elle a interrompu tous ses échanges économiques avec la Russie, mais à l’évidence, la Chine est extrêmement prudente. Et puis il y a aussi l’image internationale de la Chine. Pékin comprend bien qu’il est préférable d’apparaître neutre, tout en étant dans les faits très aligné sur Moscou. Car cette neutralité de façade lui apporte beaucoup de soutien dans les pays du Sud. Ces pays pensent assez largement que l’Ukraine est une affaire européenne qui ne les concerne pas ou peu. Plus largement, l’intérêt de la Chine est que ce conflit prenne fin le plus tôt possible pour que les prix des matières premières, des céréales, des produits alimentaires et du pétrole baissent à nouveau et retrouvent un niveau plus abordable pour ces pays, comme pour elle. Pour autant, il faut bien garder à l’esprit la déclaration du 4 février qui illustrait un alignement sur la Russie très clair, à la fois en ce qui concerne le régime intérieur, l’ordre mondial, la vision du monde et même l’OTAN.
Plusieurs signes semblent attester du fait que l’économie chinoise est actuellement dans une très mauvaise passe. Une croissance du PUB qui dégringole, des investisseurs occidentaux qui quitte la Chine, une démographie en berne. Comment voyez-vous tout cela ?
Tout ceci constitue autant de facteurs de faiblesse, de vulnérabilité du pouvoir chinois. Mais cette évolution est relative. Certes, l’économie va moins bien, il y a de vrais problèmes dans le secteur immobilier dus à un endettement colossal ; le secteur privé est moins favorisé qu’auparavant et le régime est inquiet pour son avenir. Une forme de découplage est en train de prendre forme, une sorte de démondialisation qui n’est pas dans l’intérêt de la Chine et à laquelle d’une certaine manière la Chine a aussi contribué avec sa politique dite de « double circulation ». Ceci explique d’ailleurs que la Chine entend réduire sa dépendance avec le monde extérieur, tout en évitant que le monde extérieur ne réduise sa dépendance à son égard. Ce qui est assez paradoxal. La démographie est aussi un problème. Le vieillissement de la population est un facteur de ralentissement économique et de vulnérabilité. Quant à la réduction des investissements occidentaux, elle constitue moins un problème pour la Chine car d’autres pays peuvent y investir. En outre, la Chine a elle aussi des ressources pour compenser cette chute des investissements directs étrangers. Le fait que les pays occidentaux aient tendance à partir n’est pas forcément une mauvaise chose aux yeux du PC. Ce qui est certain depuis 2014-2015, c’est que les investissements étrangers sont moins bien accueillis, sauf s’ils apportent des hautes technologies. Aujourd’hui, la Chine pense qu’elle n’a plus besoin de nous et qu’elle peut elle-même acquérir les technologies qui lui manquent. Elle cherchera à les acquérir par d’autres moyens, attirer les cerveaux, en achetant les cerveaux chinois ou étrangers, en volant de la technologie là où il est possible de la voler et en augmentant son autonomie scientifique et technologique à travers un investissement massif en recherche et développement. Pour l’heure, les succès chinois dans ce domaine sont inégaux. On voit bien que dans le domaine des semi-conducteurs ou des réacteurs, ils n’en sont pas encore là. Mais cette autonomisation va se poursuivre.
Comment voyez-vous le XXème congrès du PCC à l’automne ?
Je le vois se profiler derrière un épais brouillard où il reste néanmoins une figure tutélaire qui est celle de Xi Jinping. Il va se succéder à lui-même. On voit mal qui pourrait le mettre en danger. Je sais qu’il y a des critiques contre lui qui se précisent et qui s’affirment et qu’il est davantage contesté qu’il a pu l’être avant. Que la gestion de la pandémie à Shanghai, Pékin et ailleurs ne l’aide pas beaucoup. Et même clairement le dessert. Les tensions avec l’Occident sont, elles aussi, un problème, tout comme son alignement avec la Russie qui est un sujet de discussion. Plus largement, le durcissement du régime ainsi que la place plus réduite du secteur privé, tous ces sujets font débat. L’avenir à long terme du régime semble s’obscurcir quelque peu. Mais il y a là une vraie contradiction. Celle de continuer de s’appuyer sur le secteur privé comme principal moteur de la croissance et donc de laisser une plus grande autonomie aux chefs d’entreprises privées, alors que cette autonomie représente un danger politique pour le régime. Nous avons vu que Xi Jinping a réagi à ce phénomène en rappelant à l’ordre des figures importantes du secteur privé comme Jack Ma. Lors de ce XXème Congrès, Xi Jinping va probablement promouvoir certains de ses poulains mais je ne pense pas qu’il choisira un successeur. Ce serait une erreur de sa part de le faire et il va plutôt mettre en compétition un certain nombre de responsables de la sixième génération.
Considérerez-vous que le régime chinois est désormais en bout de course ?
Je ne le pense pas. Évidemment, je comprends bien la question. Il y a là une certaine paranoïa croissante du régime. La mise au pas de Hong Kong est à la fois une manifestation de sa puissance mais aussi un aveu de faiblesse, car considérer Hong Kong comme une base de subversion montre bien que ce régime n’est pas très sûr de son avenir, que la moindre critique est considérée comme une menace pour sa stabilité. Mais d’un autre côté, je vois mal là encore les forces qui pourraient déstabiliser ce régime et proposer une alternative démocratique. La structure du parti, son influence sur la société et son fonctionnement sont tels que le régime et la société de la République populaire se sont soviétisés, favorisant l’apparition d’un nouvel homo sovieticus qui aura du mal à évoluer vers autre chose. Dis autrement, il y a depuis soixante-dix ans un tel déficit de culture démocratique qu’avant que ce régime se démocratise, il se passera encore pas mal de temps.
Propos recueillis par Pierre-Antoine Donnet
Lire l’article sur me site Asialyst
https://asialyst.com/fr/2022/05/28/jean-pierre-cabestan-nul-ne-sait-quelle-forme-engagement-americain-defendre-taiwan/

Patrick Achi: “La Côte d’Ivoire a désormais repris sa place sur le continent”

Patrick Achi lance un appel aux acteurs de la lutte contre la désertification
Par David Yala
Publié le 21 mai 2022 

La 15e Conférence des des Parties à la Convention des Nations-Unies sur la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse (COP 15) a pris fin le vendredi 20 mai 2022. Présent à la cérémonie de clôture de cet évènement au Sofitel Hôtel Ivoire, le Premier ministre ivoirien Patrick Achi a envoyé un message aux acteurs de la lutte contre la désertification et la dégradation des sols.

Clôture de la COP 15 à Abidjan: Patrick Achi lance un appel aux acteurs de la lutte contre la désertification

« Les priorités étant déterminées, la mobilisation réalisée, j’invite désormais toutes les parties, à faire preuve d’efficacité et de célérité dans la mise en œuvre des projets déjà identifiés et de ceux qui émergeront demain, afin d’améliorer de manière significative le bien-être des populations de la sous-région et, par ricochet, de celle du continent et du monde entier », a déclaré le chef du gouvernement.

Le Premier ministre ivoirien s’est par ailleurs félicité de l’adhésion des participants et des partenaires à l’Initiative d’Abidjan, projet porté par le président Alassane Ouattara contre la désertification et pour la restauration des sols. Il s’est félicité de ce que les partenaires et bailleurs de fonds aient décidé d’accompagner la Côte d’Ivoire « sur un financement de plus de 2,5 milliards de dollars sur 5 ans ».

« L’Initiative d’Abidjan, autrement appelée « Programme Héritage d’Abidjan », adoptée par les Chefs d’État et de Gouvernement, le 9 mai dernier, est un modèle d’approche holistique pour une gestion efficace des effets dévastateurs de la désertification sur nos terres, sur nos peuples, sur notre avenir », a rappelé Patrick Achi qui a souhaité voir ce programme être « amendé et dupliqué ailleurs sur le continent et dans le monde ».

Outre les résolutions et décisions prises lors de ces 11 jours dédiés à la lutte contre le désert, Patrick Achi s’est félicité de l’organisation sans accrocs de ces travaux en Côte d’Ivoire. « Le pari et la réussite de l’organisation par la Côte d’Ivoire de la COP15, a poursuivi le Premier ministre, constituent, en réalité, un double symbole d’avenir. Il est d’abord celui de la renaissance de notre nation, après une décennie d’efforts inouïs, menés sous le leadership du Président de la République, Alassane Ouattara et grâce à la mobilisation extraordinaire de tout un peuple ».

« La Côte d’Ivoire a désormais repris sa place sur le continent et sa marche vers l’avenir. Notre croissance économique, nos progrès humains, nos capacités d’organisation et d’accueil, des investissements comme des événements internationaux, sont là pour en témoigner », a-t-il ajouté. Le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), Ibrahim Thiaw s’est exprimé dans le même sens. Il a félicité l’Etat ivoirien pour la qualité de l’organisation des assises.

« Je suis fier de ce que je vois, de ce que j’entends de ce que j’entrevois pour l’avenir de ce pays. Le chemin a été parsemé d’embûches. Que d’obstacles franchis que d’efforts déployés pour mettre tout le monde dans de bonnes conditions de travail et de sécurité », a-t-il dit.

Organisée autour du thème « Terres. Vies. Patrimoine : d’un monde précaire vers un avenir prospère », la COP 15 a réuni plus de 5000 participants venus de tous les continents. Plusieurs décisions ont été prises par les délégués. Il s’agit notamment de l’objectif de restaurer un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici à 2030. Au cours des deux prochaines années, la Côte d’Ivoire et son président Alassane Ouattara vont porter la voix des zones arides devant les Nations Unies.

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«La grande clarification stratégique américaine»

Joe Biden. JONATHAN ERNST/REUTERS

CHRONIQUE – Joe Biden est le premier président des États-Unis à lancer une politique claire, sans équivoque ni ambiguïté, d’arrêt de l’expansion stratégique chinoise.

Parce qu’elles ne relèvent pas toujours de décisions rationnelles, les relations internationales sont imprévisibles.

En août 2021, alors que les Américains, sans avoir pris la peine de consulter leurs alliés, quittaient Kaboul dans une panique qui rappelait leur évacuation de Saïgon en avril 1975, rares étaient ceux qui n’avaient pas conclu à un retrait stratégique des États-Unis. Jake Sullivan, le nouveau conseiller à la Sécurité nationale, n’avait-il pas annoncé, peu avant l’intronisation de Joe Biden à la Maison-Blanche, que sa politique étrangère viserait avant tout à «satisfaire les aspirations de la classe moyenne américaine»?

Emmanuel Macron, à l’automne 2021, présentait sa réponse à un tel retrait: «l’autonomie stratégique européenne». C’était le programme que le président français souhaitait vendre à ses homologues de l’Union européenne, que la France s’apprêtait à présider à compter du 1er janvier 2022.

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