
23.10.2019 – Maroc Hebdo
Wissam El Bouzdaini
Démission du président de la CGEM suite à ses propos sur l’Algérie

En s’exprimant au sujet des protestations en Algérie, le désormais ex-patron des patrons a franchi une ligne rouge.
Pour le moins, les membres du conseil d’administration de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ne s’attendaient sans doute pas à devoir se réunir tard dans la soirée de ce dimanche 13 octobre 2019 au siège de la principale organisation patronale du Royaume, boulevard Mohamed-Abdou à Casablanca. Et pour cause: qui pouvait imaginer, plus tôt dans la journée, la démission de Salaheddine Mezouar de son poste de président? «J’ai le profond regret de porter à votre connaissance que j’ai pris la décision pour des raisons de contraintes personnelles majeures de démissionner de la présidence de la CGEM à compter de ce jour,» avait, ainsi, étayé le désormais ex-patron des patrons dans un mail parvenu aux membres de la confédération peu après les coups de 15h.
“Une démarche irréfléchie”
Personne n’est dupe: s’il est des contraintes, elles ont, évidemment, moins à voir avec la vie privée de M. Mezouar, comme il le prétend, qu’avec la sortie au vitriol qu’il avait, quelques heures plus tôt, essuyée de la part du gouvernement suite à ses commentaires, faits la veille dans la ville de Marrakech, sur la situation interne de l’Algérie. S’exprimant lors de la douzième édition de la World Policy Conference (WPC), une conférence consacrée à la politique internationale avec la participation de parties prenantes venues d’horizons divers, l’intéressé avait, ainsi, avancé que «le pouvoir militaire [algérien] devra accepter de partager le pouvoir»; allusion au mouvement de protestation en cours dans la voisine de l’Est depuis le 16 février 2019. «Ce que j’observe en Algérie est porteur d’espoir. Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’Algérie ne reviendra pas en arrière (…). La solution à la problématique algérienne aujourd’hui, c’est d’amener le pouvoir algérien à accepter la solution du partage du pouvoir. Mais il devra composer avec ceux avec lesquels il a mené une guerre interne pendant dix ans. Parce que c’est l’une des rares forces organisées qui restent encore en Algérie. Toutes les formations politiques historiques sont rejetées, structurellement, radicalement, par la population,» avait-il déclaré.
En soi, le diagnostic est, à quelques généralisations près, plutôt juste et est d’ailleurs repris en Algérie même, au sein du mouvement de protestation. Mais pour le gouvernement marocain, il s’agit d’une «démarche irresponsable, maladroite et irréfléchie», qu’il «dénonce» dans le communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidents à l’étranger. «M. Salaheddine Mezouar (…) a cru devoir commenter la situation interne en Algérie (…). Cette déclaration a soulevé des questionnements au niveau de la classe politique et de l’opinion publique quant à son timing et ses véritables motivations,» fustige l’Exécutif. Et de poursuivre que «la CGEM ne peut se substituer au gouvernement de Sa Majesté le Roi dans la prise de positions sur les questions internationales et notamment le développement dans ce pays voisin». Une quinzaine de minutes plus tard, M. Mezouar quittait son poste.
Un diagnostic plutôt juste
Sans doute qu’en connaisseur des rouages de l’Etat, qu’il a servi plus de onze ans durant à différents postes de ministre (Industrie, Commerce et Mise à niveau de l’économie; Économie et Finances; Affaires étrangères et Coopération), il avait compris que ses propos avaient indisposé jusqu’aux plus hautes sphères: l’expression «gouvernement de Sa Majesté», utilisée à deux reprises dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères, est, à cet égard, sans ambages et indique que la réaction de l’Exécutif est, sinon, à mettre au crédit du Palais, du moins qu’elle a été validée par lui. «Il a franchi une ligne rouge,» commente, laconique, une source proche du gouvernement, sans vouloir en dire plus.
- Mezouar est, on le sait, habitué des professions de foi à tout le moins hasardeuses: chef de la diplomatie, il avait assuré en octobre 2015, au journal télévisé de la chaîne Médi 1, avoir déstabilisé -le terme original, «faâfaâ», est intraduisible en français-, au cours d’entretiens bilatéraux, son homologue suédoise Margot Wallström, dont le pays discutait à l’époque la possibilité de reconnaître la pseudo «République arabe sahraouie démocratique» (RASD) comme souveraine sur les provinces sahariennes du Royaume.
Attitude de non-ingérence
M. Mezouar aurait même eu droit, une année plus tôt, à une colère du roi Mohammed VI, après avoir attaqué, sans les désigner, les autorités françaises, alors en froid avec le Maroc, lors d’une réunion des partis de la majorité dans la ville de Rabat: le Souverain l’aurait, selon nos sources, vertement tancé lors d’un conseil des ministres qui s’était tenu trois jours plus tard. La question algérienne est, ceci dit, autrement délicate. Déjà, le 16 mars 2019, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait tenu à indiquer que «le Royaume du Maroc a décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie».
Car il faut dire que toute prise de position publique du Maroc et de ses autorités quant aux protestations algériennes est de nature à créditer les allégations des médias proches de l’armée de la voisine de l’Est d’une présumée tentative marocaine de déstabiliser le pays: c’est d’ailleurs suite à une de ces allégations que M. Bourita s’était prononcé. Ainsi, la junte algérienne peut détourner l’attention pour la diriger contre le Royaume. Le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, avait d’ailleurs mis en cause, le 11 avril 2019, «certaines parties étrangères, partant de leurs antécédents historiques avec notre pays, poussant certains individus au devant de la scène actuelle en les imposant comme représentants du peuple en vue de conduire la phase de transition».
Dans l’absolu, M. Mezouar a bien sûr le droit de donner ses avis et opinions sur ce qui lui chante, du moment qu’il n’engage pas l’Etat marocain: dans les couloirs du gouvernement même, beaucoup s’accordent à ce propos. Mais en même temps, les autorités marocaines ne pouvaient pas ne pas prendre publiquement leurs distances avec lui, car dans le cas contraire on aurait compris que l’aval lui aurait été donné pour épiloguer à sa guise; surtout qu’il s’agit de l’ancien ministre des Affaires étrangères du Royaume. Le principal concerné est, pour sa part, resté injoignable pour nous en dire plus sur les motivations de son retrait. Le plus ironique dans l’histoire est que le ministère des Affaires étrangères avait coup sur coup, en décembre 2016, mis à l’amende l’ancien Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, et l’ancien secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI), Hamid Chabat, pour avoir respectivement condamné les bombardements russes de l’Est de la ville d’Alep, en Syrie, et pour avoir qualifié la Mauritanie de «province marocaine». A l’époque, le ministre n’était autre que M. Mezouar luimême: le voilà qui fait à son tour les frais de la retenue des autorités marocaines…
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WASHINGTON, DC – In 1990, 12 advanced economies had a tax on household wealth. Now only four do, after French President Emmanuel Macron scrapped his country’s version in 2017. Yet, a fierce debate has erupted in the United States over the proposal by Senator Elizabeth Warren, a leading Democratic presidential candidate, to introduce a tax of 2% on the wealth of “ultra-millionaires” (and 3% on that of billionaires).
In a new book, economists Emmanuel Saez and Gabriel Zucman of the University of California, Berkeley, who have advised Warren, claim that her tax would tackle growing wealth concentration in the US and yield some $250 billion per year, or 1.2% of GDP. But critics such as Larry Summers, a former US Secretary of the Treasury under President Bill Clinton, and Greg Mankiw, who served as President George W. Bush’s chief economic adviser, argue that a wealth tax would yield little revenue, distort investor behavior, and fail to curb the billionaires’ power. The ongoing controversy over the wealth tax is bound to be a defining one for the Democrats.
The starting point of this debate is fairly clear. As Lucas Chancel of the Paris School of Economics noted at a recent conference on combating inequality organized by the Peterson Institute for International Economics, the increase in wealth concentration is unmistakable, at least in the US. According to Saez and Zucman, the top 1% of US households now own 40% of the country’s wealth, while the bottom 90% hold only one-quarter. Since 1980, the 1% and the 90% have traded places.
Economists are generally reluctant to make normative judgments about wealth inequality, because theory does not provide them with a proper yardstick for doing so. If innovators become immensely rich, it is presumably because their innovation was immensely valuable – in which case their wealth is deserved – or because they have managed to turn their idea into a monopoly rent, which should be addressed via competition policy, not taxation. Although many economists advocate curbing Amazon’s growing monopoly power, for example, most do not propose taxing away the value of Jeff Bezos’s innovation.
Furthermore, wealth taxation itself gives rise to disputes. As Mankiw suggests, consider two high-flying professionals with comparable incomes but different lifestyles. Why should the one who saves and invests be taxed more than the one who uses a private jet to go skiing? Surely, the saver contributes more to collective wellbeing; if anything, the tax burden should fall on the skier.
For that reason, many economists advocate a combination of a progressive income tax and an inheritance tax, rather than a tax on wealth. But there are two problems with this idea. The first is that many of the super-rich have little income. As Saez and Zucman point out, Warren Buffett and Mark Zuckerberg earn little more than they spend. Their wealth increases as a result of capital gains, not saved income. And because such gains are taxable only when the corresponding assets are sold, their annual increase in wealth essentially escapes taxation.
The second obstacle is that inheritance tax is politically toxic. Opinion polls consistently show that while economists love the idea, most voters hate it. Politicians understandably tend to steer clear of what most voters reject.
But if the income tax does not apply to capital gains and the estate tax does not redistribute wealth when someone dies, wealth inequality is bound to increase further. Some will say there is nothing wrong with that, provided capital is put to productive or collectively beneficial use. In Germany, for example, private companies are exempt from inheritance tax so that family-owned Mittelstand firms – which are essential to the country’s prosperity – can be transferred to the next generation.
However, a society of heirs in which a person’s lifetime labor income matters less than the capital they inherit from their parents is morally indefensible, unlikely to be politically sustainable, and may not be economically efficient. Heirs are often poor managers and poor investors.
True, a wealth tax does not come without difficulties. How, for example, should a start-up founder be taxed when their firm has a market value but is yet to generate any income? Should he or she pay the government in shares? And in Europe, which lacks a harmonized tax regime, how can national authorities cope when rich people can simply move to another country? Designing a fair and efficient wealth tax is bound to be more complicated than its proponents typically claim.
At least one thing is clear: the European wealth taxes of the past are not examples to follow. They kicked in at far too low a threshold – €1.3 million ($1.5 million) in the case of France’s impôt de solidarité sur la fortune – and were riddled with loopholes as a consequence. In the French case, a business owner was exempt as long as he or she did not sell the company. That led to successful serial start-up founders being taxed while sleepy entrepreneurs were not. And whereas a moderately wealthy French household’s financial portfolio could easily generate a negative after-tax return, the effective tax rate on the wealth of the country’s 100 richest individuals was a ridiculously low 0.02%.
As Saez and Zucman argue, a wealth tax should treat all assets equally and have a high enough threshold. Warren is proposing a 2% tax on wealth above $50 million. The equivalent threshold in Europe would probably be lower, but certainly not low enough to satisfy Thomas Piketty, who proposes in his latest book a 5% annual tax on wealth of €2 million. Whereas Warren wants to reform capitalism, Piketty would like to end it and eradicate private property as we know it.
Inequality is back at the forefront of economic policy debates, for good reason. A wealth tax is no panacea, and not even an ideal response to growing inequality at the top. But absent a better alternative, it can serve as a reasonable second-best policy. At the very least, the idea does not deserve to be banished as a heresy.