Dominique Strauss-Kahn se présente comme un partisan du Brexit… pour le bien de l’Europe

14.10.2019

Fabien Cazenave, Ouest France

Dominique Strauss-Kahn, ici en avril 2017. | YURI GRIPAS / REUTERS

L’Union européenne se portera mieux sans le Royaume-Uni selon Dominique Strauss-Kahn qui s’est exprimé auprès du Journal du dimanche à l’occasion de la douzième World Policy Conference à Marrakech la semaine dernière. Une manière pour lui d’alerter sur le déclassement de l’Europe.

Dominique Strauss-Kahn se sent « Brexiter », selon une indiscrétion du Journal du Dimanche publiée samedi 12 octobre.

À l’occasion de la douzième World Policy Conference à Marrakech, l’ancien directeur du FMI a dit tout le bien qu’il pensait du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Il a ainsi confié trouver « très bien que les Anglais fassent leur chemin de leur côté ».

Mais il ne s’agit pas pour lui de dire qu’il faut sortir de l’Union européenne. Au contraire : « Une bonne partie de la difficulté de construction de l’Europe depuis quarante ans est liée à la présence de nos amis britanniques », a-t-il expliqué, car ils « n’ont jamais voulu jouer le jeu ».

Renforcer l’Europe politique

Ce n’est donc pas la fin de l’UE qu’il souhaite, mais bien le renforcement de son intégration politique. L’ancien directeur général du FMI s’inquiète plus de la place de l’Europe dans le monde.

Selon lui, notre continent est de plus en plus faible. « La grande idée de l’Europe, lors de sa naissance, c’était justement par son union d’être un des joueurs de ce monde multipolaire. »

Avant d’ajouter : « Ce que je vois aujourd’hui me désespère un peu, moi qui ai consacré beaucoup de ma vie à ce travail. Je crains que l’Europe aujourd’hui ne soit en train de passer en seconde division. »

 

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Sèchement recadré après ses déclarations sur l’Algérie, le patron du patronat marocain démissionne de son poste

13.10.2019

Atlasinfo

Après des déclarations sur la situation intérieure en Algérie lors de la World Policy Conference à Marrakech, suivies d’un communiqué cinglant du ministère marocain des Affaires étrangères, l’ancien diplomate et actuel patron du patronat marocain, salaheddine Mezouar, vient de démissionner de son poste, ce dimanche 13 octobre, via un courriel électronique.

“Le gouvernement de SM le Roi dénonce la démarche irresponsable, maladroite et irréfléchie de M. Salaheddine Mezouar, président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), qui a cru devoir commenter la situation interne en Algérie lors d’une conférence internationale tenue à Marrakech, a indiqué ce dimanche le ministère des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’étranger.

Cette déclaration a soulevé des questionnements au niveau de la classe politique et de l’opinion publique quant à son timing et ses véritables motivations, précise le ministère dans un communiqué.

La CGEM, poursuit la même source, “ne peut se substituer au gouvernement de SM le Roi dans la prise de positions sur les questions internationales et notamment le développement dans ce pays voisin”, ajoutant que la position du Royaume du Maroc à ce sujet est “claire et constante”.

“Le Royaume du Maroc a, en effet, décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie. Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit”, a conclu le communiqué.

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Ouverture à Marrakech de la 12ème édition de la World Policy Conference

12.10.2019

Atlasinfo

Les travaux de la 12-ème édition de la World Policy Conference (WPC) se sont ouverts, samedi à Marrakech, avec la participation d’un parterre d’éminentes personnalités du monde de la politique, de l’économie et des médias, outre des académiciens, des experts et des chercheurs issus des quatre coins du monde.

Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, cette Conférence, qui se poursuivra jusqu’au 14 octobre dans la cité ocre, a pour mission de contribuer à promouvoir un monde plus ouvert, plus prospère et plus juste, ce qui suppose un effort permanent pour comprendre la réalité des forces en jeu et leurs interactions, et réfléchir à l’adaptation pacifique de l’organisation des rapports interétatiques à tous les niveaux, dans le respect de la culture et des intérêts fondamentaux de chaque Nation.

Unique par son format au nombre restreint de participants, la WPC offre ainsi un espace de réflexion et de dialogue essentiel autour des grands enjeux de la gouvernance mondiale, tout en permettant de développer des liens durables.

S’exprimant à cette occasion, le Président et Fondateur de la World Policy Conference, Thierry De Montbrial, a souligné la nécessité pour les puissances moyennes de comprendre la réalité internationale telle qu’elle est, afin de mieux prendre en main leur destin.

  1. De Montbrial, qui a fait un large tour d’horizon de la situation géopolitique et géo-économique dans le monde à l’heure actuelle, a aussi insisté sur l’enjeu de l’Union Européenne, qui dépasse celui de ses membres, car, a-t-il affirmé, “seule une Europe solide pourra peser face aux deux puissances impériales en compétition pour les prochaines décennies, ou aux autres mastodontes comme l’Inde ou le Japon”.

“La sécurité de l’Europe est intimement liée à celle de ses flancs, et je suis de ceux qui se félicitent à cet égard de la perspective d’un rapprochement possible avec la Russie”, a-t-il poursuivi, relevant l’impératif de “travailler ensemble à renforcer le développement et la sécurité de nos voisins du Sud, comme les pays du Maghreb et du Sahel, dont le destin est imbriqué avec le nôtre”.

“Si nous nous réunissons pour la cinquième fois au Maroc, c’est parce que nous sommes convaincus de cette réalité, et que nous voyons dans la co-construction de la sécurité Nord-Sud une contribution positive pour le système international dans son ensemble”, a soutenu M. De Montbrial, également Président de l’Institut français des relations internationales (IFRI).

Rappelant qu’il y a un an, à Rabat, lors de la 11è édition de la WPC, l’opinion dominante parmi les experts était que l’économie mondiale se portait bien et que ses perspectives étaient favorables, sous la seule réserve de chocs politiques susceptibles de l’affecter, il a fait constater que ceux-ci n’ont pas manqué, au-delà même de la guerre commerciale.

Et de conclure que “dans un monde aussi nouveau que celui qui s’ouvre avec la 5G, la WPC ne doit sous-estimer ni sa propre originalité, ni son positionnement. Nous devons travailler ensemble pour renforcer l’un et l’autre”.

Rassemblant des personnalités de haut niveau originaires des cinq Continents, la WPC est à même d’assurer une diversité et une pluralité des débats. Au-delà des participants, elle a pour but d’aider tous les publics concernés à porter une réflexion éclairée sur les bouleversements incessants que connaît le monde actuel.

Les travaux de cette 12ème édition porteront sur les enjeux de la technologie dans la société et en politique, les cyberpuissances, la cybermenace, l’énergie et l’environnement, ainsi que sur les perspectives économiques et politiques, le commerce, l’investissement direct et la confiance, mais aussi sur l’avenir du système monétaire international, l’arme du droit et la mondialisation.

Seront également abordés les thèmes suivants: l’Europe, l’Amérique latine, le Moyen-Orient, l’Afrique et notamment l’Afrique du Nord et de l’Ouest, les nouvelles tendances de politiques étrangères en Asie de l’Est, et bien d’autres sujets.

Fondée en 2008, la WPC se déroule pour la 4ème fois dans la cité ocre.

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AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL, LAURENT FABIUS VEILLE SUR L’ACCORD DE PARIS

17.10.2019

DECRYPTAGE.

Au moment où la Convention citoyenne expérimente une nouvelle forme de démocratie sur la question climatique, Laurent Fabius veille au respect des prérogatives du conseil des Sages de la rue de Montpensier. Le 13 octobre 2019, le président du Conseil Constitutionnel rappelait l’urgence climatique. Lors de la World policy conference, il prévenait : “les travaux récents du GIEC ont montré que nous n’allons pas vers les +1,5°C mais davantage entre 3 et 4°C avec des phénomènes d’emballement jusqu’à 6 à 7°C“. Ainsi, la plus haute juridiction de notre pays s’intéresse à plusieurs titres à la politique énergétique française.

Le Conseil constitutionnel gardien de l’Accord de Paris

Avec l’Institut français des relations internationales (Ifri), Laurent Fabius s’exprimait sur les enjeux du climat lors de la World policy conference. À l’origine de l’Accord de Paris, il plaide pour un respect des engagements. Seulement, “nous ne sommes pas du tout dans les clous“, prévient-il ! En effet, si ce 15 octobre 2019 la Russie a confirmé son engagement contre le réchauffement climatique, d’autres pays tournent le dos à l’Accord de Paris. En 2020, le Royaume Uni organisera la COP26 : une occasion de faire un vrai bilan de la COP21. Mais à l’heure du climatoscepticisme, les Etats-Unis s’illustrent particulièrement par leurs renoncements.

L’huile de palme durable au coeur de l’Accord de Paris ?

L’Indonésie au contraire du Brésil, est un des pays du G20 qui s’évertuent à lutter contre le dérèglement climatique. Pourtant, le 11 octobre 2019, le Conseil constitutionnel a rendu un avis tendant à confirmer la suppression de l’avantage fiscal pour les biocarburants à base d’huile de palme. À l’origine de l’amendement, le député Modem Bruno Millienne considère que l’huile de palme contribue à la déforestation en Indonésie et en Malaisie. Or, Total estime qu’il serait injustifié d’instituer “une différence de traitement entre les carburants à base d’huile de palme et ceux issus d’autres plantes oléagineuses, dont la production ne serait pas toujours moins émettrice de gaz à effet de serre“. Patrick Pouyanné s’était d’ailleurs entendu avec Nicolas Hulot afin de produire des biocarburants à La Mède, avec de l’huile de palme durable.

Alors que plusieurs ONG qui militent sur le terrain pour le développement de l’huile de palme durable, le choix du Conseil constitutionnel risque de fragiliser les efforts pour lutter contre la déforestation. Toutefois, malgré les arguments avancés par Total, le Conseil Constitutionnel a tranché :  “Il n’appartient pas au Conseil constitutionnel, qui ne dispose pas d’un pouvoir général d’appréciation et de décision de même nature que celui du Parlement, de remettre en cause l’appréciation par le législateur des conséquences pour l’environnement de la culture des matières premières en question“. En déplacement à Jakarta fin septembre, le député Olivier Cadic résumait : “Alors que l’huile de palme pâtit d’une image négative en France et en Europe, les efforts de l’Indonésie dans ce domaine méritent d’être mieux pris en compte“.

La loi énergie climat à son tour examinée par le Conseil Constitutionnel

Récemment, c’est le groupe socialiste qui a interpelé le Conseil constitutionnel. Le 10 octobre 2019, l’autorité judiciaire a ainsi précisé sur son site internet qu’elle examinerait une disposition contenue dans la Loi relative à l’énergie et au climat. La juridiction devra exercer un contrôle de constitutionnalité sur la question de l’Accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH).

Dans le cadre de cette procédure, l’association Notre Affaire A Tous a déposé une contribution extérieure, afin “d’éclairer voire même d’influencer la décision” du Conseil. Avec son argumentaire, Théophile Keïta explique : “Cette saisine par les parlementaires est une opportunité pour le Conseil constitutionnel de renforcer la protection des droits fondamentaux. Nous espérons du Conseil Constitutionnel, qui a déjà reconnu une obligation de vigilance environnementale, une décision très ferme permettant de mieux contraindre l’Etat en matière de lutte contre le changement climatique“. Reste à savoir si pour l’ancien premier ministre socialiste, le projet de loi énergie-climat permettra d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

 

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L’EDITO

16.10.2019

Petites phrases

Par Nadia SALAH

La World Policy Conference a posé ses bagages d’été indien à Marrakech (Cf. édito et comptes rendus, L’Economiste édition n°5613 du 14 octobre 2019). Et ce grâce au soutien important mais discret de l’OCP, via son think tank l’OCP Policy Center dirigé par le Pr. Aynaoui.

L ’IFRI, un des plus anciens centres indépendants d’études français, a 40 ans aujourd’hui. Il a été monté par Thierry de Montbrial, dont le carnet d’adresses lui permet d’inviter le Rwandais Paul Kagame ou le ministre des Affaires étrangères qatari… On attendait leurs «petites phrases».

Elles sont sorties de là où on ne les attendait pas, de la CGEM, de son président lui-même. Sans qu’on y accorde attention sur le moment.

Depuis son élection, le président était surveillé de près, par une partie de ses membres, prêts à lui sauter dessus, au moindre écart politique. Les méfiants ont été bien servis. Il est sorti de son mandat sur des sujets sensibles: Algérie, Tunisie, Mauritanie…!

Vingt-quatre heures plus tard, la démission du patron des patrons était signée. Avec en plus un communiqué sévère des Affaires étrangères, dirigées par Nacer Bourita.

Clin d’œil de l’Histoire, c’était Mezouar, ministre des AE en décembre 2016, qui avait expédié à Hamid Chabat, en tant que SG de l’Istiqlal, un message similaire pour «avoir exprimé un avis irresponsable» sur la Mauritanie. L’arroseur arrosé?

Quant à la question algérienne, les moyens y sont tels (trois fois plus de militaires, deux fois mieux équipés selon le centre IRIS) que les officiels marocains redoublent de prudence.

A moins que l’Algérie soit séduite par l’idée d’envoyer son surplus de manifestants vers l’ouest, pour battre de vitesse le nouveau modèle ou les percées africaines?!

Ce qui serait une autre histoire.

La prudence marocaine peut se comprendre. A condition que l’irascibilité algérienne n’impose pas aux Marocains une interdiction de penser ce qu’on veut, de qui on veut.

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Comment l’Afrique, le Maghreb, la Chine et l’Europe cohabitent ?

16.10.2019

Hassina Mechaï, Le Point Afrique

REPORTAGE. Au cœur de la World Policy Conference, la question de savoir comment est le monde et où va-t-il ? Éléments de réponse.

Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly a été une voix remarquée lors de cette 12e édition de la World Policy Conference (WPC).

© DR

Marrakech, hôtel Four Seasons, le ballet des voitures officielles est parfaitement réglé, déversant à un rythme de métronome les « décideurs, chercheurs et leaders d’opinion » venus participer à cette conférence prévue du 12 au 14 octobre. C’est la quatrième fois que la ville impériale accueille la World Policy Conference (WPC, Conférence sur la politique mondiale en français).

La WPC est une initiative de l’Ifri (Institut français des relations internationales) et de son président Thierry de Montbrial. Sous l’égide de cet institut de recherche qui se veut également un think tank de réflexion sur les questions internationales et de gouvernance mondiale, la WPC réunit décideurs politiques, économiques, académiques, leaders d’opinion ainsi que représentants des sociétés civiles des cinq continents. Cette année, entre autres invités, le président rwandais Paul Kagamé, le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly ou encore le vice-Premier ministre qatari, Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim, ont fait le déplacement de Marrakech.

L’Afrique au cœur du débat

Lors des débats, Amadou Gon Coulibaly a plaidé pour une inclusion de l’Afrique dans la mondialisation, remarquant que le continent « dispose de bases solides pour devenir un pilier de l’équilibre mondial », notamment avec un taux de croissance de 4 %, supérieur en cela à la moyenne mondiale. Face à la nouvelle menace que constitue la montée des protectionnismes suscitée par les guerres commerciales, plusieurs participants ont plaidé pour l’accélération des échanges infra-africains et l’intégration économique continentale à travers notamment la Zleca. Cette zone de libre-échange continentale africaine a ainsi le potentiel d’un marché estimé à 1,2 milliard et peut voir émerger une solide classe moyenne de consommateurs.

Une réalité (le mot de la WPC) qui n’a pas échappé au PDG de L’OréalJean-Paul Agon. « La dernière grande frontière du groupe L’Oréal est l’Afrique. Si l’Asie avait été la priorité du groupe ces vingt dernières années, l’Afrique le sera ces vingt prochaines. » Le groupe français, présent dans 150 pays et qui réalise 90 % de ses bénéfices hors de France, dispose déjà de centres de production en Afrique du Sud, Kenya, au Ghana et en Côte d’Ivoire.

Mais que vaut l’optimisme sur le plan économique si sur le plan sécuritaire l’inquiétude était tangible ? Ainsi, selon Amadou Gon Coulibaly, les dynamiques économiques africaines restent insuffisantes pour relever les défis des migrations et menaces terroristes sur le continent et créer les emplois nécessaires pour la jeunesse africaine. « Eu égard au problème migratoire, il est clairement dans l’intérêt de l’Europe et de l’Afrique de renforcer l’axe Afrique-Europe et de collaborer pour trouver une solution au développement du continent africain », a-t-il noté.

La question de la zone Sahel comme espace de conflictualité et d’instabilité a été évidemment soulevée. L’Afrique de l’Ouest a été confrontée à « plus de 2 200 attaques ces cinq dernières années », selon les chiffres du Premier ministre ivoirien. Si la Cedeao s’est mobilisée, créant un fonds commun pour lutter contre le terrorisme, pour Amadou Gon Coulibaly, cela reste insuffisant : « Au-delà de la Cedeao, des pays africains, je pense qu’il faut aller beaucoup plus loin et réfléchir à une intervention de la communauté internationale pour régler la situation au Sahel », a-t-il indiqué plusieurs fois, plaidant pour un modèle de coalition pareille à celle qui est intervenue en Syrie. Car ajoute-t-il, « si le problème est résolu en Syrie, il faut bien qu’il se déplace ailleurs ».

Autre intervention très remarquée, celle de Salaheddine Mezouar, président de la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) et ancien ministre des Affaires étrangères. Après avoir rappelé que « le monde doit accepter qu’il existe une autre puissance non occidentale », il a noté que « [la Chine] a permis aux dirigeants africains une part de souveraineté dans les politiques d’investissements. Elle est synonyme d’impacts et effets à résultats immédiats ». Face à ce partenaire, l’Afrique observe une Europe « qui manque de cohérence et de vision de ses partenariats stratégiques ». Il s’agit donc de poser la question de ce que deviendra l’Europe, menacée d’implosion avec le Brexit et prise entre deux feux fournis, ceux de la guerre économique que se livrent les États-Unis et la Chine. « La position que l’Europe adoptera dans ce conflit économique aura forcément un impact sur l’Afrique. »

Une analyse que Thierry de Montbrial a reprise pour Le Point Afrique : « Si l’UE ne parvient pas à se consolider, cela signifie que nous serons tous des objets de l’histoire, ballottée entre les mains de la Chine et des États-Unis. Mais si l’UE arrive à être solide, elle pourra avoir une attraction considérable pour le reste du monde. Car si l’UE a économiquement et démographiquement les attributs de la puissance, elle n’en a pas la volonté impérialiste. Si nous contribuons mieux à la sécurité de l’Afrique, du Maghreb et du Sahel, si nous sommes capables de cocréer la sécurité de ces zones, nous ne le ferons pas dans un esprit néocolonial ou avec une visée impérialiste. Alors que je crois, que dans des genres très différents, les États-Unis et la Chine ont des approches qui se rapprochent du concept impérialiste. Les enjeux sont donc considérables et si cela n’est pas gagné, cela n’est pas perdu non plus, car l’Europe, malgré ses mésaventures, continue de montrer des capacités de rebond. »

Le Maghreb en question

Mais, dans la quiétude feutrée de la WPC, ce sont surtout les propos sur l’Algérie de Salaheddine Mezouar qui ont fait réagir. Après avoir constaté que le voisin connaît un « mouvement pacifique », que la Tunisie a connu une élection qui a opposé « deux candidats antisystème », M. Mezouar a ajouté : « Qui aurait pensé cela ? » « Le Maghreb est en train de voir des mutations structurelles porteuses d’espoir. L’Algérie ne reviendra pas en arrière et le pouvoir militaire devra accepter de partager le pouvoir. Mais il devra composer avec ceux contre lequel il a mené une guerre interne pendant dix ans. D’où la difficulté de la solution à trouver. Je suis très optimiste pour le Maghreb et la question de l’intégration maghrébine est en train de se reposer. Cette zone a une responsabilité fondamentale. Un Maghreb reconstitué est une force qui aidera à la solution dans le Sahel. Il faut donc l’aider, car la force du poids démographique du Sahel retombera sur l’Europe. »

Ces propos ont suscité un vif émoi au Maroc. Par un communiqué officiel, le ministère des Affaires étrangères a rappelé la position officielle : « Le Royaume du Maroc a, en effet, décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie. Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit. » Salaheddine Mezouar a aussitôt annoncé sa démission de son poste de président de la CGEM. L’illustration que même dans ce genre de rencontres, il y a des terrains minés où il fait bon de s’aventurer malgré la sincère volonté d’échanger avec franchise.

Se réunir et mettre en commun analyses et divergences afin de comprendre les bouleversements incessants qui structurent et déstructurent dans un mouvement ininterrompu la société internationale : ces buts ont été affichés lors de sessions de discussion denses auxquelles ont succédé des îlots d’échanges informels en marge. « Les échanges d’idées se font aussi bien lors des débats publics qu’en marge, lors de discussions en petits groupes que nous avons. Le WPC nous permet de nous retrouver et d’échanger officieusement », explique au Point Afrique l’un des participants. De quoi installer un va-et-vient conduisant à un « clair-obscur ».

Un entre-deux « clair-obscur »

À la 12e édition de la WPC, jamais la célèbre sentence gramscienne n’a eu autant d’acuité. Effectivement le constat d’un vieux monde qui passe – « un big-bang », a pu analyser l’un des panélistes –, d’un nouveau qui tarde à naître et, en entre ces deux événements, un clair-obscur incertain. Toute la question était, à la WPC, de déterminer dans quelle mesure allaient surgir, de ce principe d’incertitude, les « monstres » craints par le penseur italien.

Pour Thierry de Montbrial, l’époque est effectivement aux questionnements décrits par lui lors du panorama introductif aux débats. Incertitude donc, avec des mouvements populaires ça et là, de l’Algérie à Hongkong. Un surgissement des peuples qui fait dire au président de l’Ifri que, « à l’heure d’Internet, il faut désormais des conditions particulières pour mettre un peuple au pas ». Perplexité du côté des États-Unis et de la tentation isolationniste d’un Donald Trump qui manifeste son « refus de se voir entraîner dans une nouvelle guerre ». À l’imperium martial, le président américain semble préférer « l’arme économique, les leviers non militaires de la puissance économique ». Inquiétude du côté de l’Inde aussi où derrière la victoire nationaliste du BJP se dessine la volonté manifestée par le Premier ministre indien, Narendra Modi, de « transformer ce pays en vaste démocratie ethnique ». « Comme Israël. Le projet est de faire de l’Inde un État hindou et démocratique. Musulmans, chrétiens deviennent ouvertement des citoyens de seconde zone », poursuit Thierry de Montbrial. Volonté de puissance du nationalisme indien qui rejoint en cela la montée des nationalismes et des divers régimes illibéraux, de la Hongrie au Brésil. Désarroi possible aussi face au terrorisme qui, selon Thierry de Montbrial, n’est en rien « réduit, mais se redéveloppe de façon différente ».

La Chine, facteur de trouble ou de stabilité de la société internationale ?

Comprendre la réalité internationale telle qu’elle est et non telle qu’on la souhaiterait. Principe de réalité qui s’est joint au principe d’incertitude du panorama international. Dans cette réalité, la forme que prendra la puissance chinoise est la question sur laquelle se sont penchées plusieurs des interventions. En effet, si la Chine est d’ores et déjà la première puissance économique mondiale, tout l’enjeu est de déterminer si cette puissance aura un impact sur les équilibres et déséquilibres politiques et géopolitiques mondiaux. Surtout, la Chine, hors du domaine économique, a-t-elle la volonté de peser politiquement ? De coupler ainsi sa puissance économique à une puissance politique hors des zones qu’elles considèrent comme liées à sa souveraineté ou à sa sphère d’influence. « La Chine est un sujet majeur aujourd’hui. Toute l’économie internationale et, dans une large mesure aussi, les relations politiques internationales gravitent autour de la dimension chinoise. Je tenais à ce qu’il y ait un panel consacré au point de vue chinois par des Chinois, notamment des Chinois de Hongkong », détaille, en marge du WPC, Thierry de Montbrial pour Le Point Afrique.

Ce panel fut effectivement riche. Pour l’un des participants, Éric Li, fondateur de la société Chengwei Capital, « la chine s’est engagée dans la globalisation selon ses propres termes. Elle a créé un réseau pluraliste connectant des économies déconnectées, sans lien entre elles. C’est cela qui a assuré son succès. Elle a aussi refusé plusieurs aspects de ce que supposait la mondialisation ». Selon lui, la mondialisation telle qu’elle s’est faite jusqu’à présent, a été porteuse de valeurs unilatérales, ce qu’il a pu qualifier d’« hegemonic globalization », ou mondialisation hégémonique, et à laquelle la Chine s’oppose.

La question des valeurs a été aussi la pierre d’achoppement de ce débat sur le rôle de la Chine dans la mondialisation. Ces valeurs inhérentes à la mondialisation sont-elles relatives ou universelles ? Une question qui n’a rien d’anecdotique tant elle charrie des implications et conséquences politiques. Car en refusant le principe même d’universalité des valeurs, la puissance chinoise en refuserait-elle, dans le même mouvement, la dynamique hégémonique ? Selon l’homme d’affaires sino-américain Ronnie C. Chan, lequel menait la session, par exemple « l’Europe est allée en Afrique et en a pris les ressources naturelles quand la Chine paie pour ces mêmes ressources. La Chine tente de créer une mondialisation connectée, interconnectée ». Même analyse pour un intervenant éthiopien : « L’Afrique doit créer 20 millions d’emplois nouveaux chaque année. En cela la Chine est indispensable. Mais les pays africains ne veulent pas d’interventions dans les affaires politiques internes. » Un changement de paradigme dans le rapport à l’Afrique et ses richesses s’est ainsi esquissé lors des débats.

« La question des valeurs est l’un des grands enjeux actuels. Nous, Occidentaux, avons la conviction qu’il existe des valeurs universelles. Une bonne partie du reste du monde n’y croit pas. Si les Chinois en reconnaissent certaines, ils ne croient pas au postulat libéral qui est au cœur des valeurs occidentales, c’est-à-dire qui ramène tout à l’individu. Il faut donc admettre cette réalité. Il y a là matière à débats. Il faut prêter attention à ce que les autres pensent », rappelle Thierry de Montbrial au Point Afrique.

Un monde multipolaire

Derrière l’émergence de la Chine comme puissance s’est discutée aussi la question de l’émergence d’un monde multipolaire. Face à ces questions cruciales, le directeur de l’Ifri s’est félicité d’un rapprochement de l’Europe avec la Russie. Selon lui, face aux mastodontes émergents que sont l’Inde ou le Brésil, devant la compétition qui se profile pour l’imperium mondial qui se joue déjà entre la Chine et les États-Unis, la seule chance pour l’Europe de peser est de développer une politique étrangère commune.

 

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Dominique Strauss-Kahn s’assume comme un « brexiteur »

14.10.2019

VIDÉO. L’ancien président du Fonds monétaire international considère, dans « Le Journal du dimanche », que le Brexit est une bonne nouvelle pour les deux camps. Par LePoint.fr

Au mois d’avril dernier, Dominique Strauss-Kahn se revendiquait déjà brexiteur par dépit. Dans une tribune, celui dont la parole est rare regrettait ce qu’il qualifiait alors de « tragicomédie » et invitait les Britanniques à quitter l’Union européenne au plus vite. Six mois plus tard, sa ligne politique ne semble pas avoir évolué, allant désormais jusqu’à mettre en avant les avantages potentiels pour le Royaume-Uni, dans une interview au Journal du dimanche.

C’est depuis la World Policy Conference, dont la 12e édition se déroule jusqu’au 14 octobre à Marrakech, que l’ancien favori à l’élection présidentielle de 2012 a pris la parole. À quelques semaines de la date limite du Brexit et alors que les discussions semblent toujours être dans l’impasse, Dominique Strauss-Kahn considère que le départ des Britanniques sera une bonne chose… pour eux comme pour l’Union européenne. « C’est très bien que les Anglais fassent leur chemin de leur côté. Une bonne partie de la difficulté de construction de l’Europe depuis quarante ans est liée à la présence de nos amis britanniques, qui n’ont jamais voulu jouer le jeu », souligne DSK. Mieux encore, faisant fi des prédictions catastrophiques, celui qui se considère comme un brexiteur estime que c’est avec les Britanniques en partenaire extérieur qu’il sera possible « de faire quelque chose en Europe ».

L’Europe en « seconde division »

L’avenir de l’Europe semble particulièrement l’inquiéter. En effet, il considère que le Vieux Continent est de plus en plus faible. « La grande idée de l’Europe, lors de sa naissance, c’était justement, par son union, d’être un des joueurs de ce monde multipolaire. Ce que je vois aujourd’hui me désespère un peu, moi qui ai consacré beaucoup de ma vie à ce travail. Je crains que l’Europe aujourd’hui ne soit en train de passer en seconde division », regrette l’ancien président du FMI.

À noter que la World Policy Conference fournit régulièrement à Dominique Strauss-Kahn l’occasion de prendre position. C’est déjà lors de ce rendez-vous économique qu’il avait appelé de ses vœux la disparition du Parti socialiste en 2014.

 

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WPC 2019 : Le partenariat France-Maroc, une vraie tentative pour bâtir une “mondialisation profitable à tous” (Edouard Philippe)

12.10.2019

Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a mis en avant, samedi à Marrakech, “l’exemplarité” du partenariat liant la France et le Maroc, soulignant que ce partenariat constitue “une vraie tentative pour bâtir une mondialisation plus équilibrée et profitable à tous”.

“Je voudrais insister sur l’exemplarité du partenariat qui lie la France et le Maroc. Un partenariat qui se décline dans toutes les dimensions : le développement économique et social, la paix et la sécurité, la recherche et l’innovation, la culture et la jeunesse”, s’est félicité M. Philippe dans un message prononcé en son nom par l’Ambassadrice de France au Maroc, Mme Hélène Le Gal, à l’ouverture des travaux de la 12ème édition de la World Policy Conference (WPC/12-14 octobre).

C’est “un partenariat qui s’accompagne d’un dialogue continu et très précieux sur les questions globales, tout en s’ouvrant à l’Afrique”, a-t-il ajouté.

Saluant la tenue de cette douzième édition de la World Policy Conference, qui s’ouvre cette année alors que “les nuages qui planent sur notre avenir sont nombreux et que la météo est pour le moins maussade”, M. Philippe a précisé que le Maroc s’impose en effet comme “le cadre naturel” pour un tel événement, tout en mettant en relief l’implication sans faille des autorités marocaines en faveur de ce forum qui s’invite désormais dans le calendrier des grandes rencontres internationales.

“La Méditerranée ne nous sépare pas, elle nous rapproche. Pas uniquement pour des raisons géographiques ou historiques. Mais parce que de part et d’autre de ses rives, nous sommes confrontés à des enjeux similaires”, a-t-il soutenu.

“Je pense à la lutte contre le changement climatique, dont nous ressentons tous les effets, en particulier sur nos zones côtières. Je pense à la maîtrise des flux migratoires ou encore à la promotion d’une croissance plus juste”, a indiqué M. Philippe, affirmant que le Royaume “joue un rôle capital pour nous aider à y faire face collectivement”.

Dans ce sens, il a évoqué certaines questions qui semblent être, à l’heure actuelle, les plus urgentes, notamment le règlement des crises menaçant la stabilité de la planète, le changement climatique, le développement durable et la construction d’une mondialisation “raisonnablement ouverte” dont les bénéfices profitent à tous de manière plus équitable aujourd’hui.

Pour ce qui est du règlement des crises, le responsable français a estimé que “nous devons soutenir la construction de solutions politiques”.

Concernant le défi du changement climatique, de l’environnement et de la biodiversité pour lequel la France a considérablement renforcé sa mobilisation, en particulier depuis le “One Planet Summit”, M. Philippe a fait remarquer que l’urgence aujourd’hui, c’est de “mettre en œuvre les engagements de l’Accord de Paris et de faire en sorte que nos agendas, diplomatiques et commerciaux, tiennent compte désormais de l’enjeu environnemental”.

“Nos populations attendent des actes : dans leur vie quotidienne, mais aussi au niveau international”, a-t-il enchaîné.

“Nous avons complété nos ambitions dans le domaine du climat, avec un agenda en faveur des forêts et des océans. Les 500 millions d’euros qui ont été débloqués dans le cadre de l’assemblée générale des Nations Unies pour le sauvetage de l’Amazonie s’inscrivent dans ce cadre”, a-t-il expliqué, notant que la France accueillera à Marseille, en juin 2020, le Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

S’agissant du développement durable, M. Philippe a noté que “onze années nous séparent de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 qui a fait naître une première prise de conscience. Mais, cela ne suffit plus”.

“C’est tout notre modèle de développement qu’il faut transformer pour réduire les inégalités, en particulier entre les femmes et les hommes”, a-t-il insisté, ajoutant que la France a fait de la lutte contre les inégalités le fil conducteur de sa présidence du G7 autour d’objectifs très concrets comme l’accès à l’éducation et aux services de santé.

Et de poursuivre que partout dans le monde, les initiatives se multiplient: le Partenariat pour l’éducation, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou encore l’Alliance Sahel.

“Nous devons préserver et accélérer ces initiatives. Parce qu’on le sait: la violence, les déséquilibres bien souvent prennent leur source dans le désespoir”, a-t-il insisté.

Quant au défi de la construction d’une mondialisation “raisonnablement ouverte” dont les bénéfices profitent à tous de manière beaucoup plus équitable qu’aujourd’hui, le Premier ministre français a souligné que “la stabilité, même relative, du monde profite aux échanges, à la mondialisation. Mais la mondialisation doit aussi contribuer à la stabilité du monde”.

“C’est pourquoi, nous nous engagerons en faveur de la réforme de l’Organisation Mondiale du Commerce, à un moment où certains remettent en cause le multilatéralisme”, a-t-il soutenu, précisant que “nous sommes en faveur d’un commerce libre et ouvert qui est un facteur très puissant de paix”.

“Pour qu’il continue à l’être, ce commerce doit devenir plus loyal et obéir à un principe de réciprocité”, a-t-il expliqué, affirmant que la primauté du droit est un des leviers essentiels pour y parvenir.

Et M. Philippe de marteler que “Nous ne relèverons aucun de ces défis sans rénover les règles du multilatéralisme”.

“Nous avons plus que jamais besoin d’institutions légitimes, efficaces et universelles pour prévenir des dérives ou construire des solutions politiques à des problèmes communs”, a-t-il dit, faisant savoir que c’est dans cet esprit que la France et l’Allemagne ont lancé cette année, une “Alliance pour le multilatéralisme” qui s’est réunie pour la première fois à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le 26 septembre dernier.

“Parce que nous pensons, avec beaucoup d’autres, que le respect de règles communes -qui ne sont pas figées et qu’on doit évidemment faire évoluer- demeure le meilleur gage d’un règlement pacifique des conflits et des défis qui menacent la stabilité de la planète. La force ne nourrit rien d’autre que la force”, a-t-il fait constater.

La 12-ème édition de la World Policy Conference (WPC) s’est ouverte, samedi à Marrakech, avec la participation d’un parterre d’éminentes personnalités du monde de la politique, de l’économie et des médias, outre des académiciens, des experts et des chercheurs issus des quatre coins du monde.

Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, cette Conférence a pour mission de contribuer à promouvoir un monde plus ouvert, plus prospère et plus juste, ce qui suppose un effort permanent pour comprendre la réalité des forces en jeu et leurs interactions, et réfléchir à l’adaptation pacifique de l’organisation des rapports interétatiques à tous les niveaux, dans le respect de la culture et des intérêts fondamentaux de chaque Nation.

Les travaux de cette 12ème édition porteront sur les enjeux de la technologie dans la société et en politique, les cyberpuissances, la cybermenace, l’énergie et l’environnement, ainsi que sur les perspectives économiques et politiques, le commerce, l’investissement direct et la confiance, mais aussi sur l’avenir du système monétaire international, l’arme du droit et la mondialisation.

Seront également abordés les thèmes suivants: l’Europe, l’Amérique latine, le Moyen-Orient, l’Afrique et notamment l’Afrique du Nord et de l’Ouest, les nouvelles tendances de politiques étrangères en Asie de l’Est, et bien d’autres sujets.

 

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EXCLUSIF. Chine et Etats-Unis, crise de l’Europe, Brexit… Les analyses de DSK à Marrakech

12.10.2019

Invité au douzième World Policy Conference (WPC) à Marrakech , l’ancien directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn revient sur l’actualité. Et se définit comme “un brexiter”.

Chine et États-Unis, crise de l’Europe, Brexit… Les analyses de DSK à Marrakech (Sipa)

Pour l’occasion, Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), livre au JDD son analyse de la situation économique mondiale sans pessimisme. “Je ne fais pas partie de ceux qui annoncent la catastrophe pour le mois prochain”, confie-t-il. Il reconnaît cependant “le ralentissement de l’économie mondiale” avec des difficultés sur l’investissement et les guerres commerciales qui posent des problèmes “considérables”. Des rivalités qui entraînent des inégalités croissantes dans certains pays ” avec les mouvement de protestation légitime que cela entraîne” ajoute Dominique Strauss-Kahn.

La guerre commerciale sino-américaine “écarte les autres joueurs”

La Chine et les Etats-Unis s’affrontent depuis plus d’un an à coup de dévaluation monétaire et de taxes sur les produits importés. “Il y a un problème de fond certainement, de compétition, de domination, mais il y a aussi une part de théâtre. Parce que ça sert les deux acteurs de pouvoir faire des pas en avant et des pas en arrière.” Selon Dominique Strauss-Kahn, les deux puissances rivales utilisent leur confrontation pour “écarter tous les autres joueurs.”

Il admet cependant des enjeux réels derrière cette guerre, qu’ils soient technologiques ou commerciaux.

DSK se considère comme un “brexiter”

Mais ce qui inquiète le plus l’ancien directeur général du FMI c’est la place de l’Europe, de plus en plus faible. “La gra… […]

 

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RWANDA – MAROC : La Présence de Paul Kagame Confirmée à la WPC 2019 de Marrakech

11.10.2019

Rwandanews

Selon nos sources, le président rwandais Paul Kagame a confirmé sa présence en guest star à la World Policy Conference (WPC), prévue du 12 au 14 octobre à Marrakech. Par Le Desk

Il sera le seul chef d’Etat en exercice à assister à cet événement coorganisé par et le Policy Center for the New South, le think-tank du géant des phosphates OCP et l’Institut français des relations internationales (IFRI), faisait remarquer Maghreb Confidentiel qui avait pressenti cette visite.

Depuis 2016 et dans le cadre du retour du Maroc au sein de l’Union africaine, Rabat et Kigali ont noué des relations stratégiques, Mohammed VI et Kagame ayant opéré un rapprochement stratégique couronné par des visites officielles croisées.

Kagame avait appuyé le retour du royaume dans l’Union africaine (UA). Mostafa Terrab, présent à la conférence, rappellera sans aucun doute la promesse d’implantation d’une unité de blending d’engrais au Rwanda, rappelle Maghreb Confidentiel.

Cependant, si le président rwandais avait été en 2015 la coqueluche des Medays organisées chaque année à Tanger par l’Institut Amadeus piloté par Brahim Fassi Fihri et qui compte désormais Akwa Group dans son conseil d’administration, il n’y participera pas de nouveau cette année comme il était un temps question.

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Les défis colossaux de la nouvelle Commission européenne

11.10.2019

Catherine Chatignoux, Les Echos

Spécial WORLD POLICY CONFERENCE – Après une conception tumultueuse, la nouvelle Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen va devoir s’attaquer à des dossiers très lourds associés à des objectifs ambitieux : le climat, l’ère du numérique et le maintien d’un modèle industriel en Europe.

Ursula von der Leyen, la présidente élue de la Commission européenne a proposé un programme très ambitieux que les Etats auront du mal à honorer.
Photo by Kenzo TRIBOUILLARD/AFP

La crise ouverte par les eurodéputés après leur rejet de la candidature de la Française Sylvie Goulard au poste de Commissaire au marché intérieur augure d’une nouvelle ère du fonctionnement du Parlement européen et de ses relations avec la Commission. En lieu et place d’un duo bien huilé entre un groupe conservateur et une gauche social-démocrate qui planifiaient leur coexistence, s’installe une compétition à quatre partis qui risquent de s’affronter violemment. Les majorités s’annoncent plus mouvantes et plus compliquées à dégager au moment où l’Europe va devoir relever les défis les plus urgents de son histoire. La Commission Juncker autoproclamée « de la dernière chance » s’en sort avec un bilan correct que les électeurs ont semblé cautionner majoritairement lors  d’élections européennes marquées par une participation plus forte et un large soutien accordé aux partis favorables à l’intégration européenne. Si les forces populistes et anti-européennes semblent plafonner sur le Vieux-Continent, la survie de l’Union européenne n’est toujours pas assurée.

Une Europe prête pour le numérique

Le plan d’attaque proposé par la présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, couvre tous les sujets où se joue potentiellement l’avenir de l’Europe et la capacité des Etats à les mener ensemble : le climat tout d’abord érigé en priorité.  Le « green deal » sera présenté dans les 100 premiers jours de son mandat fixera le cap d’un « objectif de neutralité carbone en 2050 », un défi extrêmement ambitieux doté d’une promesse d’investissements de 1.000 milliards d’euros, qui nécessitera un engagement sans faille de chacun des Etats membres.

La future commissaire en charge du numérique, la Danoise Margrethe Vestager a promis de travailler à « une Europe prête pour l’ère numérique » . Elle présentera rapidement un programme qui mettra l’Union sur la voie de la souveraineté dans le domaine de l’intelligence artificielle. Elle a aussi dans le collimateur les géants américains du net, qu’elle entend soumettre aux règles de la concurrence et à une fiscalité plus juste. Enfin, si « Europe puissance » il doit y avoir un jour, cela passera par une politique d’innovation technologique plus intense, des projets industriels en commun et des barrières de protection plus hautes contre les concurrents déloyaux.

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Jusqu’où Hong Kong peut-il défier le pouvoir central de Pékin ?

11.10.2019

Michel De Grandi, Les Echos

Spécial WORLD POLICY CONFERENCE – Pendant que Hong Kong exprime violemment son refus de la tutelle de la Chine populaire, Taïwan le fait à sa manière par les urnes. En 2020, Tsai Ying-wen la présidente pro-indépendance va briguer un nouveau mandat. Au grand dam des dirigeants de Pékin dont le rêve d’une Chine unique se brise.

Manifestation à Hong Kong le 2 Octobre 2019, après qu’un élève a été blessé par balle par la police antiémeute.
HW Chan/EyePress News/AFP

Le feu couvait sous la cendre depuis quelque temps déjà. Depuis cinq ans au moins lorsqu’a éclaté la révolte des parapluies à Hong Kong . Pékin est longtemps resté sourd aux mouvements pro-démocratie qui n’ont cessé de se renforcer dans l’ancienne colonie. Le pouvoir chinois se retrouve aujourd’hui au pied du mur, confronté à un mouvement de violence sans précédent qu’il ne parvient pas à endiguer. Habituées à réprimer les mouvements populaires par la force, les autorités centrales veulent éviter une répression qui écornerait durablement leur image.

Les jeunes Hong Kongais refusent la main mise de la Chine

Mais au-delà de la protestation, le message lancé par les jeunes Hong Kongais est très clair : ils refusent la main mise de la Chine sur le petit territoire qui fut britannique jusqu’en 1997. Et trouvent un écho à Taïwan où la problématique est sensiblement la même. Certes, l’île nationaliste n’est pas encore dans la seringue de la Chine comme peut l’être Hong Kong, mais la population et sa présidente rêvent d’indépendance.

Pour le régime communiste, l’ancienne colonie britannique comme Taiwan font tous les deux partie intégrante de la Chine. Il n’y a donc pas matière à négociation. L ‘élection présidentielle dans l’île nationaliste se déroule en janvier et pourrait porter de nouveau à sa tête Tsai Ying-wen. Comme ils l’ont fait lors des municipales, à Taiwan, les ingénieurs chinois s’immiscent dans la campagne en diffusant nombre de « fake news » sur les réseaux sociaux et autant de messages de propagande. Pékin limite en même temps le rayonnement international de Taiwan en dépouillant méthodiquement l’île de ses soutiens diplomatiques et en lui interdisant de siéger dans les instances internationales.

La vraie leçon est ailleurs. Le temps de l’intimidation de part et d’autre est révolu. Les mouvements, même s’ils retombent une nouvelle fois en intensité resurgiront ultérieurement. Et plus Pékin attendra, plus le prix à payer pour retrouver une base de dialogue sera élevé.

 

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Entre destitution et élection, les Etats-Unis centrés sur leurs enjeux de politique intérieure

11.10.2019

Véronique Le Billon, Les Echos

Spécial WORLD POLICY CONFERENCE – La procédure de destitution engagée contre le président par les démocrates et l’élection de novembre 2020 mobilisent la classe politique américaine. Déjà peu enclin à aller au conflit armé avec les pays ennemis ni à jouer le multilatéralisme avec ses supposés partenaires, Donald Trump devrait se concentrer sur la scène intérieure ces prochains mois.

Les démocrates n’ont pas encore de plate-forme commune, partagés entre une fidélité à l’héritage de Barack Obama, notamment défendue par Joe Biden (photo), et une tendance beaucoup plus réformiste.
John Locher/AP/SIPA

S’il y avait autant de bookmakers qu’en Grande-Bretagne, les paris iraient bon train aux Etats-Unis. Entre la procédure de destitution lancée par les démocrates contre Donald Trump pour avoir tenté de discréditer un adversaire politique (Joe Biden), et la campagne démocrate qui bat déjà son plein alors que la primaire n’aura lieu qu’en juillet, nul ne sait qui sera au Capitole à Washington pour prononcer le discours d’investiture présidentielle en janvier 2021.

L’élection de novembre 2020 est pourtant dans tous les esprits mais le scrutin 2016, qui avait vu Donald Trump l’emporter contre tous les pronostics, suffit à rappeler que la politique, plus encore que l’économie, est une science difficile à prédire.

Déjà peu enclin à  aller au conflit armé avec les pays ennemis ni à jouer le multilatéralisme avec ses supposés partenaires, Donald Trump devrait donc, sauf agression extérieure, se concentrer sur la scène intérieure ces prochains mois. Tant pour se défendre de ses adversaires que pour promouvoir son programme 2020, qui ne se résume pour l’instant qu’à un slogan un peu court (« Keep America Great »). Les démocrates, de leur côté, n’ont pas encore de plate-forme commune, partagés entre une fidélité à l’héritage de Barack Obama (une ligne incarnée par Joe Biden, Pete Buttigieg ou Kamala Harris) et une tendance beaucoup plus réformiste, défendue par Bernie Sanders et l’étoile montante Elizabeth Warren.

La croissance en arbitre

L’un des arbitres sera la croissance économique. Avec 2 % en rythme annuel au deuxième trimestre, elle reste plus vaillante que dans bien d’autres pays, et le chômage est à un plus bas historique (3,5 % de la population active). Mais la progression des revenus et le recul du taux de pauvreté n’ont  pas empêché les inégalités de progresser . Et les signes de ralentissement se multiplient, investisseurs et entreprises s’inquiétant des conséquences de la guerre commerciale menée contre la Chine.

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Géopolitique : des grenades dégoupillées et un ordre nouveau à inventer en 2020

11.10.2019

Virginie Robert, Les Echos

Le monde paraît plus périlleux que jamais. Les foyers de conflits se multiplient, aux frontières, dans les institutions internationales, et peut-être bientôt sur les marchés financiers. Le chaos ambiant est une occasion pour les Etats de s’émanciper des vieilles alliances et de tenter de construire une nouvelle gouvernance. Autant de questions qui seront abordées à la « World Policy Conference » ce week-end à Marrakech, dont « Les Echos » sont partenaires.

Difficile d’imaginer un environnement international apaisé dans les mois qui viennent. La rivalité entre les Etats-Unis et la Chine – entre droits tarifaires et guerre technologique – peut toujours atteindre de nouveaux sommets. Comment le monde va-t-il se réorganiser autour de ces deux géants ? Surtout quand Washington nargue ses alliés – l’Europe notamment -, ou les abandonne, comme les Kurdes -, et que Pékin fait la démonstration de sa toute-puissance  avec un défilé militaire hors normes pour les 70 ans de la révolution maoïste. Les vieilles alliances se délitent, mais sont pour l’instant incapables de se recomposer.

« Plus personne ne peut faire confiance aux Etats-Unis », souligne Thierry de Montbrial, fondateur de la « World Policy Conference », qui se tient ce week-end à Marrakech et dont « Les Echos » sont partenaires. Il va falloir s’habituer à un nouvel ordre mondial marqué par « la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde » expliquait, fin août, Emmanuel Macron, lors de la  conférence des ambassadeurs. Une façon d’expliquer la main tendue de la France vers la Russie, l’Inde et la Chine.

Un monde dangereux

Partout, les grenades sont dégoupillées : dans le détroit d’Ormuz – théâtre des rivalités entre l’Arabie saoudite et l’Iran -, au Cachemire, dont l’Inde a révoqué l’autonomie, en Syrie, où la Turquie vient de faire entrer ses chars et rouvre la porte à une  vague migratoire. Terrorisme et cyberguerre vont continuer à s’imposer comme des menaces latentes. Les institutions multilatérales sont, elles aussi, en danger : l’OMC est dans un état de quasi paralysie tandis que les Nations unies n’ont même plus un budget de fonctionnement suffisant. La course aux armements a repris et elle n’est plus encadrée depuis que le président Trump a confirmé sa décision de retirer les Etats-Unis du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI). La diplomatie brouillonne de Washington n’a fait qu’ouvrir de nouveaux fronts et s’est avérée incapable de fermer les chapitres ouverts avec l’Iran et la Corée du Nord.

Craintes financières

Toutes ces incertitudes géopolitiques ont pesé sur les marchés et ralenti les échanges comme la croissance mondiale. La guerre commerciale que se livrent les deux géants planétaires  va coûter 0,8 % de croissance d’ici à 2020 a prévenu la nouvelle directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. D’aucuns prédisent déjà une nouvelle crise financière, dans un monde où les taux d’intérêt négatifs deviennent la norme.

Une surabondance de dirigeants autoritaires peut mener certains pays à de véritables crises humanitaires, comme au Venezuela. A Hong Kong , à Port-au-Prince  où à Alger, la société civile se rebelle tandis qu’en Europe, le mouvement « Exctintion Rebellion » tente de mobiliser les politiques sur le climat.

Cette grande instabilité va se poursuivre en 2020. Le  changement de locataire à la Maison-Blanche en novembre, s’il se réalise, pourrait diminuer les tensions et les déséquilibres. Mais il faut voir dans cette période une opportunité pour se libérer des vieux schémas. L’ancien chef de la diplomatie  Hubert Vedrine dit souvent que le moment est venu de choisir les valeurs qui importent et de se battre pour elles. C’est une occasion unique pour la nouvelle Commission européenne, une fois géré l’épineux dossier du Brexit . Son émancipation du monde bipolaire qui se dessine pourrait lui donner une attractivité nouvelle.

 

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Quand Thierry de Montbrial annonçait la WPC 2019 à Munich

12.10.2019

Mohammed Zainabi, L’Observateur

Dans cet extrait de l’entretien accordé à L’Observateur du Maroc et d’Afrique, le 17 février 2019, en marge de la Munich Security Conference à Munich, Thierry de Montbrial annonçait la World Policy Conference 2019.

Visionner l’interview sur L’Observateur

Syrie, Brexit… des diplomaties irresponsables?

GÉOPOLITIQUE, LE DÉBAT Podcast 

12.10.2019

Marie-France Chatin

Un convoi militaire turc à Kilis près de la frontière turco-syrienne, en Turquie, le 9 octobre 2019. © Mehmet Ali Dag/ Ihlas News Agency (IHA) via REUTERS

Tour d’horizon des grands sujets de l’actualité internationale depuis la World Policy Conference à Marrakech.

Invités :

Thierry de Montbrial, fondateur et président de la WPC

Michel Foucher, géographe. Titulaire de la chaire de Géopolitique appliquée au Collège d’Études mondiales de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme

Renaud Girard, éditorialiste au Figaro.

 

Ecouter le podcast en ligne sur RFI

GÉOPOLITIQUE. DOIT-ON SE RÉFUGIER DANS LA CITADELLE EUROPÉENNE ?

19.10.2019

Les Eco.ma

Mostafa Bentak

Dans le Ramses 2020, le président de l’IFRI défend l’ultime recours à une Union européenne qui pourrait se reconstruire autour des valeurs. Qualifiés de puissances impérialistes, les États-Unis et la Chine donnent le là à un monde bipolaire où l’horizon devient de plus en plus chargé.

Comment, dans un monde bipolaire USA-Chine, ne pas être un simple sujet de l’histoire, ballotté entre ces deux puissances? La question est à la fois simple et extrêmement complexe, les alternatives n’étant pas légion. Lors de la présentation du Ramses 2020, mercredi, au Policy Center for the New South (Rabat), Thierry de Montbrial (photo) a tenté de dépeindre l’UE comme cette troisième voie qui pourrait casser l’exclusivisme économique, technologique et pourquoi pas militaire des deux rivaux. Le président de l’Institut français des relations internationales (IFRI) reprend presque dans les mêmes termes sa réflexion présentée à l’Académie du royaume, il y a un an, à l’occasion du Ramses 2019. Pour lui, la Chine et les États-Unis sont deux forces impérialistes qui cherchent à dominer le monde, chacune avec ses propres armes. Ainsi, la Chine jouerait la carte du pays en développement qui prête main forte aux autres pays aspirant à le devenir, principalement en Afrique. Mais en même temps, selon de Montbrial, les Chinois développent une politique de puissance militaire, technologique et commerciale de manière directe, tandis que les Américains interviennent de manière indirecte via leurs alliés.

Ainsi, dans un contexte géostratégique marqué par l’effritement des alliances, et à leur tête l’Alliance atlantique, et la montée de la Chine, le monde serait entré dans état de déboussolement. S’ajoute à ce tableau peu reluisant la floraison de ce que l’on appelle les démocraties ethniques, basée sur l’ethnie dominante comme c’est aujourd’hui le cas en Inde qui se présente désormais comme un État hindou démocratique. De Montbrial a cité à ce propos la situation des 170 millions de musulmans en Inde qui sont de plus en plus maltraités. Ce phénomène est en train de prendre une dimension mondiale à cause de la montée des nationalismes pour compenser les difficultés économiques. Toutefois, contrairement aux États-Unis et à la Chine, l’Inde ambitionne de devenir une puissance régionale et non planétaire. Pas pour le moment, du reste. Quid du reste du monde ou de ce que de Montbrial appelle «unités politiques», dont l’UE ? Pour lui, rien n’est plus inconfortable que d’être sous la domination chinoise ou américaine. Et le responsable de présenter l’UE comme l’ultime refuge pour une humanité en déshérence. Or, l’UE se trouve, depuis 2008, empêtrée dans une crise économique qui n’a pas manqué d’exacerber le sentiment nationaliste et le refus de l’autre.

Le débat sur l’identité en France sous la présidence de Sarkozy, l’islamophobie qui vire à la psychose et la montée politique et électorale des partis d’extrême droite font craindre le pire quant à l’avenir des relations entre l’Afrique et «son prolongement européen». Le processus de Barcelone, de son vrai nom Partenariat Euromed, lancé en 1995 à l’initiative de l’UE et de dix États du pourtour méditerranéen dont le Maroc, est aujourd’hui pratiquement mort et enterré. Plusieurs autres instruments de rapprochement politico-économique n’ont pas donné les résultats escomptés, tandis que la question migratoire remet pratiquement à l’arrière-plan toute tentative de dialogue dépassionné et serein sur la construction d’une nouvelle relation avec les partenaires africains. Mais pour de Montbrial, tout n’est pas perdu: «Il faut travailler sur la question des valeurs pour donner de la vigueur au projet européen». Et d’ajouter que si l’UE réussit à reformuler son projet, à sortir de son embourgeoisement (de Montbrial donne à ce sujet l’exemple de l’Allemagne), elle peut constituer une tierce référence.

Pourtant, sur le terrain, seule la Chine a aujourd’hui une offre pour l’Afrique, pour reprendre l’expression de Karim El Aynaoui, président du Policy Center, à travers des investissements colossaux programmés dans les infrastructures et l’aide au développement. L’aide européenne, de plus en plus parcimonieuse, est motivée par des considérations migratoires. Dans ce contexte d’incertitude, les pays africains devraient se prendre en charge à travers des blocs économiques qui commencent d’ailleurs à prendre forme. S’ériger ensemble en interlocuteur fort face aux puissances partenaires serviraient plus les intérêts de l’Afrique que s’arrimer complètement à un bloc ou à un autre.

 

Lire l’article sur le site Les Eco

Ofensiva da Turquia contra curdos na Síria causa temor de retorno do Estado Islâmico

11.10.2019

RFI

A ofensiva da Turquia contra uma milícia curda no norte da Síria preocupa os europeus e é analisada pela imprensa francesa nesta sexta-feira

Fotomontagem RFI

Os franceses acompanham com profunda preocupação a ofensiva militar lançada na quarta-feira (9) pela Turquia contra a milícia curda YPG, braço sírio do Partido dos Trabalhadores do Curdistão (PKK), na região nordeste da Síria.

Os curdos derrotaram o grupo Estado Islâmico (EI) na Síria com o apoio da coalizão internacional liderada pelos Estados Unidos (EUA) e países europeus. Cerca de 12 mil jihadistas, sendo 2 mil cidadãos europeus (britânicos, franceses, belgas), estão detidos nas prisões do Curdistão Ocidental, uma região autônoma “de fato” situada na porção norte-nordeste da Síria. Ante os bombardeios turcos, o maior temor da União Europeia é que haja uma fuga dos extremistas e a reorganização do grupo fundamentalista islâmico, derrotado há apenas seis meses.

Nesta sexta-feira (11), o jornal conservador Le Figaro publica um editorial crítico ao presidente dos EUA, Donald Trump. Ao retirar os soldados americanos da região e dar apoio implícito à ofensiva turca, Trump fez pouco caso dos 11.000 curdos mortos no combate aos jihadistas do EI. A proteção dos curdos tornou-se uma questão ética para os europeus.

O diário diz que o presidente turco, Recep Erdogan, tem em mãos uma arma de dissuasão de massa e 3,5 milhões de refugiados sírios que podem, a qualquer hora, ser enviados às portas da Europa. Erdogan, enfraquecido pela crise econômica em seu país, decidiu apostar no caos, enquanto o russo Vladimir Putin está na espreita para recuperar os curdos para seu aliado Bashar al-Assad.

Qual tratamento para Erdogan?

O diário católico La Croix considera que adotar sanções contra a Turquia e enviar sinais de isolamento do país são instrumentos legítimos para pressionar Erdogan a suspender a ofensiva contra os curdos. Mas é preciso tomar o cuidado de não cortar os laços com o governo turco, senão as consequências para a Europa seriam amargas, adverte o jornal. Deixar o assunto para ser resolvido entre a Rússia e a Turquia seria um erro, alerta La Croix.

A imprensa francesa trata Erdogan com desprezo. O jornal comunista L’Humanité evoca os “sonhos demoníacos do sultão de Ancara”, que tem como estratégia aparente ressuscitar o poderio do Império Otomano no século 21. Erdogan quer fazer da Turquia uma potência regional e instrumentaliza, sem o menor pudor, a massa de 3,5 milhões de refugiados sírios em seu território, condena L’Humanité.

Nas páginas do Les Echos, o fundador do Instituto Francês de Relações Internacionais, Thierry de Montbrial, observa que os conflitos se propagam nas fronteiras, nas instituições internacionais e talvez, em breve, nos mercados. O caos ambiente é uma ocasião para os Estados se emanciparem de antigas alianças e tentarem construir uma nova ordem mundial.

 

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L’EUROPE DOIT SE RAPPROCHER DAVANTAGE DES PAYS DU SUD

12.10.2019

APS – Agence de Presse Sénégalaise

De l’envoyée spéciale de l’APS : Sokhna Bator Sall

Marrakech, 12 oct (APS)- Thierry de Montbrial, fondateur et président de la ‘’World policy conference’’, une conférence annuelle sur la gouvernance mondiale, a souhaité un plus grand rapprochement de l’Europe avec les pays du Sud, en matière économique et dans la lutte contre le terrorisme.

‘’Nous sollicitons une Europe qui se rapproche des pays du sud pour un modèle géopolitique mondial pacifique. Il est nécessaire pour les puissances moyennes de comprendre la réalité internationale telle qu’elle est, afin de mieux prendre en main leur destin’’, a-t-il indiqué.

Il s’exprimait samedi à Marrakech à l’ouverture de la 12e édition de cette conférence sur la politique mondiale (12 au 14 octobre).

Le président de la WPC n’a pas manqué de souligner ’’un durcissement nationaliste dans le monde, auquel, l’Europe même n’échappe pas avec le phénomène des démocraties libérales, des chocs politiques qui affectent le monde’’.

‘’J’insiste encore une fois, sur l’enjeu de l’Union européenne (UE) car l’Europe est intimement liée à celle de ses flancs. Je suis de ceux qui se félicitent à cet égard de la perspective d’un rapprochement possible avec la Russie’’, a-t-il fait savoir.

Il a également mis en avant l’impératif pour l’UE de pratiquer une politique étrangère véritablement commune dans la perspective d’un renforcement de la coopération pour le développement et la sécurité des pays du Sud, le Maghreb et le Sahel notamment.

La WPC, est une conférence annuelle sur la gouvernance mondiale, initiée depuis 2008 par son fondateur et en collaboration avec l’institut français des relations internationales.

Cette 12ème édition est marquée par la présence du premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly et de plusieurs délégations venant de divers pays du monde.

Lire l’article sur le site de l’APS

« Personne ne peut compter durablement sur les Etats-Unis »

11.10.2019 

Les Echos

Virginie Robert, Nicolas Barré, Jacques Hubert-Rodier

Pour sa douzième édition, la World Policy Conference, créée Thierry de Montbrial, fondateur de l’Institut français des relations internationales, va rassembler près de 250 experts des relations internationales à Marrakech ce week-end. La montée de la Chine, la guerre commerciale, l’avenir du système financier international ou la cybermenace sont autant de sujets qui seront abordés.

La nouvelle présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, pourra-t-elle mettre en oeuvre une Europe puissance ?

L’Europe puissance est une locution équivoque. Toutefois, il y a une prise de conscience croissante que si l’Europe ne s’émancipe pas des Etats-Unis, elle deviendra une proie dans la compétition sino-américaine. On se pose la même question ailleurs dans le monde, que ce soit au Moyen-Orient ou en Asie de l’Est. De mon point de vue, l’Alliance atlantique au sens fort n’a pas survécu à la fin de la guerre froide. Les Européens doivent donc reformuler leur projet et élaborer progressivement une capacité de sécurité et de défense dans un sens très large. Cela commence par l’économie. Les Allemands, qui naguère encore rejetaient le concept de politique industrielle, y ont maintenant recours. Ils admettent désormais la nécessité d’élaborer sur le long terme un projet sécuritaire, certes sans rompre avec les Etats-Unis, mais largement autonome.

L’Europe en a-t-elle la force politique ?

Sur le court terme, il est réconfortant que les élections au Parlement européen n’aient pas conduit à une victoire du populisme simpliste. A moyen terme, il est vital que l’Union européenne reformule un projet commun auquel les pays membres adhèrent réellement. L’entrée des pays ex-communistes de l’Est a révélé qu’ils étaient loin de partager la vision des pères fondateurs et que certains, comme la Pologne, ont un tropisme américain. Les prochaines décennies seront dominées par la compétition entre les Etats-Unis et la Chine, avec une dimension technologique fondamentale. Comment éviter de se trouver assujettis à ce nouveau monde bipolaire ? Plus que bien d’autres régions du monde, l’Europe a de grands atouts. N’ayant aucune visée impérialiste, elle a une réelle capacité d’attraction vis-à-vis du nouveau tiers-monde, même en Asie.

La crise du Brexit en Grande-Bretagne illustre-t-elle la faillite d’une démocratie parlementaire ?

La légitimité d’un régime politique est corrélée à son efficacité. Il ne s’agit pas seulement de l’aspect économique, mais plus généralement de la façon de prendre les bonnes mesures engageant le long terme et de les appliquer. Les Chinois l’ont parfaitement compris. Le coeur de leur politique est le développement économique et social à l’intérieur. Ils savent que la dynastie communiste ne survivrait pas à un échec. Le problème de la démocratie libérale, c’est son inefficacité. En conséquence, c’est le principe même de la démocratie qui est relativisé un peu partout dans le monde. Elle n’est plus nécessairement perçue comme le plus mauvais des régimes « à l’exception de tous les autres ».

Il y a aussi un risque de rupture interne ?

Les divisions en Grande-Bretagne sont profondes. Un nouveau référendum sur l’Ecosse est possible dans les prochaines années. On évoque même la réunification de l’Irlande. Il se peut que la monarchie soit fragile. Le jour où la reine Elizabeth II disparaîtra, je ne doute pas qu’une énorme vague d’émotion submergera le monde entier. On prendra alors pleinement conscience du déclin de la Grande-Bretagne. Walter Bagehot [1826-1857, rédacteur en chef de « The Economist », NDLR] divisait le pouvoir en deux branches : l’« efficient » [le pouvoir exécutif, NDLR] et le « dignified » [la monarchie et le décorum parlementaire, NDLR]. La reine Elizabeth II aura réussi ce tour de force d’incarner la grandeur du royaume, et de lui conserver un halo victorien. Après elle, le « dignified » survivra-t-il avec autant de majesté ? Le Brexit n’est pas seulement un épisode peu glorieux de la démocratie en Grande-Bretagne. Il est surtout un échec du pays qui aura longtemps incarné la démocratie. C’est beaucoup plus grave.

Que pensez-vous du tournant de la diplomatie française vers la Russie ?

Le fait de ne pas avoir pris en compte les intérêts fondamentaux de la Russie après la chute de l’URSS en 1991 a généré une chaîne d’événements dont l’aboutissement n’est pas dans l’intérêt de l’Europe. La Russie se tourne aujourd’hui vers la Chine. L’acquis de la maîtrise des armements pendant la guerre froide est détruit et la défiance s’est profondément installée entre la Russie et les Occidentaux. Mais Emmanuel Macron a justement souligné, lors de la conférence des ambassadeurs, que la Russie ne pouvait se contenter d’un rôle de « junior partner » de la Chine. Elle a aussi des difficultés économiques considérables. Tout cela peut aller dans le sens d’un « reset ».

Est-ce qu’il peut y avoir une position commune en Europe sur ce sujet ? On a vu que cela suscitait énormément de tensions…

Les Britanniques sont très durs, les Allemands restent beaucoup plus ambivalents. Et, pour des raisons historiques évidentes, des pays comme la Pologne ou la Lituanie sont particulièrement fermés à la Russie. Les constantes géopolitiques sont manifestes. La diplomatie britannique, par exemple, n’a jamais cessé d’agir pour empêcher des rapprochements trop étroits sur le continent. Le cas de la Russie illustre bien la grande difficulté de préciser la notion d’intérêts européens, et donc de défense européenne, puisqu’on défend toujours des intérêts, dont les valeurs ne sont qu’une des composantes.

Paris peut-il être efficace dans une médiation avec l’Iran ?

La politique américaine est dans une impasse. Les Pasdarans [les Gardiens de la révolution, NDLR] qui sont au centre de tous les trafics en Iran, bénéficient des sanctions. La France fait partie du très petit nombre de pays qui ont une vraie capacité diplomatique au niveau mondial. Et pas uniquement à cause de notre siège permanent au Conseil de sécurité. Il y a aussi notre tradition militaire. Il est difficile de ne pas tirer un coup de chapeau après l’initiative du président Macron au G7, puis aux Nations unies. Mais on ne peut pas en espérer trop, car l’Europe est actuellement hors circuit au Moyen-Orient. Je pense cependant que notre position équilibrée pourrait être utile au moment propice.

Où l’Iran veut-il en venir avec l’attaque sur les installations pétrolières saoudiennes ?

Cela fait des années que les Iraniens disent : « Ce n’est pas notre souhait, mais si l’on nous cherche trop, nous avons des capacités de créer le désordre partout. » Le but est de démontrer que la politique actuelle des Etats-Unis de casser, faire s’agenouiller l’Iran, la faire renoncer à l’arme nucléaire sans compromis, ainsi que de rejeter toute idée que l’Iran puisse avoir une influence dans d’autres pays, ne marchera pas. Cette politique américaine a adopté la vision israélienne et saoudienne, avec une alliance improbable entre les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, l’Egypte et Israël.

L’objectif de l’Iran est de revenir à la politique dans laquelle il s’était engagé et qui avait conduit à l’accord sur le nucléaire de juillet 2015 [JCPOA]. Il faut rappeler que la question d’une grande négociation [sur les missiles et les ingérences iraniennes dans la région NDLR] avait été posée avant la conclusion de cet accord. Il s’agissait alors de négocier d’abord sur le nucléaire quitte à élargir ensuite les discussions. Ce qui est choquant, c’est la dénonciation unilatérale de l’accord de Vienne par Donald Trump, au lieu de dire : « Maintenant, commençons à élargir les négociations aux autres sujets. »

Les Etats-Unis viendraient au secours de quel pays aujourd’hui ?

Aucun, si leurs intérêts n’étaient pas frappés au coeur. Je pense d’ailleurs que l’Arabie saoudite ne se fait pas trop d’illusions. Une des caractéristiques des Américains, c’est qu’ils peuvent laisser tomber leurs partenaires ou même leurs alliés du jour au lendemain. Le lâchage de Moubarak [en Egypte], en 2011, a provoqué un séisme en Arabie saoudite et même au Maroc. En dépit du caractère erratique de sa politique, on constate que Donald Trump recule quand le danger se rapproche. Surtout, nous sommes dans une phase historique où les Etats-Unis sont non pas isolationnistes, mais où leurs intérêts nationaux sont étroitement conçus. Un peu comme au tout début du XXe siècle. Pendant la guerre froide, leur conception de l’intérêt national était beaucoup plus large. Il s’agissait d’empêcher l’expansion du communisme dans le monde.

Donald Trump a promis le retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Est-ce qu’il peut y arriver après l’interruption des négociations avec les talibans ?

Il est intéressant de relever que, pour remplacer John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale, Donald Trump a choisi Robert O’Brien, le négociateur du département d’Etat lors des prises d’otages. Ce point est révélateur de son approche : la négociation, le marchandage. La méthode s’applique à l’Afghanistan, mais aussi à l’Iran. Donald Trump croit qu’il peut mettre n’importe qui dans sa poche, les talibans, Kim Jong-un… Du fait de leur puissance, les Etats-Unis se croient plus forts que tous les autres. Mais on devrait savoir, depuis le XIXe siècle, qu’on ne se tire pas facilement d’affaires en Afghanistan. Je ne vois pas les Américains se retirer complètement de ce bourbier.

Quels risques fait peser la politique de Donald Trump sur l’économie mondiale ?

Il y a un an, le paysage économique était plutôt dégagé. Les nuages aujourd’hui ne sont pas directement liés à l’économie. En revanche, les risques géopolitiques n’ont fait qu’augmenter. Si, d’ici aux élections présidentielles américaines de 2020, la politique étrangère de Washington ne se traduit que par une dégradation de la situation économique mondiale, Donald Trump s’en rendra évidemment compte. L’absence probable de grandes percées diplomatiques sur l’Iran ou la Corée dans les prochains mois pourrait inciter Washington à calmer le jeu sur le plan commercial. C’est aussi l’intérêt de Pékin. Et si Trump est réélu fin 2020, il serait parfaitement capable de changer totalement de position sur les grands dossiers internationaux. Nous n’en sommes pas là.

 

Lire l’article en ligne sur le site des Echos : https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/personne-ne-peut-compter-durablement-sur-les-etats-unis-1139153

Ali Zerouali

Masen’s Cooperation and International Development Director since September 2015. Among other responsibilities, Ali is in charge of designing and implementing an international projection strategy for Masen. In his early roles at BNP Paribas, Accenture and UTC, Ali gained extensive experience of managing internationally oriented corporate restructuring and business development projects. On his return to Morocco, Ali founded Next Management, a company that specializes in restructuring and transformation projects, and then took over the general management of MCS, a subsidiary of UTC. Ali Zerouali graduated in engineering with a degree in organizational management from Ecole des Mines de Paris & HEC Paris.

Jihane Ajijti

Jihane Ajijti is Head of Business Development, Digital and Communication within OCP Africa. She manages partnerships and development projects that aim at improving the ecosystem around smallholder farmers, particularly through offering a wider range of innovative agro-services (training, financial inclusion, market linkages). She joined OCP Group in 2014 and she is based in Casablanca. Prior to joining OCP, she was an associate in an international strategic consultancy firm where she has worked for several large-scale projects in various industries. A native of Morocco, she holds a Master in Management from HEC Paris and an Executive MBA from Africa Business School in partnership with Columbia Business school.

Hamid Asghar

Ambassador of Pakistan since June 2019. Hamid Asghar started is diplomatic career with the Pakistan Ministry of Foreign Affairs in 1992. Over the last 24 years, he served as numerous positions around the world: Vice Consul in Dubai, Second Secretary in Germany, Media Coordinator & Protocol in charge in London, Deputy Chief of Protocol for Punjab in Lahore and Deputy Chief of State Protocol responsible for VVIP visits in Islamabad. He was also Head of Chancery and Acting Consul General in London, Counsellor & Acting Consul General in Australia and Consul General in Los Angeles. He has a Master’s Degree in Business Administration, from IBA, Lahore having specialized in Marketing and Management. 

Mehdi Tazi

Mehdi Tazi graduated from Télécom Paris Sud in 1999 and received an MBA from INSEAD in 2004. He started his career at KPMG Consulting France. He was successively Director of Development of the Saham Group, Deputy Managing Director and then Managing Director of Isaaf Mondial Assistance. Mehdi Tazi was then appointed Chairman and Chief Executive Officer of Saham Assurance after having served as its Chief Executive Officer.  He also served as interim CEO of GA Angola Seguros and as a director of several insurance companies of Saham Group, Taslif, CAT in Morocco. Since 2017, he has been Head of the Beassur firm. In 2013, Mr. Tazi was recognized by Jeune Afrique among the 25 young African leaders, and in 2014, 2015 and 2016 by the Choiseul Institute 7th, 4th and 2nd among the 100 African leaders under 40 years of age.

Abdelkader Zraih

Ex-parliamentary from the Chamber of Counsels, president of the CDT, ex vice-president of the Morocco-France mixed commission of the Chamber. He was President of the regional commission of Human Rights in Rabat-Salé-Kenitra. He is the Advisor of the president of the National Council of Human Rights, Joint General Secretary of the Euro-Med Foundation, member of the International Secretariat of the Global Human Rights Forum and member of “Enterprise and Human Rights” in London. In addition, he is a member of the Moroccan National Commission of the Chart of National Education and Vocational Training and the president of the Safi Foundation.

Hamid Tawfiki

Director and Chief Executive Officer of CDG Capital, Member of the Executive Committee of CDG, Chairman of the Casablanca Stock Exchange, Chairman of Maghreb Titrisation. Mr. Tawfiki was Chairman and Chief Executive Officer and Co-founder of Avenir Global Investment Advisors and held senior positions within the Suez Group and the Crédit Agricole Group. He is a member of the Bretton Woods Committee, Sherpa of the International Development Finance Club and the Long Term Investor Club, member of the Scientific Committee of COP22. A graduate of the Ecole Polytechnique and the Ecole des Mines de Paris, he also holds a DEA in mathematics (University of Paris Dauphine).

Vlad Stoica

Lawyer, Partner, Ionescu si Sava, a law firm based in Bucharest, which provides both consultancy and litigation service active in a wide range of industries, such as banking, financial services, automotive, pharmaceuticals, real estate and infrastructure. Previously, he was the Head of the Prime Minister’s Chancellery (during Victor Ponta government), where he worked, amongst others, at the integration between ministries and acted as coordinator of the projects developed by the prime minister. holds a bachelor’s degree in Romanian Law and is a member of the Bucharest Bar since 2009. He has also taken postgraduate studies in political management.

Hassane Saoudi

Mr. Hassane Saoudi is a retired Colonel of the Royal Gendarmerie, Consultant and Director of Securi-Consulting. He held the position of Chief of Studies and Legislation at the Royal Gendarmerie Headquarters as well as the title of Commander of the Royal Gendarmerie Training Centre in Marrakech. He was Commander of the Kenitra and Meknes regions. He obtained his master’s degree in Economic Intelligence and Business Security from the Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice in 2012 and a global security diploma from the Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice de Paris in 2010 and in the same year, he obtained a certificate of expertise in psychocriminology from the Institut de Hautes Etudes de Criminologie de Paris.